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« Les municipales en 2020 ont été une élection sans le peuple »

Pour le politiste Jean-Yves Dormagen, l’abstention importante lors du second tour, le 28 juin, a constitué un « collapse démocratique » dont les partis politiques « s’accommodent »

Propos recueillis par 

Publié le 18 juillet 2020 à 08h00, modifié le 19 juillet 2020 à 05h50

Temps de Lecture 6 min.

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Lors du second tour des élections municipales, à Toulouse, le 28 juin.

Jean-Yves Dormagen est professeur de sciences politiques à l’université de Montpellier et coauteur de La démocratie de l’abstention (Gallimard, 2007). Il a aussi été directeur de campagne de Clothilde Ollier, candidate écologiste dissidente à Montpellier.

Les municipales ont connu une abstention massive. Qu’est-ce qui explique ce phénomène pour une élection jusqu’alors plutôt épargnée ?

Même si on observe une augmentation régulière de l’abstention depuis le début des années 1980, ce scrutin local était jusqu’alors moins touché. Il y a encore quelques années, il était inimaginable d’atteindre 60 % d’abstention aux municipales.

Si on ajoute le nombre de non-inscrits, ce sont près des trois quarts des citoyens qui ne sont pas allés voter. On est proche d’un collapse [affaissement] démocratique. Ces municipales ont été une élection sans le peuple.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Municipales 2020 : un scrutin marqué par l’abstention

Il y a certainement eu un effet épidémie chez les plus de 60 ans qui, d’habitude, sont fortement participationnistes. Mais il s’agit d’un facteur secondaire : le niveau d’abstention était déjà à ce niveau lors du second tour des élections législatives en 2017.

Comment expliquez-vous alors cette tendance de fond ?

Elle est multifactorielle et ne peut se résumer à l’expression de la colère ou de la défiance. On sous-estime toujours le relatif désintérêt d’une grande partie de la population pour la politique. Il est particulièrement élevé dans les milieux populaires et chez les jeunes. Ce sont les inégalités sociales de politisation qui expliquent les différences de participation électorale que l’on observe à chaque élection.

Cette dépolitisation ne peut être compensée que par des campagnes de haute intensité et une forte médiatisation. Or ce scrutin a probablement été l’un des moins médiatisés de toute l’histoire électorale. Les médias mainstream, tout spécialement les grandes chaînes généralistes, en ont très peu parlé.

Ensuite, il faut se rappeler que ce qui fait voter les électeurs, c’est l’existence de clivages forts. Quand on regarde de près ce qui s’est passé au niveau local, on voit que tous les candidats défendaient des programmes assez similaires. Jamais sans doute l’offre électorale n’a été aussi peu clivante.

Les sondages assurent pourtant que le maire garde une image positive dans l’opinion. Ils se trompent ?

C’est vrai que dans le rejet du personnel politique, le maire est partiellement épargné. Mais ces élections ont aussi montré que la tendance dégagiste opère au niveau local. Il est devenu beaucoup plus difficile pour un sortant d’être réélu.

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