Coronavirus :  c’est le moment pour les patients d’être vraiment acteurs de leur santé +++

Je vous écris ce soir un article largement inspiré de ce texte que je trouve exceptionnellement informatif  https://drphilbe.blogspot.com/2020/03/les-chiffres-que-vous-trouverez-ici.html?m=1

Le problème numéro 1 de l’infection à coronavirus: c’est très contagieux.

On estime qu’une personne infectée par le coronavirus infecte potentiellement entre 2 et 3 personnes. En moyenne, estimé à 2,2 personnes infectées par un malade. (La grippe est moins contagieuse, en moyenne transmise à 1,3 personnes).

Si on ne fait rien, si on ne prend aucune mesure pour enrayer la propagation, voici un exemple chiffré de ce qui pourrait advenir.

Mettez 100 personnes dans une pièce ensemble.

Le temps moyen d’incubation est mal connu. De 7 à 14 jours. Disons 14. Mais il semble que les malades soient contaminants bien avant d’être malades, environ 7 jours avant.

Tous les 7 jours donc, un infecté va contaminer 2,2 personnes.

  • 1 malade le premier jour
  • A une semaine : 3,2 malades : le premier et 2,2 autres (pas encore symptomatiques)
  • A 2 semaines : En + du malade source 1 , les 2,2 nouveaux malades en ont infecté 4,6 soit : 7,6 malades soit près de 10% de la population
  • A 3 semaines : selon le même calcul, il y a 24 malades. Soit ¼ de la population.

Maintenant on peut rapporter cette cinétique à la population française. Le quart de la population, cela fait un total de 17,5 millions de personnes infectées par le coronavirus.

85% n’auront pas une maladie très symptomatique, soit 14 875000 personnes. Néanmoins afin que ces personnes n’infectent pas leurs proches, il faut qu’ils soient isolés.

Mais, à partir de ce que l’on sait de la Chine, 13 à 15% des patients atteints auront  une pneumonie nécessitant une hospitalisation et oxygénothérapie et parmi eux  6,1% nécessiteront une hospitalisation en soins intensifs. Il y aura donc environ 2125000 personnes nécessitant un recours à une hospitalisation.

C’est un problème … Parce qu’en France, on ne peut pas hospitaliser simultanément plus de 2 millions de personnes. Ni soigner en réanimation plus de 1 million de malades. On peut, mais pas tous en même temps.  Car, les hôpitaux MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) publics et privés en France cumulent en totalité 216 599 lits d’hospitalisation complète. S’il y a un million de malades en très peu de temps, on voit que mathématiquement cela ne peut pas passer pour le système de santé.

C’est ce qui se produit déjà et rapidement en Italie, ou tous les patients nécessitant une réponse hospitalière et une réanimation ne peuvent déjà plus être pris en charge. Le système de soins italien est à saturation en à peine 3 semaines.  Cela entraine une augmentation de la mortalité, par défaut de soins adaptés. La mortalité augmente pas seulement du fait des infections virales graves. Elle augmente aussi du fait que les patients atteints d’autres pathologies ne peuvent plus être soignés à temps. Il est démontré que la mortalité est plus élevée quand les hôpitaux sont saturés. La mortalité de l’infection à Coronavirus est en moyenne de 2,6%, elle monte à plus de 3% dans les cas de saturation de système de santé. Ce qui représenterait plus de 300 000 décès en France.  Sans psychoser, on sait d’avance que ces décès seront essentiellement constitués de personnes âgées et/ou déjà fragilisés par une maladie chronique préexistante.  Mais aussi des gens atteints d’autres maladies et non soignés par faute de place.

Pas besoin d’avoir fait de grandes études de maths, il est évident qu’il y a problème si l’épidémie se développe à la vitesse naturelle de contamination. Le principe numéro 1 face à cette infection est donc de la ralentir, voire la freiner, pour que moins de gens soient contaminés, et en tous cas pas tous en même temps. Pour cela, les autorités prennent des mesures. 

On lit ou entend de ci de la que les autorités ne font rien, ou pas suffisamment. Il est vrai que cela parait un peu confus, car chaque jour voit évoluer la situation. Mais en réalité l’organisation est en marche, sur plusieurs phases.

Les actions de contrôle d’une telle infection comprennent plusieurs phases

  • La phase 1 : empêcher le virus de pénétrer dans le pays. Maintenant, c’est raté, dans la plupart des pays du monde. On ne peut pas, à l’heure actuelle, empêcher les gens de bouger d’un pays à l’autre, et d’importer le virus. La phase 1 échoue toujours, dans tous les pays du monde. Elle permet juste de gagner du temps d’organisation préalable.
  • La phase 2 (dans laquelle nous nous trouvons) : Empêcher le virus de se propager. Donc éviter d’atteindre plus de 14 millions de français infectés.

Dans cette phase, on œuvre pour minimiser la propagation.

1- En tout premier, cela, ça repose sur les mesures d’hygiène de base que l’on demande à tous de respecter.

 Ne pas se serrer la main, ne pas faire de bisous.

Se laver les mains, à l’eau et au savon, pendant 30 secondes, ou avec une solution hydroalcoolique sur mains sèches, après chaque contact avec des fluides corporels (tousser, se moucher, ..)

Utiliser des mouchoirs jetables

Eternuer et tousser dans son coude (cela évite d’envoyer du virus loin devant soi). Mais ne pas croiser les bras ensuite !

Rester à la maison avec le moins de visite possible si vous êtes malades

 

Le masque, j’en ai parlé dans un post hier. Ce n’est pas l’écran magique pour tous. Les mesures d’hygiène ci-dessus sont plus importantes.

Ces simples mesures paraissent sans prétention et si minimes qu’on les regarde de haut. Pourtant, cela marche très bien dans les modèles épidémiques.  

2- Autre action de phase 2 : réduire le risque d’échanges massifs de virus. On interdit alors les rassemblements de masse. On a commencé par interdire les réunions de 5000 personnes, puis on vient de passer à l’interdiction de plus de 1000 personnes. On ferme les écoles dans lesquelles un cas est rencontré chez l’adulte. En effet, les enfants ne sont pas atteints cliniquement par l’infection à Covid (quelle chance !!). Mais malgré tout, il semble  que les enfants soient infectés et donc transmetteurs, d’où ces fermetures d’école.

3- toujours en phase 2, on évite aussi de faire sortir le virus quand il y a plusieurs personnes possiblement infectées dans un même endroit (un cluster). On confine les gens dans la région en leur demandant de ne pas en sortir. On leur demande aussi de ne pas aller propager le virus dans les salles d’attente des médecins, et de s’adresser aux centres 15, aux centres d’information, ou bien d’utiliser la télémédecine pour consulter.

  • Après la phase 2, nous allons inévitablement passer à la phase 3. La date de passage est attendue mais pas obligatoirement urgente. La phase 3 est encore plus réductrice des libertés individuelles et de l’activité économique. Elle réduira les rassemblements plus petits, fermera plus d’écoles, confinera plus de gens de zones très contaminées, réduira les transports.

Si ces phases sont parfaitement mises en place et respectés, cela peut réussir à endiguer la propagation du virus.

Ou du moins, cela permet aussi de ralentir la progression si elle apparait inévitable. Ralentir la progression est le seul moyen que tous les gens ne soient pas malades en même temps. Ralentir la progression est le seul moyen pour que les hôpitaux ne voient pas arriver un afflux massif de malades en même temps, qu’ils ne pourraient pas tous prendre en charge. D’autant plus qu’il y a de moins en moins de soignants au fur et à mesure de l’avancée de l’épidémie, car, ainsi que démontré en Chine, les soignants sont beaucoup atteints, du fait de l’importante contagiosité.

Pour que les soignants ne s’infectent pas, idéalement, il faudrait qu’ils portent des masques FFP2. S’il y en avait à distribuer ou à acheter, ce serait mieux…

En conclusion

Ca fait suer tout le monde, les mesures de confinement à domicile, les fermetures d’école, l’annulation de réunions préparées pendant des mois.

Mais cela répond à une priorité absolue. Eviter d’atteindre 2 millions de personnes infectées, car il y aurait alors vraiment le feu à la vie, à la ville et surtout au système de soins qui ne peut pas prendre tout les malades en charge.

La seule manière d’éviter la propagation, c’est de suivre les consignes barrière. Elles ont l’air de pas grand-chose, mais leur efficacité en matière de prévention est démontrée.

Respectez les mesures d’hygiène.

Et si  on vous demande de ne pas sortir, de ne pas partir d’une zone confinée, ne jouez pas au petit malin en vous croyant différent des autres. Vous serez aussi transmetteur, et un transmetteur, c’est 2,2 personnes infectées en moyenne….

Chacun a sa responsabilité.

Depuis le temps que les patients disent et répètent qu’ils veulent être acteurs de leur santé, c’est le moment. Pour enrayer la propagation du virus, le comportement individuel sera plus déterminant que les mesures de masse.

Donc, s’enfermer dès que l’on a un peu de fièvre, se laver les mains toutes les heures, ne plus serrer les paluches des autres, ne plus faire le bisou magique du soir et du matin aux collègues et amis, cela peut marcher, c’est de la responsabilité de chacun.
Le danger est collectif, mais la prévention de ce danger est individuelle.

Voila ce que j’ai compris, et le message que je voulais faire passer ce soir.

Et voici les consignes du SAMU 92 à la date du 9 mars

Au moindre syndrome grippal, (fièvre modérée, toux, courbatures, sensation de fatigue) sans gravité et sans lien certain avec le coronavirus COVID-19. Il peut s’agir d’une infection virale « banale » comme la grippe mais, puisque le COVID-19 pourrait circuler dans notre région, on ne peut pas exclure que vos symptômes y soient liés.

Lavez-vous très régulièrement les mains ou utilisez une solution hydro-alcoolique ;
– Toussez ou éternuez dans votre coude ;
– Utilisez des mouchoirs à usage unique et jetez-les ;
– Restez chez vous au maximum ;
– Aérez régulièrement votre domicile ;
– Limitez votre vie sociale (réunion, rencontres sportives…) ;
– Procurez-vous des masques chirurgicaux chez votre pharmacien. Portez un masque chirurgical en présence d’autres personnes ;
– N’ayez pas de contacts physiques rapprochés ;
– Evitez tout contact avec des personnes fragiles (femmes enceintes, malades chroniques, personnes âgées…) et ne vous rendez pas dans les lieux où elles se trouvent (hôpitaux, maternités, structures d’hébergement pour personnes âgées…).

Concernant le travail :
– Privilégiez le télétravail ;
– En cas de nécessité d’arrêt de travail, consultez votre médecin généraliste. Sinon, rendez-vous sur https://www.iledefrance.ars.sante.fr

Concernant l’école, si votre enfant est malade, ne l’envoyez pas à l’école, ni aux activités périscolaires.

 

 

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