Suspectée d’avoir contracté le Covid-19, une habitante de Quiberon harcelée

Mathieu Pelicart

Par Mathieu Pelicart

Porte taguée, voiture dégradée : une habitante de Quiberon témoigne de son calvaire depuis son retour de l’hôpital pour une suspicion de Covid-19.

Le couple découvre presque tous les jours de nouvelles insultes écrites sur des papiers glissés sous son paillasson ou taguées sur sa porte.
Le couple découvre presque tous les jours de nouvelles insultes écrites sur des papiers glissés sous son paillasson ou taguées sur sa porte. (Photo Joël Gallène)

« Dégage », « Assassin », « Suicide-toi » : ces doux mots fleurissent depuis le début du mois sur la porte d’un logement social de Quiberon. C’est dans cet appartement que résident, depuis cinq ans, Sophie (prénom d’emprunt) et son conjoint. Handicapée par un accident médical, cette ancienne salariée de l’hôtellerie, âgée de 36 ans, est aujourd’hui en incapacité totale de travail. Elle présentait à la fin du mois de mars les symptômes « légers » du Covid-19. Placée en quatorzaine par son médecin traitant, elle a souffert dans les jours qui ont suivi de complications respiratoires. « Tous les médecins que j’ai consultés ont diagnostiqué une maladie chronique inflammatoire des bronches (BPCO), qui pourrait avoir été déclenchée par le virus », explique-t-elle de sa voix éteinte par une laryngite persistante.


« Puisque nous vivons en bons voisins… »


Comme si cela ne suffisait pas à son malheur, la Quiberonnaise témoigne du harcèlement de certains voisins de son immeuble depuis le début du mois d’avril et son retour de l’hôpital. « J’ai passé deux jours au sein de la cellule Covid-19 du Centre hospitalier de Bretagne Atlantique (CHBA), à Vannes. Tous les voisins sont au courant, puisque j’ai été prise en charge à mon domicile par des ambulanciers habillés en cosmonautes ». Trois jours après son retour à domicile, une affiche anonyme est placardée dans la cage d’escalier : « Puisque nous vivons en bons voisins, nous demandons aux personnes ayant une suspicion de Covid-19 ou l’ayant déclaré de ne pas toucher les poignées de porte et les rambardes ». « Impossible pour une personne handicapée comme moi », souligne Sophie, qui ne sort de chez elle que pour ses rendez-vous médicaux.


« Que vais-je dire à mes enfants ? »


Depuis, le couple découvre presque tous les jours de nouvelles insultes écrites sur des papiers glissés sous son paillasson ou taguées sur sa porte. « Je le vis très mal. Des voisins me prennent en photo dès que je mets le nez dehors. Que vais-je dire à mes enfants, qui sont actuellement confinés chez leur père, quand ils vont découvrir toutes ces inscriptions sur notre porte ? », s’inquiète Sophie, qui décrit un véritable calvaire. Elle subit de nouvelles attaques depuis qu’elle a effectué une préplainte par internet et que des gendarmes sont intervenus pour faire de la pédagogie auprès de ses voisins. Elle a aussi alerté son bailleur social, Bretagne Sud Habitat (BSH). Samedi matin, elle a découvert la portière de sa voiture rayée de ce qui ressemble à un pendu. « Je n’en dors plus la nuit, à essayer de surprendre le ou les gens qui font ça ».

L’affiche anonyme placardée dans la cage d’escalier de Sophie, quelques jours après son retour de l’hôpital.
L’affiche anonyme placardée dans la cage d’escalier de Sophie, quelques jours après son retour de l’hôpital. (Le Télégramme/Joël Gallène)
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