Joe Biden lors de son discours de victoire le 7 novembre 2020 à Wilmington

Joe Biden, ici lors de son discours de victoire le 7 novembre 2020 à Wilmington, va-t-il être plus clément avec les Gafam ?

afp.com/Jim WATSON

C'est plus qu'un plébiscite. Un véritable raz de marée. Selon le média américain CNBC, près de 98% des dons faits par des employés travaillant dans le secteur de la Tech ont financé la campagne des Démocrates. En analysant les données diffusées par le Center for Responsive Politics, il ressort que des grands PDG ont aussi mis la main au portefeuille, à l'instar de celui de Netflix, Reed Hastings, et de sa femme (5 millions de dollars), ou du dirigeant du spécialiste des communications unifiées Twilio, Jeff Lawson, et de son épouse (7millions de dollars). On trouve également d'anciens responsables très connus comme Steve Ballmer, cofondateur de Microsoft (7 millions de dollars), Irwin Jacobs pour Qualcomm (7 millions de dollars) ou encore Eric Schmidt ancien président de Google (6 millions de dollars). Ce dernier, déjà proche de Barack Obama, s'est également occupé plus largement de collecter des fonds lors de la campagne et pourrait même prendre la tête d'un groupe de travail à la Maison Blanche sur les nouvelles technologies.

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De quoi adoucir les relations entre Washington et la Silicon Valley après des relations houleuses ces dernières années ? Pas si sûr. Si le prochain président des Etats-Unis, Joe Biden, compte parmi ses conseillers Jessica Hertz, ancienne avocate chez Facebook, et Cynthia Hogan, ex-vice-présidente d'Apple pour les affaires publiques, il va devoir composer avec l'aile dure de son propre camp. Elizabeth Warren et Bernie Sanders, tous deux candidats malheureux à l'investiture, sont de fervents opposants à l'hégémonie des Gafam et demandent davantage de régulations, voire leur démantèlement. Difficile pour Joe Biden de se mettre à dos ces ténors, lui, l'homme de l'apaisement et de la réconciliation.

"Je n'ai jamais été un fan de Facebook"

D'ailleurs, une procédure à l'encontre de Facebook devrait être ouverte ce mois-ci par l'autorité de la concurrence américaine, la FTC, avant même qu'il ne prenne ses fonctions. Il est donc peu probable que le procès pour abus de position dominante déjà entamé contre Google à la fin octobre ne s'arrête avec un changement à la Maison-Blanche en janvier prochain. Même si plusieurs observateurs notent que la vice-présidente, Kamala Harris, lorsqu'elle était procureur général de Californie de 2011 à 2017 n'a pris aucune mesure contre les Gafam.

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Les Démocrates sont également attendus sur un autre front. Joe Biden ne s'est jamais opposé à une disposition prise par Donald Trump pour mettre fin au statut dont jouissent les plateformes depuis 1996. La section 230 de la loi sur les communications protège les sites Internet de procès en soulignant qu'ils ne sont pas responsables, a priori, des contenus diffusés par leurs utilisateurs. "L'article 230 devrait être abrogé, immédiatement", a-t-il déclaré en janvier au New-York Times. "Je n'ai jamais été fan de Facebook, comme vous le savez probablement. Je n'ai jamais été un grand fan de Zuckerberg. Je pense que c'est un vrai problème".

Le prochain président estime donc la loi trop protectrice et veut responsabiliser davantage tous les réseaux sociaux sur les messages parfois violents et les fausses informations qu'ils véhiculent. Les prochaines nominations au département de la Justice et à la FTC seront les premiers indices de la nouvelle politique de Washington à l'égard des Gafam. D'ici là, la Silicon Valley scrutera avec attention les premiers pas du 46ème président des Etats-Unis.

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