Une ministre ne devrait pas dire ça. Encore moins l’écrire. Sans doute Marlène Schiappa pensait-elle que ses mots resteraient privés. Mais le message que la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes a posté, vendredi 5 juin, sur la boucle interne des candidats de La République en marche (LRM) dans le 14e arrondissement de Paris n’a mis que quelques heures à sortir dans la presse. Au grand dam de la secrétaire d’Etat et d’Agnès Buzyn, la candidate de son parti à la Mairie de Paris.
Car le texte en cause est assez écarté de la ligne officielle de LRM. « Plus personne ne pense qu’Agnès Buzyn va être élue maire de Paris », entame Marlène Schiappa, selon Le Point, qui a dévoilé ces échanges. Une affirmation en totale contradiction avec le volontarisme affiché par Agnès Buzyn, qui déclarait le 2 juin dans Le Parisien : « J’y vais pour gagner ».
Marlène Schiappa poursuit : « Partant de là, je ne suis pas pour mentir aux gens et dire “votez Buzyn pour qu’elle soit maire de Paris”, mais être très honnête sur les enjeux. » Concernant le 14e arrondissement, où elle est candidate, la secrétaire d’Etat ne se berce pas d’illusions non plus : « On aura sans doute un seul élu », la tête de liste locale, Eric Azière. « Ou plutôt entre zéro et un seul », ajoute-t-elle.
L’arrondissement, aujourd’hui contrôlé par la gauche, devrait rester dirigé par la maire sortante, Carine Petit. Au premier tour, le 15 mars, sa liste est arrivée en tête, avec 33 % des voix. Celle de LRM a fini en troisième position, avec 16 %.
Dans son message retranscrit par Le Point, Marlène Schiappa en tire les conséquences pour la campagne du second tour. « Je pense qu’il ne faut pas perdre une minute sur les quartiers qui ne votent pas pour nous, écrit-elle. Aller tracter porte de Vanves, c’est vouloir vendre des AirPods [écouteurs] à des sourds. Rendons-nous à l’évidence, ce quartier ne vote PAS pour nous. C’est contre-productif de faire campagne là-bas. » A la place, elle incite les militants à se concentrer sur les soutiens d’Emmanuel Macron « pour qu’ils sortent de chez eux le 28 juin et aillent voter ».
La campagne de LRM accumule les déboires
Des « propos honteux », a immédiatement réagi Marie-Claire Carrère-Gée, la candidate Les Républicains (LR) dans l’arrondissement. « Stop au mépris des Parisiens des quartiers populaires », a renchéri sur Twitter Nelly Garnier, la directrice de campagne de Rachida Dati.
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