Navalny a bien été empoisonné avec un neurotoxique de « type Novitchok », affirme Berlin

Un laboratoire de l’armée allemande a apporté la « preuve » que l’opposant russe a bien été victime d’un empoisonnement.

Alexei Navalny en 2018.

Alexei Navalny en 2018. MLADEN ANTONOV / AFP

Les examens médicaux pratiqués sur Alexeï Navalny par un laboratoire de l’armée allemande apportent la « preuve sans équivoque » que l’opposant russe a été victime d’un empoisonnement « par un agent neurotoxique de type Novitchok », a annoncé mercredi 1er septembre le gouvernement allemand.

« Il est choquant qu’Alexeï Navalny ait été victime d’une attaque avec un agent chimique neurotoxique en Russie », ajoute le gouvernement d’Angela Merkel dans un communiqué, demandant à la Russie des éclaircissements « urgents » sur cet empoisonnement.

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Cet agent toxique avait déjà été utilisé contre l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia en 2018 en Angleterre selon les autorités britanniques, une affaire qui a provoqué une crise diplomatique entre Londres et Moscou.

Condamnations internationales unanimes

Les réactions politiques à ces analyses ne se sont pas fait attendre : la chancelière Angela Merkel a estimé qu’Alexei Navalny avait été « victime d’un crime » destiné à le « réduire au silence », ajoutant que « de très graves questions se posent à présent, auxquelles seul le gouvernement russe peut et doit répondre ».

Le Royaume-Uni a de son côté, par l’intermédiaire du chef de la diplomatie Dominic Raab, appelé mercredi la Russie à « dire la vérité » sur le sort de l’opposant, jugeant « absolument inacceptable » l’usage d’une « arme chimique interdite ».

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dénoncé dans un tweet un « acte méprisable et lâche ». « Les auteurs [de cet empoisonnement] devront être traduits en justice » a-t-elle réclamé.

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La Maison-Blanche s’est, elle, dite « très troublée » par les résultats des examens médicaux de Navalny. « La Russie a déjà utilisé par le passé l’agent neurotoxique Novitchok », a écrit le Conseil de sécurité nationale, précisant que Washington allait travailler avec ses alliés « pour que les responsables en Russie rendent des comptes ».

Quant à la France, elle a condamné « l’utilisation choquante et irresponsable » d’un agent neurotoxique. Il y a des « interrogations fortes », a écrit le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian et « il est de la responsabilité des autorités russes d’y répondre », a-t-il dit, ajoutant que « la France est en lien étroit avec les autorités allemandes, ainsi qu’avec ses partenaires, pour se coordonner sur la réponse à apporter ».

« Nous confirmons que nous sommes prêts et sommes intéressés à coopérer entièrement et à échanger des informations sur ce sujet avec l’Allemagne », a assuré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l’agence de presse publique RIA Novosti.

L’Organisation pour l’Interdiction des Armes chimiques contactée

L’Allemagne a annoncé qu’elle tiendrait informés « ses partenaires de l’Union européenne et de l’Otan des résultats de l’enquête », poursuit-il. « Elle discutera d’une réponse commune appropriée avec ses partenaires à la lumière de la déclaration russe. »

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Le gouvernement allemand prévoit aussi de « prendre contact avec l’Organisation pour l’Interdiction des Armes chimiques (OIAC) », les agents de type Novitchok étant interdits par cette organisation. « Nous espérons un rétablissement complet à M. Navalny », conclut-il.

Après le communiqué du gouvernement allemand, le directeur du Fonds contre la Corruption d’Alexeï Navalny a rapidement réagi, estimant que l’Etat russe est le « seul » acteur à avoir la possibilité d’utiliser un agent neurotoxique de type Novitchok. « Seul l’Etat (FSB, GRU) a pu avoir recours au Novitchok. C’est au-delà de tout doute raisonnable », a estimé sur Twitter Ivan Jdanov, citant les acronymes des services spéciaux russes.

« Certaines améliorations » de l’état de santé de Navalny

Alexeï Navalny, 44 ans, qui s’est fait un nom en dénonçant la corruption de l’élite russe et dans l’entourage de Vladimir Poutine, a été admis en réanimation dans un hôpital d’Omsk après avoir fait un malaise dans un avion le 20 août dernier.

Son entourage a alors immédiatement dénoncé une tentative d’empoisonnement et bataillé pour un transfert médicalisé en Allemagne, soupçonnant les médecins russes de s’efforcer de camoufler le crime supposé.

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Après une courte bataille diplomatique, Alexeï Navalny avait été transféré de Sibérie à Berlin. Ce mercredi, l’hôpital berlinois Charité dans lequel l’opposant russe est soigné a indiqué que son état de santé reste « grave » mais « continue de s’améliorer ». Il reste toujours « sous assistance respiratoire » toutefois, a indiqué l’hôpital dans un communiqué qui estime qu’il est « encore trop tôt pour évaluer les effets à long terme de cette grave intoxication ».

Lundi, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a appelé la Russie à « en faire plus » pour élucider le cas Navalny, alors que Moscou a annoncé jeudi s’être lancée dans un « examen préliminaire », la justice affirmant toutefois n’avoir « aucune preuve d’actes criminels intentionnels à l’encontre » de l’opposant russe.

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