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Aux Emirats, quatre jours de torture pour un tweet

Un jeune homme a été emprisonné par la police politique d'Abou Dhabi et passé à tabac pour avoir émis une critique sur le pouvoir via la plateforme de microblogging.

Par  (Beyrouth, correspondant)

Publié le 09 avril 2014 à 10h41, modifié le 09 avril 2014 à 14h46

Temps de Lecture 2 min.

Modernité technologique et archaïsme politique : le paradoxe n'en finit pas de causer des frictions dans les pétromonarchies du golfe Arabo-Persique. L'un des derniers exemples en date vient des Emirats arabes unis (EAU). Cette opulente fédération de sept principautés, qui héberge la tour la plus haute du monde, la Burj Khalifa, et s'est vu attribuer l'organisation de l'Exposition universelle de 2020, soumet Twitter à une surveillance de tous les instants.

Un jeune Emirati a été arrêté à la mi-mars, emprisonné et torturé pendant quatre jours pour un simple message de cent et quelques signes, jugé subversif par les autorités.

Agé de 25 ans et ingénieur de formation, Ossama Al-Najjar est le fils de Hussein Al-Najjar, un physicien, membre du groupe de 94 sympathisants islamistes, jugés en 2013 dans un procès à charge émaillé d'irrégularités. Reconnu coupable d'atteinte à la sécurité de l'Etat, le père a été condamné à onze années de prison, un verdict emblématique de l'oppression dont souffre tous les opposants ou simples critiques de la monarchie émiratie, paniquée à l'idée que les révoltes des « printemps arabes » ne se propagent sur son sol.

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Quelques jours avant son arrestation, le 17 mars, Ossama Al-Najjar avait été piqué au vif par une intervention à la radio de sultan Ben Mohamed Al-Qassemi, le souverain de Sharjah, l'un des sept émirats des EAU. « Les familles des personnes arrêtées ne devraient pas inciter leurs enfants à haïr leur pays », avait tancé le monarque. « Votre majesté, nous ne haïssons pas notre pays, mais nous n'oublierons pas l'injustice que l'on nous a faite », avait aussitôt tweeté le jeune impertinent, déjà auteur, sur la plateforme de microblogging, de plusieurs commentaires indignés sur le sort réservé à son père.

Sans nouvelle d'Ossama pendant deux semaines, sa mère et son frère ont finalement été autorisés à le visiter le 31 mars, dans une prison d'Abou Dhabi. Selon l'organisation non gouvernementale de défense des droits de l'homme Al-Karama, qui a recueilli leur témoignage, il est poursuivi pour « offense à l'Etat via Twitter », « incitation à la haine » et « appartenance au mouvement Islah », la branche locale des Frères musulmans, bête noire du pouvoir. A ses deux visiteurs, Ossama a raconté le calvaire qu'il a enduré aux mains des agents de la sécurité d'Etat, la police politique des EAU : un passage à tabac en règle, à coups de câbles électriques, qui a obligé ses gardiens à le traîner, en sang, jusque dans la clinique de la prison.

Très inquiète pour son état de santé, Al-Karama a saisi le Conseil des droits de l'homme des Nations unies et le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture. Selon l'ONG genevoise, les mauvais traitements sont systématiques dans les prisons émiraties. Des critiques qui laissent Abou Dhabi de marbre. Dans un courrier transmis aux Nations unies, en novembre 2013, ses dirigeants, qui ont ratifié la Convention internationale contre la torture, affirmaient prendre leurs obligations dans le domaine des droits de l'homme « très au sérieux ».

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