Samira Nasr, première femme noire à la direction de « Harper’s Bazaar »

Alors que le mouvement Black Lives Matter s’amplifie aux Etats-Unis, l’iconique magazine de mode vient de nommer - pour la première fois en 153 ans d’histoire - une femme noire (et engagée) au poste de rédactrice en chef

Doit-on y voir un effet du mouvement Black Lives Matter, qui embrase les Etats-Unis depuis la mort tragique de Georges Floyd lors d’une interpellation policière ? Le calendrier semble accréditer cette thèse puisque c’est hier, mercredi 10 juin, que la nomination de Samira Nasr à la direction du magazine de mode « Harper’s Bazaar » a été officiellement annoncée. Alors que le poste était vacant depuis janvier dernier, date à laquelle Glenda Bailey, qui dirigeait le journal depuis 19 ans, s’était retirée. Pour la première fois en 153 ans d’histoire, l’iconique magazine sera donc dirigé par une femme noire - et particulièrement engagée.

Une décision annoncée dans une vidéo postée sur le compte Instagram de Samira Nasr, dans laquelle l’ex-rédactrice en chef des pages « mode » du magazine se félicite d’en prendre désormais la tête.

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La nouvelle boss n’y cache pas sa volonté de faire évoluer la ligne éditoriale du magazine : « En tant que fille d’un père libanais et d’une mère trinidadienne, je vois le monde d’une manière vaste et j’ai la conviction que la représentation est importante. (…) Ma vision est par nature colorée, et il est important pour moi de démarrer un nouveau chapitre de l’histoire d’Harper’s Bazaar en donnant un coup de projecteur à tous les individus qui sont des modèles d’inspiration de notre époque ». Le ton est donné.

Une réjouissante nouvelle et (presque) un retour aux sources pour un magazine qui a toujours accompagné et encouragé les transformations de la société, notamment en faveur du droit des minorités. D’ailleurs, sa toute première rédactrice en chef, Mary Louise Booth, se revendiquait comme suffragette et a aussi activement milité pour l’abolition de l’esclavage pendant la guerre de Sécession. Le « Harper’s Bazaar » a toujours été davantage qu’un magazine de mode, ouvrant ses colonnes depuis sa création à des écrivains, des artistes et intellectuels, invités à décrypter toutes les façettes du monde. Signe des temps, le même jour Anna Wintour, la célèbre patronne du Vogue américain, faisait son mea culpa en reconnaissant ne pas avoir assez fait « briller les employés et les stylistes noirs ».

Preuve que la mode, accusée (souvent à raison) de formater les corps et les esprits, peut aussi (parfois) œuvrer à leur libération.

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