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Poursuites contre « Charlie Hebdo » en Turquie, colère d’Erdogan, appel aux sanctions de la France : le point sur l’affaire de la caricature

Les tensions entre l’UE et Ankara montent sur de nombreux points de contentieux. La Turquie a annoncé l’ouverture d’une enquête contre les dirigeants de « Charlie Hebdo ».

Le Monde avec AFP

Publié le 28 octobre 2020 à 11h45, modifié le 29 octobre 2020 à 08h34

Temps de Lecture 3 min.

Le drapeau français flotte sur le consulat de la France à Istanbul, le 28 octobre.

Le climat continue de se tendre entre la Turquie et la France, alors que Paris va plaider en faveur de « sanctions » au niveau européen contre Ankara, a déclaré mercredi 28 octobre le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, Clément Beaune. « Nous pousserons en faveur de mesures européennes de réaction forte, dont l’outil possible des sanctions », a affirmé M. Beaune devant le Sénat.

« Le dernier épisode, qui repousse chaque jour les frontières de l’inacceptable, du président Erdogan qui a insulté le président de la République est révélateur (…) d’une stratégie d’ensemble qui est celle de la Turquie de multiplier les provocations tous azimuts. »

Une déclaration qui intervient alors que, le même jour, le parquet d’Ankara a annoncé l’ouverture d’une enquête contre les dirigeants de Charlie Hebdo à la suite de la publication d’une caricature du président turc, Recep Tayyip Erdogan, en « une » de l’hebdomadaire satirique français. « Les actions judiciaires et diplomatiques nécessaires seront entreprises contre ladite caricature », avait plus tôt déclaré la direction de la communication de la présidence turque dans un communiqué en français.

L’hebdomadaire français a publié mardi soir sur les réseaux sociaux la « une » de son dernier numéro, sur laquelle s’étale une caricature de M. Erdogan en slip :

La présidence turque a condamné mercredi avec « la plus grande fermeté » cette « caricature abjecte » qui reflète, selon elle, une « hostilité contre les Turcs et l’islam ». « Je n’ai pas regardé cette caricature (…). Il est inutile de dire quoi que ce soit au sujet de ces vauriens », a déclaré mercredi matin M. Erdogan lors d’un discours à Ankara. « Ma colère n’est pas due à l’attaque ignoble contre ma personne, mais aux insultes contre le prophète » Mahomet, a-t-il ajouté.

Crise diplomatique

Cette publication intervient dans un contexte de crise diplomatique entre la Turquie et la France, deux pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) aux relations mouvementées. Lundi, M. Erdogan a ainsi appelé ses concitoyens à boycotter les produits français, quelques jours après le rappel par Paris de son ambassadeur à Ankara en raison de propos du chef d’Etat turc mettant en cause la « santé mentale » de son homologue français.

La Turquie reproche au président français, Emmanuel Macron, d’avoir exprimé son soutien à la liberté de caricaturer le prophète Mahomet, lors d’un hommage à Samuel Paty. Ce professeur d’histoire-géographie du collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), avait été décapité le 16 octobre par un jeune Russe d’origine tchétchène âgé de 18 ans pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet.

Charlie Hebdo avait initialement publié des caricatures du prophète Mahomet en 2006 – comme d’autres journaux européens – pour défendre la liberté de la presse après que leur publication par un quotidien danois eut provoqué la colère de nombreux musulmans. L’hebdomadaire a été victime en 2015 d’un attentat djihadiste qui a fait douze morts, dont des journalistes et caricaturistes du journal.

Multiplication des contentieux

Outre ces attaques récentes, les tensions et les contentieux se sont multipliés ces derniers mois entre l’Union européenne (UE) et la Turquie. La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l’appétit des pays riverains comme la Grèce, Chypre, la Turquie, l’Egypte et Israël et a relancé les querelles sur les frontières maritimes.

A l’issue d’un sommet européen à la mi-octobre à Bruxelles, le président du Conseil européen, Charles Michel, a critiqué la reprise de l’exploration gazière turque en Méditerranée orientale et rappelé que l’UE avait prévu d’évaluer la situation en décembre en vue d’éventuelles sanctions.

Ankara est par ailleurs engagé militairement en Libye, en soutien au gouvernement d’accord national, et en Syrie contre les forces kurdes, alliées à la coalition internationale contre le groupe djihadiste Etat islamique, à laquelle appartiennent plusieurs membres de l’UE.

Le gouvernement turc soutient également les forces azerbaïdjanaises engagées contre les indépendantistes arméniens dans le Haut-Karabakh. La Turquie se trouve aussi sous la menace de sanctions américaines après avoir récemment testé, au grand dam de Washington, un système de défense antiaérien sophistiqué, le S-400, acquis auprès de la Russie malgré les mises en garde de l’OTAN dont Ankara fait partie.

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Le Monde avec AFP

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