Le Conseil de l’Europe s’est alarmé de la multiplication des actes et de la banalisation des discours racistes en Europe, mettant aussi en garde contre les risques de discrimination représentés par l’intelligence artificielle, dans un rapport publié jeudi.

Dans son rapport annuel 2019 publié jeudi, l’organe indépendant d’experts du Conseil de l’Europe chargé de combattre le racisme, l’ECRI, pointe « l’influence croissante des politiques ultranationalistes et xénophobes en Europe, un discours de haine qui donne le ton sur les réseaux sociaux ».

PHOTO INA FASSBENDER, REUTERS

Des sculptures de l'artiste Rainer Opolka, installées place du marché à Dresde, en Allemagne en mars 2016. Les 66 sculptures de loups composaient un ensemble intitulé « Les loups sont de retour », dénonçant la l'extrémisme d'extrême droite.

L’organisme note aussi un discours anti-musulman et antisémite endémique et « un environnement de plus en plus hostile aux ONG qui œuvrent pour les groupes vulnérables », décrivant ces évolutions comme « alarmantes ».  

Haine et violence

« L’Europe est confrontée à une terrible réalité : les actes de violence inspirés par l’antisémitisme, la haine à l’égard des musulmans et les autres formes de haine raciale se multiplient à un rythme alarmant », a averti la Secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejcinovic Buric, citant la fusillade qui a fait 9 morts à Hanau en Allemagne la semaine dernière.  

Le rapport de l’ECRI pointe des problèmes récurrents de discriminations envers les musulmans, les juifs, les Roms et les personnes noires dans les 47 États membres du Conseil, jugeant nécessaire « une approche plus proactive et un soutien à une éducation inclusive ».  

PHOTO JENS MEYER, AP

Les 66 sculptures de loups, devant l'église Notre-Dame de Dresde, en mars 2016.

Pour les personnes LGBT, « si de nombreux pays ont intensifié leur action en faveur de l’égalité, d’autres ont pris la direction opposée et les personnes LGBT continuent d’y être victimes de harcèlement, de menaces et de violence ».

Réseaux sociaux

« Les diverses campagnes électorales menées en 2019 ont montré que le discours ultranationaliste, xénophobe, raciste et homo/transphobe était de nouveau en progression et qu’il est de plus en plus présent, voire donne le ton, sur les réseaux sociaux », selon les experts de l’ECRI.  

Dans certains des États membres, les ONG et défenseurs des droits humains interviennent aussi dans « un environnement juridique, verbal, et parfois physique de plus en plus hostile », s’inquiète encore le rapport.  

« S’il s’avère que les cas de discrimination délibérée commis par le biais de l’intelligence artificielle (IA) sont rares […] les exemples de discrimination involontaire et/ou indirecte se multiplient », souvent liés à « des préjugés non reconnus parmi les concepteurs des systèmes eux-mêmes » et une absence de mécanismes de prévention de la discrimination « mettent en garde ses auteurs.