Patrimoine
La France compte 5,1 millions de riches, selon un rapport de l'Observatoire des inégalités publié mardi qui tente d'esquisser un portrait des classes aisées et propose de définir un "seuil de richesse", équivalent au double du revenu médian.
La France compte 5,1 millions de riches, selon un rapport de l'Observatoire des inégalités, qui propose de définir un "seuil de richesse", équivalent au double du revenu médian.
Barnes
La France compte 5,1 millions de riches, selon un rapport de l'Observatoire des inégalités publié mardi qui tente d'esquisser un portrait des classes aisées et propose de définir un "seuil de richesse", équivalent au double du revenu médian.
"La France des privilégiés se porte bien", affirment les auteurs de ce rapport, qui ont voulu pour la première fois faire de la richesse un objet d'étude statistique - la pauvreté étant, elle, plus couramment étudiée et mesurée.
En plaçant son "seuil de richesse" à deux fois le revenu médian - soit 3.470 euros par mois, après impôt, pour une personne seule, et 7.287 euros par mois pour un couple avec deux enfants -, l'observatoire estime à 8,2% la part de riches en France.
Soit, "coïncidence étonnante", sensiblement la même proportion que celle des pauvres, qui eux gagnent moins de la moitié du revenu médian - une autre définition courante retient un seuil de 60% du revenu médian.
Ce revenu de 3.470 euros n'est "qu'un seuil d'entrée dans le club des privilégiés: au-delà, les chiffres s'envolent", soulignent les auteurs. Si les personnes situées entre les 10% et le 1% les plus riches ont un niveau de vie équivalent à 5.000 euros par mois avant impôts, les 1% les plus riches perçoivent 15.000 euros en moyenne.
"Oui, les riches sont très riches en France, même après avoir payé leurs impôts. Ils le sont même plus qu'ailleurs en Europe: hormis la Suisse, la France est le pays où le 1% le plus aisé a le niveau de vie le plus élevé", insiste l'observatoire, ce qui selon lui "invalide la thèse d'une fuite des Français riches sous l'effet de la pression fiscale".
La richesse peut aussi être vue à travers le prisme du patrimoine. Les auteurs du rapport, Anne Brunner et Louis Maurin, proposent pour cela un seuil correspondant à trois fois le patrimoine brut médian (dettes non déduites): sous cet angle, la France compte 4,6 millions de riches, détenant un patrimoine brut supérieur à 490.000 euros.
L'observatoire propose également des critères de définition de la richesse en "conditions de vie", de la même manière que l'Insee définit la pauvreté en "conditions de vie" à partir de certaines privations matérielles concrètement endurées par les ménages.
Ainsi, serait riche celui qui possède une résidence secondaire, ou qui part en vacances l'hiver (au ski ou ailleurs au soleil), voyage régulièrement en avion, ou encore dispose d'un logement d'au moins 60 m2 pour une personne seule. Concernant ce dernier critère, les auteurs reconnaissent toutefois qu'il perd de sa pertinence à Paris, où de nombreux "riches", au sens des seuils proposés par l'observatoire, ne peuvent se payer une telle surface.
Car "au sein du 'club des riches', les inégalités sont énormes", concèdent les auteurs, qui s'attendent à voir contester le seuil qu'ils proposent car "en France, les riches, c'est toujours les autres".
Ils plaident toutefois pour une vision de la richesse qui ne se cantonne pas aux très grosses fortunes. Ce serait selon eux "rendre invisible une catégorie de la population un peu moins aisée", qui préfère considérer qu'elle fait partie des "classes moyennes supérieures" pour mieux "se dédouaner de la solidarité" envers les classes moyennes et inférieures.
Le rapport esquisse un "portrait-robot" des riches: des "cadre supérieurs, quinquagénaires ou sexagénaires, plutôt en couple sans enfant, propriétaires et vivant en région parisienne".
Les plus fortunés habitent Paris ou Neuilly-sur-Seine. Ainsi, dans le VIIe arrondissement, les 10% les plus riches gagnent au moins 11.000 euros par mois après impôt, un record en France.
On trouve en régions quelques "poches" fortunées, comme Veyrier-du-Lac, banlieue cossue d'Annecy, où le seuil d'entrée dans le club des 10% les plus aisés dépasse les 8.500 euros de revenus par mois.
A travers cette étude, il ne s'agit pas de "détester les riches", mais de constater "une distribution des richesses souvent trop inégale pour être juste", insistent les auteurs.
"Préoccupés" par l'enrichissement "indécent" d'une "poignée de premiers de cordée", ils estiment qu'on "ne peut pas à la fois déplorer le dénuement des uns sans mettre en cause les privilèges dont jouissent les autres".
(Avec AFP)
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