Violences sexuelles : à Ajaccio, des femmes manifestent contre l’omerta

«Police, justice, classement sans suite, vous êtes complices», ont scandé plusieurs centaines de femmes. Elles demandent que les plaintes pour viols soient enregistrées et traitées comme il se doit.

 A Ajaccio (Corse-du-Sud), des voix se sont élevées contre les agressions sexuelles et les violences faites aux femmes.
A Ajaccio (Corse-du-Sud), des voix se sont élevées contre les agressions sexuelles et les violences faites aux femmes. MAXPPP/Jean-Pierre BELZIT.

    «Nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère !» Entre 400 personnes, selon les autorités, et 600, selon les organisatrices, ont manifesté dimanche à Ajaccio, après un premier rassemblement le 21 juin à Bastia, pour dénoncer les agressions sexuelles faites aux femmes mais aussi la façon dont elles sont parfois traitées par la police et la justice.

    A l'appel du mouvement #IwasCorsica né sur Twitter, les manifestants, principalement des jeunes femmes, arborant un tee-shirt blanc barré de l'inscription « I was », ont rallié la préfecture depuis le palais de justice, brandissant des pancartes « Prenez nos plaintes », « Non c'est non » ou « Violeur, à toi d'avoir peur ».

    Entre cris et larmes, elles scandaient, derrière leurs masques de protection contre le coronavirus, « police, justice, classement sans suite, vous êtes complices ».

    Un train a été affrété gratuitement pour amener et ramener les manifestantes de Bastia (Haute-Corse) et Corte.

    Après la manifestation, le préfet de Corse a reçu Anaïs Mattei, l'une des organisatrices des deux manifestations, ainsi que deux représentantes d'associations de défense des femmes, à la demande de Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'égalité femmes hommes.

    Des plaintes individuelles déposées collectivement

    Le collectif IwasCorsica, en passe d'être créé, a remis ses revendications au préfet. Parmi celles-ci, a détaillé Anaïs Mattei, une formation de la police « pour traiter correctement les plaintes », une présence renforcée de psychologues et infirmières formées aux violences sexuelles dans tous les lycées et collèges et la création d'un « brevet de la non-violence » en classe de 3e.

    La jeune femme a précisé avoir réuni « 15 témoignages de personnes prêtes à porter plainte ». « Ce seront des plaintes individuelles mais nous allons aller ensemble, lundi ou mardi, au commissariat de Bastia pour déposer ces plaintes », a-t-elle annoncé.

    Une enquête a été ouverte début juin suite à la diffusion d'une liste d'une centaine de noms d'agresseurs potentiels et a donné lieu à « 48 plaintes pour diffamation en Haute-Corse », a indiqué la procureur de Bastia Caroline Tharot. Une autre plainte pour diffamation a été enregistrée en Corse-du-Sud, selon une source proche de l'enquête.

    Une « plainte pour un viol qui aurait été commis l'été dernier en Haute-Corse », a, en outre, été déposée par l'une des quatre animatrices de la page @IwasCorsica sur Twitter, a ajouté la magistrate. Le mouvement #Iwas est apparu aux États-Unis le 1er juin et s'est répandu à travers le monde avec des dizaines de milliers de témoignages dont ceux de femmes corses....