En pleine tempête, un radeau coule sous le poids d’une pyramide de cadavres et de naufragés désespérés. Seuls quelques-uns ont la force de faire signe aux secours… Inspirée d’un naufrage réel survenu en 1816, au large des côtes africaines, cette toile spectaculaire de 35m² a fait sensation et scandale en 1819 en raison de sa portée politique et de son mélange (toujours aussi saisissant aujourd’hui) de néoclassicisme et de réalisme cru. C’est aussi la première fois que le héros d’un tableau est de dos, anonyme et surtout noir de peau : une critique historique du racisme et de l’esclavagisme !
Sur les 150 hommes entassés sur le radeau de fortune, seuls 10 ont survécu à 13 jours de calvaire. Le peintre Théodore Géricault (1791–1824), âgé de 28 ans, a effectué un gigantesque travail d’enquête et emporté chez lui des morceaux de cadavres pour représenter avec force réalisme les affres de ce naufrage médiatisé d’une frégate envoyée coloniser le Sénégal… et dont le terrible bilan est dû à l’égoïsme et à l’incompétence de son commandant royaliste, vu comme un symbole de l’échec de la restauration de la monarchie en France.
Acquise par l’État en 1824, l’œuvre trône depuis 1945 au Louvre, accrochée à l’un des murs écarlates de la salle Mollien dédiée aux monuments du romantisme français, où elle s’impose comme un prélude féroce à La Liberté guidant le peuple, peinte 10 ans plus tard par Eugène Delacroix dans les décombres de la révolution de 1830.
Le Radeau de la Méduse
Théodore Géricault
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