Derrière les vidéos ridicules, le dangereux business des « traders » d’Instagram

Un influenceur vantant un moyen de s’enrichir rapidement dont la vidéo est régulièrement moquée sur le web

Un influenceur vantant un moyen de s’enrichir rapidement dont la vidéo est régulièrement moquée sur le web 

Moquées depuis quelques jours, les vidéos d’un influenceur proposant de devenir riche comme lui, deviennent des memes. Pourtant, certains de ces personnages et les sociétés de trading « forex et cryptomonnaies » qu’ils promeuvent emploient des méthodes flirtant avec l’illégalité. Dès 2018, l’Obs enquêtait sur ces étranges promesses de fortunes expresses

Ce samedi 23 juin 2018, près de la gare Saint-Lazare, une quarantaine de personnes trépignent dans une salle d’hôtel. Souvent poussés par des proches, ou intrigués par certaines publications de leur fil Facebook ou Instagram, ces jeunes sont venus découvrir l’« opportunité financière » dont on leur a tant parlé. Après trente minutes de retard sur le planning, et l’abandon de deux jeunes femmes se demandant dans quel « bourbier » elles s’étaient fourrées, la réunion commence. Des jeunes gens bien habillés et éloquents dévoilent, diaporama à l’appui, une société appelée iMarkets Live (IML) [devenue depuis IM Mastery Academy, NDLR]. En échange d’un abonnement mensuel, celle-ci donne accès à toute une gamme d’outils qui, promet-on, permettront aux plus déterminés de devenir des traders talentueux. Mieux : ceux qui ramèneront des clients à la société débloqueront des sommes supplémentaires, pouvant atteindre des dizaines de milliers d’euros par mois. Le public, encouragé par plusieurs membres, applaudit à tout rompre.

Les participants ignorent qu’après avoir reçu des appels de parents, de proches, de professeurs, très inquiets de voir leur enfant, leur ami, leur élève rejoindre IML, l’Autorité des marchés financiers, qui veille notamment sur l’épargne des Français, a émis une mise en garde officielle fin 2017 contre ses activités. Claire Castanet, de la direction des épargnants à l’AMF se souvient :

Publicité

« On nous parlait d’embrigadement, d’endoctrinement. On nous a expliqué également que cela concernait des très jeunes gens, voire des mineurs, avec des recrutements dans les lycées, dans les écoles de commerce, dans des forums d’emplois »

La vie de trader à portée de clic

Avec son million d’abonnés sur Instagram, ses soirées, séances de muscu et shootings avec sa petite amie, la youtubeuse vedette Emma CakeCup, le dénommé Vlad Oltean correspond parfaitement à la définition du mot  «influenceur . En début d’année 2018, WeBuzz, auto-proclamé magazine  « n°1 des stars du web à destination des ados, l’a même proclamé   « révélation 3.0 . Dans ses stories (vidéos éphémères sur Instagram), Vlad met régulièrement en avant un groupe d’amis entrepreneurs regroupé dans une  «team  appelée  «My Own Vision  et vante un mystérieux projet révolutionnaire. L’un d’entre eux, Loren Lucquin, a pris la parole le 4 mai pour expliquer que n’importe qui pouvait, comme lui, générer très vite des revenus :  «J’ai deux bras, j’ai deux jambes, j’ai un cerveau, j’ai rien de plus que vous, il y a quatre mois, j’étais à votre place . Pour le rejoindre, il suffit apparemment d’être majeur et de le contacter par messagerie.

Comme celle de Vlad, la vie de Loren Lucquin semble faite de beaux habits, de belles voitures, de couchers de soleil. Sous ses posts, on peut lire le secret de la réussite :

 «C’est la confiance en soi, personne ne te déstabilisera parce que ta détermination est amplement plus puissante que tout ce qui t’entourent (sic) »

Publicité

Ses amis adeptes de la « pensée positive », s’appellent Mohamed Islem, Mohamed Bdj, ou Dixiss Bakara. Sur leurs pages, on les découvre aux côtés d’Anglo-saxons ou de Français comme Jimmy Rollé et Aurélie Moron. Chacun dispose de sa propre équipe, organise des réunions dans son pays afin de présenter leur recette. Fin avril, Loren, Bakara et Mohamed étaient à Marseille pour parler d’une « révolution financière » permettant de « déverrouiller les secrets d’une science de la richesse ». « C’est super simple, expliquait Loren Lucquin le 23 avril dans une story de son ami Vlad. C’est apprendre à générer de l’argent avec son téléphone. » Si ces influenceurs se présentent comme traders spécialisés dans les cryptomonnaies - les monnaies numérique et décentralisées comme le bitcoin -, et surtout le Forex [marché des devises où des entreprises et des particuliers fortunés spéculent sur la fluctuation de leur valeur, NDLR], ils expliquent rarement qu’ils travaillent pour iMarkets Live.

Il faut se rendre sur le site personnel de Dixiss Bakara, aujourd’hui en maintenance, pour découvrir dans une vidéo la société américaine établie dans 120 pays et fondée le 4 juillet 2013 par un certain Christopher Terry, présenté comme un trader ayant fait « plus de 80 millions de dollars de gain pour son compte et des comptes privés ». En premier lieu, IML propose aux curieux une formation au trading via des vidéos, une télé en ligne et même des logiciels capables de « scanner le marché pour des opportunités de trade de haute probabilité ». Dixiss Bakara explique que, via une application dédiée pour smartphone, « vous allez recevoir des signaux, des alertes de trade, donc des analyses, il suffit de les copier-coller, (…), tout le monde sait copier-coller, vous n’avez pas besoin d’avoir d’expérience. » La vie de trader serait donc à portée de clic.

« Marketing de réseau »

Attention, il est indispensable de s’inscrire via un parrain membre d’IML. Le premier pack de formation coûte 217 dollars à l’inscription, puis 161 dollars par mois. Le deuxième, enrichi avec l’application et l’analyseur en ligne, 250 dollars puis un versement mensuel de 194 dollars. À ce moment-là de la présentation, jamais l’intitulé « marketing de réseau » n’est évoqué. C’est pourtant ainsi que la marque Tupperware a encouragé pendant des décennies ses clients à organiser des réunions avec leurs proches pour leur présenter eux-mêmes les produits de la marque. L’hôte gagnait un pourcentage des ventes, des cadeaux, mais aussi un pourcentage des ventes réalisées par les recrues qu’il ou elle aura parrainées. Ici, le produit est dématérialisé. Pour obtenir la gratuité de leur abonnement, IML demande à ses recrues de convaincre deux de leurs proches de s’abonner à leur tour au programme. Un abonnement offert, mais deux de gagnés, le business plan semble parfait. Mieux, les clients touchent de l’argent dès qu’ils convainquent un individu de rejoindre leur équipe, mais aussi lorsque celui-ci en convaincra un autre. Ainsi, avec une équipe de trois personnes, vous pouvez prendre la licence d’IBO (Independent Business Owner) et accéder au statut « Platinium 150 », qui vous permet de toucher 150 dollars par mois. Si eux-mêmes ont convaincu trois amis chacun, votre « équipe » est équilibrée avec douze membres, votre salaire monte à 600 dollars et vous devenez « Platinum 600 ». Avec trente, c’est 1000 dollars. À partir de 500 membres recrutés en tout, l’on devient Chairman 10 et l’on touche 10 000 dollars par mois.

Voilà pourquoi certains de ces « traders » inondent les réseaux sociaux, et en particulier Instagram et Snapchat où les stories éphémères peuvent se répéter à l’infini, avec leur mode de vie et leurs hashtags. Leur com’ n’est qu’un appât pour développer leur réseau et diffuser un PDF de présentation de l’entreprise. Sur YouTube, certains publient aussi des vidéos au titre trompeur, laissant croire qu’ils vont « donner leur avis sur IML », un moyen de se jouer des algorithmes de suggestions et de convaincre le plus possible d’internautes de les rejoindre. Ce faisant, ils touchent des jeunes, la plupart pessimistes quant à leurs chances de réussite sur le marché du travail. Il s’agit d’étudiants, de diplômés ou des jeunes ayant abandonné l’idée de faire des études supérieures. Stef*, coursier à vélo de 21 ans, se souvient du jour où, alors qu’il souffrait de dépression, il a failli se laisser convaincre par un homme qu’il suivait sur Twitter : « Quand j’ai refusé de le rejoindre, il a cherché à me faire culpabiliser, moi qui avais déjà une mauvaise estime de moi-même, il a ajouté que je serai un raté toute ma vie. » Asma, étudiante de presque 21 ans en BTS assistante de gestion, n’a pour sa part pas hésité une seconde :

Publicité

En avril dernier, quelqu’un sur Snapchat a commencé à me parler d’une opportunité financière sur Paris. J’ai saisi l’occasion, je l’ai rencontré avec un collègue à lui dès le lendemain dans un McDonald’s de Saint-Denis. Il m’a fait la présentation d’IML avec un diaporama, et j’ai décidé de les rejoindre. Je n’avais pas les papiers nécessaires sur moi, alors ils m’ont accompagné dans un autre restaurant à burgers près de là où j’habite à Montreuil et j’ai signé.

« Indépendance financière » 

Argument de taille : la fameuse  « indépendance financière »  qu’on leur promet semble avoir déjà réussi à quelques Français. Mohamed Bdj et Mohamed Islem ont atteint le statut de chairman 10. Aurélie Moron, chairman 25, est la membre d’IML la plus active en France, assénant jour après jour sur les réseaux sociaux :  « Moi, aujourd’hui je fais ce que je veux quand je veux. Je gagne un argent qui aujourd’hui devient fou » , explique-t-elle dans une vidéo filmée devant le Grand Canyon. À ce jour, on compterait plusieurs milliers de membres en France et plus de 80 000 dans le monde. Au point où dès 2016, l’AMF dans la province de Québec a obtenu une ordonnance du tribunal contre Christopher Terry, forçant les porte-drapeaux locaux à fermer leurs sites et leur interdisant de recruter des membres via les réseaux sociaux. Au Royaume-Uni, la Financial Conduct Authority rangeait fin mai IML du côté des  »scammers« , des arnaqueurs. D’autres pays, comme la Belgique ou l’Espagne ont émis des mises en garde similaires.

Un système de Ponzi ?

 Quand iMarkets Live a commencé à gagner en visibilité, les internautes eux-mêmes ont commencé à débattre : est-ce un terrifiant système de Ponzi ? Depuis les révélations sur Bernard Madoff, ce système, où les clients sont payés avec l’argent des nouveaux arrivants, est bien ancré dans l’inconscient collectif. Si la plupart des internautes se montrent méfiants, d’autres défendent coûte que coûte la révolution dès lors qu’ils l’ont rejointe. « Quand on attire autant de personnes dans le monde entier, c’est que cela peut être bénéfique, estime Asma, membre d’IML. Et ce n’est pas parce qu’ils sont critiqués qu’ils ont forcément tort… »  Il faut rappeler ici que le départ d’un membre peut faire redescendre dans la hiérarchie, surtout quand on démarre. Thomas*, étudiant de 21 ans vivant dans l’est de la France et ancien membre d’IML, tient un discours bien différent de ces anciens camarades :

« Je devais appeler le maximum de gens, les inscrire, faire des closing, c’est-à-dire appeler un ami pour lui proposer une opportunité, l’inviter dans un restaurant un peu chic, venir bien habillé, et l’impressionner pour le recruter. Le but des mentors, c’était d’avoir un salaire élevé »

Publicité

Dès 1999, un rapport parlementaire mené par Jacques Guyard sur les sectes et l’argent mettait en garde contre les systèmes pyramidaux et rappelait deux dispositions de 1995 prohibant « toute source de profit fondée exclusivement sur la multiplication des adhérents ». Une pratique également dénoncée par l’article L 122-6 du code de la consommation.

Pour Serge Blisko, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) qui a été alerté par le proviseur d’un lycée, IML touche une zone grise de la loi :

On est vraiment sur le trait. Des sociétés très honorables ont fait de la vente multi-niveau, comme Tupperware, qui n’avait pas d’aspect manipulatoire. Le problème, c’est quand on abuse de personnes faibles, qu’il y a une pression pour acheter, qu’il faut engager beaucoup d’argent pour avoir des résultats, qu’on nous vend des formations pour apprendre à vendre, qu’il y a une pression pour recruter. Ce sont des critères que l’on retrouve chez IML. 

En avril dernier, Dixiss Bakara posait fièrement sur Facebook avec un livre intitulé Influence et manipulation, écrit par Robert Cialdini, docteur en psychologie sociale.

Publicité

 « On n’accepte plus l’autorité, on cherche l’indépendance »

Face aux alertes, l’AMF indiquait fin décembre que  « la société International Markets Live LTD (iMarketsLive) ne bénéficie en France d’aucune autorisation pour exercer une activité régulée par l’AMF sur le territoire français ». Claire Castanet, à la direction des épargnants, donne plus de détails sur cette décision : « Nous avons estimé qu’il y avait une alerte à faire compte tenu du fait qu’on avait des appelants très inquiets, que cet univers touchait au Forex, et que les techniques commerciales nous semblaient très analogues à ce que l’on avait pu trouver dans le domaine du trading sur le Forex. »  Dès mars 2016, l’ex-procureur de la République François Molins expliquait dans une conférence de presse que les arnaques de trading en ligne avaient fait perdre 4,5 milliards d’euros en six ans aux épargnants.

Pour sa défense, IML explique ne fournir que des outils pédagogiques pour transmettre du savoir et se reposer sur des intermédiaires (les brokers) pour opérer sur le marché. Après plusieurs tentatives de contacts, Aurélie Moron a finalement a tenu à nous faire savoir que  « IML est un e-learning et ne fait pas broker, sinon cela ferait comme si un médecin faisait aussi pharmacien, il y aurait un conflit d’intérêt ».  Pas de quoi rassurer Claire Castanet, notamment vis-à-vis des mineurs recrutés.  « Je ne suis la cheffe de personne, je ne peux pas tout contrôler, répond Aurélie Moron. Mais aujourd’hui, si on l’apprend que des mineurs sont devenus marketeurs de réseau chez nous, on leur enlève leur licence, d’autant plus qu’il est arrivé que la licence soit au nom des parents 

Dans une de ses vidéos, supprimée peu avant notre interview, Aurélie Moron met pourtant elle-même en avant certaine Maroua Alaou, qui gagnerait près de 600 dollars par mois... alors qu’elle n’a que quinze ans à peine.  « La jeune fille n’était pas dans mon groupe direct, et elle nous avait dit qu’il n’y avait pas de problème, la licence était payée par ses parents qui étaient d’accord », explique la leader. Selon les témoignages recueillis par l’AMF, des mentors d’IML demandent aux mineurs de faire signer une décharge à leurs parents. Décharge qui mentionnerait uniquement l’objectif d’auto-entreprenariat, mais pas les activités d’IML en tant que tel. Et puis, comment prouver que ce sont bien les parents qui ont signé ? Car, comme le souligne Claire Castanet,  « il y a systématiquement chez ces recruteurs un discours dévalorisant des points d’ancrage classiques des jeunes : les parents, les professeurs, les institutions » . Asma, membre convaincue d’IML, estime pour sa part :

« Notre génération ne veut plus avoir un patron qui vient nous mettre une tape dans le dos pour nous dire qu’on a bien travaillé et nous montrer sa Rolex à la fin du mois. On n’accepte plus l’autorité, on cherche l’indépendance. »

Après la mise en ligne du communiqué, l’AMF a reçu plusieurs appels de personnes « agressives » et qui exigeaient la suppression du message.

Publicité

Et que dire des outils de trading d’IML ? Régis Marchewka, ancien opérateur en salle de marché, estime que « n’importe quel particulier peut venir ouvrir un compte chez un intermédiaire, déposer une somme et intervenir sur différentes devises » mais, précise-t-il, « si on promet un retour certain et garanti, sans prendre le moindre risque, là il y a un problème… ». Pourtant, le « scanner harmonique » d’IML, si l’on en croit les vidéos de présentation, aide à « être du côté gagnant du marché ». Un avertissement d’autant plus inquiétant que le parcours du PDG Christopher Terry, est introuvable. Dans les rares interviews qu’il a données, jamais à des journalistes, il reste évasif sur le trading et mentionnait uniquement son expérience dans le marketing de réseau.

« Un gros manque d’éthique... »

Un événement, survenu à la mi-juin, apporte peut-être un début de réponse à ces multiples silences. Plusieurs membres du groupe MOV comme Mohamed Bdj, Loren Lucquin ou Dixiss Bankara, ont annoncé leur départ de la société. Mohamed Islem, jeune « Chairman 10 » de 20 ans, explique avoir découvert « un gros manque d’éthique non pas de la société, mais des personnes qui la représentent, et cela [l’a] énormément dérangé. » Sollicité, Mohamed Islem nous a bloqué sur Instagram. Vlad Oltean, lui, nous a fait savoir par mail qu’il n’était « pas intéressé ». Pourtant, selon nos informations, ce départ collectif s’expliquerait par l’absence de processus de légalisation de la société en France, un possible détournement des recettes lors des rencontres organisées dans des salles prestigieuses, ou encore un « manque d’exemplarité » de la part des leaders, Aurélie Moron en tête. « IML a engagé des avocats pour conformer au mieux l’intégration d’IML en Europe, nous a répondu l’intéressée. Nous, les membres, devons faire également au mieux pour déclarer les revenus que l’on touche. » Selon un membre qui préfère rester anonyme, « les gens de MOV nous ont parfois causé du tort. Mohamed Islem montrait des billets dans ses stories Snapchat pour donner envie aux gens, ce que nous ne cautionnons pas. Mohamed Bdj disait être Chairman 10 alors qu’il ne l’était plus... Ils voulaient faire du recrutement massif, notamment de mineurs, et certains d’entre-eux plus immatures, ont pu insulter les personnes qui refusaient de signer. Ils faisaient de la publicité pour MOV, et non la pédagogie du trading IML. »

Pour leur part, les anciens membres de MOV ont rejoint la société Kuvera, fraîchement lancée en France [depuis, une médiation a été lancée entre l’entreprise et ses adeptes ayant perdu de l’argent, NDLR]. Comme d’autres nées depuis telles que EMBI Education et Excellence, elle propose un double système similaire à celui d’IML qui a déjà acquis sous le nom de Wealth Generators une piètre réputation. Chez Samba Diagne, le leader de Kuvera en France (et du groupe affilié ProNetworkVision), on trouve les mêmes photos de voyages idylliques, phrases inspirantes, réunions publiques et invitations à venir lui parler en privé…

« Les nouveaux membres de Kuvera veulent nous voler nos membres, ils nous insultent sur tous les réseaux, conclue le même membre d’IML. Ils ont dit qu’ils allaient nous détruire...  »

Publicité


Vincent Manilève, auteur de  »Youtube, derrière les écrans : Ses artistes, ses héros, ses escrocs." Lemieux Editeur. 288 p.

Annuler