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Panthéon : « C’est du côté de la vie que Maurice Genevoix plaçait son énergie, sa sensibilité et sa créativité »

Inhumé au Panthéon le 11 novembre, Maurice Genevoix (1890-1980) ne doit pas être enfermé dans la seule image, réductrice, d’un écrivain de guerre, souligne son biographe Jacques Tassin qui évoque, dans une tribune au « Monde », ses magnifiques célébrations du vivant.

Publié le 11 novembre 2020 à 04h05, modifié le 11 novembre 2020 à 06h56 Temps de Lecture 5 min.

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Le secrétaire général de l’Académie française, Maurice Genevoix, au cercle interallié de Paris, le 27 février 1979.

Tribune. Avec, au-devant d’eux, Maurice Genevoix, porte-plume mieux que porte-étendard, les combattants de la Grande Guerre entrent au Panthéon. Tous prennent ainsi le chemin du grand mausolée. Très peu ont su raconter ce qu’ils avaient vécu. Le talentueux normalien, alors qu’il n’avait que 24 ans, l’a fait mieux que tous. Sans fard ni pathos, avec précision, exactitude, avec une maturité insolente, il rédigea Sous Verdun. Ce fut le premier volume de Ceux de 14, un témoignage autant qu’une œuvre d’art.

Avec sa discrétion usuelle, Genevoix se fond aujourd’hui dans une foule d’anonymes et d’oubliés, vouée à rejoindre le grand caveau. Alors, si l’on n’y prend garde, lorsque se sera dissipé le fracas des hautes portes se refermant derrière lui, sa figure se confondra avec celle du fringant lieutenant des Eparges [la crête des Eparges, près de Verdun, fut le théâtre d’une série de combats de février à avril 2015 opposant les infanteries française et allemande].

Il ne restera de lui que cette photo iconique prise à Verdun en février 1915, sur laquelle il pose avec fierté et élégance, mains dans les poches, bel homme en uniforme, mine martiale. Une photo datée d’un temps sur lequel nous nous apprêtons collectivement, symboliquement, à tourner désormais la page. Dans Un jour, Genevoix écrivait : « Je peux mourir tranquille, j’aurai mon Paradis dans le cœur de ceux qui se souviendront. » Mais de cet homme que l’on enterre ici une nouvelle fois, de quoi nos cœurs se souviendront-ils ?

La guerre, cette « saloperie »

Cette panthéonisation sublime le grand témoin, l’écrivain inégalable de la Grande Guerre, le gardien attitré de sa mémoire et de ses morts. Ce faisant, elle confine le personnage au statut d’écrivain de guerre, ce que Genevoix n’eût lui-même jamais souhaité. En 1922, le félicitant pour Rémi des Rauches, André Gide lui avait confié être rassuré que le jeune prodige ne soit donc pas qu’un écrivain de guerre.

Mais collée à sa peau comme la boue des tranchées, l’étiquette réductrice resurgit lors de ce 11-Novembre pas tout à fait comme les autres. Le devoir de mémoire et l’admiration se seront conjugués le temps d’une cérémonie. La mort aura été la grande figure de cette journée. Et Genevoix aura été renvoyé à cette guerre dont il disait qu’elle n’était qu’une « saloperie ».

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Alors certes, il faut lire ou relire Ceux de 14. Outre le témoignage d’exception qu’il délivre, ce chef-d’œuvre révèle ce que, dans la camaraderie du front, l’homme contient de vraie grandeur. Mais n’oublions pas les livres qui ont suivi cette fresque de la Grande Guerre, aussi sublime fût-elle, et prenons le temps de les découvrir, en fidélité à Genevoix, en respectant les traces d’un combattant mutilé [blessé dans les combats, il avait perdu l’usage de son bras gauche], néanmoins « sur-vivant ».

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