Confinement : en Seine Saint-Denis, des appartements pour les femmes victimes de violences conjugales

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Confinement : en Seine Saint-Denis, des appartements pour les femmes victimes de violences conjugales

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En plein confinement, le bailleur social Plaine Commune Habitat propose une dizaine d'appartements pour loger des femmes victimes de violence et contraintes de quitter leur domicile
En plein confinement, le bailleur social Plaine Commune Habitat propose une dizaine d'appartements pour loger des femmes victimes de violence et contraintes de quitter leur domicile
© Radio France - Jérôme Val

En plein confinement, Plaine Commune Habitat, l’un des bailleurs sociaux de Seine Saint-Denis, met à la disposition des femmes victimes de violences conjugales une dizaine d’appartements entièrement meublés pour leur permettre de démarrer une nouvelle vie. La première famille est arrivée ce mercredi.

C’est la face noire du confinement : les violences conjugales dans des appartements ou des maisons d'où plus personne ne peut sortir. Difficile d’avoir des chiffres précis : la semaine dernière, le ministère de l’Intérieur indiquait une hausse du nombre de violences début avril, avec 2 000 victimes enregistrées. 

Quelles solutions donc pour les femmes victimes de leur conjoint dans cette période si particulière ? Se tourner vers les associations qui peuvent les héberger dans des foyers ou des hôtels et, depuis mercredi, dans de véritables logements que l'un des bailleurs sociaux de Seine Saint-Denis met à leur disposition.

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En finir avec un huis clos tragique

C'est le cas de Djamilah (prénom modifié). Sa petite fille de 2 ans et demi court partout dans l’appartement et en la regardant, Djamilah parvient à sourire. Arrivée avec ses deux grosses valises dans son nouveau chez-soi, la jeune femme en termine avec le huis clos tragique de son ancien appartement.

"J’ai eu des problèmes avec mon mari, il m’a cassé le nez", détaille Djamilah, déjà victime dans le passé des coups de son compagnon_. _

"À cause du coronavirus et du confinement, je n’ai pas fait grand-chose. Cela fait trois semaines que j’ai le nez cassé. C’est la police et l’assistante sociale qui m’ont envoyé ici." 

Le regard un peu perdu, la jeune mère de famille découvre son appartement, soulagée, après avoir été prise en charge quelques semaines dans un foyer du département. "C’est tout propre, c’est tout neuf, c’est mieux que chez moi. Regardez ma fille, elle est déjà contente."

C’est l’association SOS femmes 93 qui l’a prise en charge. Katia Schmid en est la responsable du service de mise en sécurité. "Ces logements, sont une solution qui permet de fluidifier un système d’hébergement qui est saturé", se réjouit-elle_. _

"Les violences n’apparaissent pas forcément du jour au lendemain. C’est quelque chose qui s’installe dans le temps. La situation de confinement fait que les femmes victimes de violences conjugales sont plus vulnérables. Elles n’ont aucune échappatoire, surtout si d’habitude le mari sortait, travaillait ou allait voir des amis. Là, elles sont complètement à leur merci." 

Les appartements ont tous été équipés et meublés.
Les appartements ont tous été équipés et meublés.
© Radio France - Jérôme Val

"Des sas pour arriver vers une indépendance"

Une des échappatoires désormais, ce sont ces dix logements mis à disposition par Plaine Commune Habitat, le deuxième bailleur social de Seine Saint-Denis : des T2 et des T3 en fonction du nombre d’enfants à héberger. Il a fallu les meubler en un temps record grâce à des dons de grandes enseignes et Emmaüs : lit, électroménager, mobilier. On trouve même des plantes vertes pour améliorer le confort. Une box pour l’accès à internet et une tablette ont aussi été installées pour les cours à distance des enfants et les démarches administratives. 

"Il y a tout le strict nécessaire", détaille Sofia Boutrih, chargée de mission chez le bailleur. "La victime peut commencer à se reconstruire, à reprendre confiance en elle. Elle a sa propre cuisine pour faire les plats qu’elle aime, elle peut faire sa toilette dans sa propre douche et pas dans des douches communes. Dans des foyers, ça peut être compliqué. Mais là, elles sont dans un sas pour arriver vers une indépendance."   

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Ces femmes pourront rester 6 mois dans ces logements : 3 mois gratuitement et 3 mois supplémentaires où le loyer est pris en charge par l’association. Un délai bienvenu pour entamer les procédures judiciaires contre leur ex-mari (Djamilah a porté plainte). 

"C’était une évidence pour nous", explique Laurent Russier, président de Plaine Commune Habitat. "Quand nous avons eu les alertes localement et au niveau national on s'est dit : 'attention, avec le confinement, les cas de violences faites aux femmes et aux enfants augmentent en nombre'. Et encore on a que ceux qui font l’objet d’un signalement." 

Et Laurent Russier de poursuivre : "On essaye de renverser les choses, que ce soit la femme qui conserve le logement et qu’on mette dehors le conjoint violent. Mais parfois, ce n’est pas faisable, c’est la femme qui appelle à l’aide et dans ces cas-là, la seule solution, c’est de trouver un logement le plus rapidement possible." 

En nous saluant, Djamilah nous dit une dernière fois combien ce qu’elle a enduré a été très difficile, mais qu’elle espère maintenant démarrer une nouvelle vie.    

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