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Solidarité femmes 68 Violences domestiques : « Franchissez le cap, nous vous accompagnerons »

L’association départementale Solidarité Femmes 68 marque ses 30 ans d’actions à l’égard des femmes et des enfants victimes de violences conjugales et intrafamiliales. À Saint-Louis, elle pérennise sa structure et la professionnalise aujourd’hui par le biais de nouveaux fonctionnements et outils.
Ghislaine MOUGEL - 25 nov. 2020 à 05:05 | mis à jour le 25 nov. 2020 à 15:33 - Temps de lecture :
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Depuis le premier confinement, les professionnelles de Solidarité Femmes 68, ici des éducatrices et assistante sociale, assurent des permanences téléphoniques à un rythme toujours plus soutenu.  Photo DNA /Ghislaine MOUGEL
Depuis le premier confinement, les professionnelles de Solidarité Femmes 68, ici des éducatrices et assistante sociale, assurent des permanences téléphoniques à un rythme toujours plus soutenu.  Photo DNA /Ghislaine MOUGEL

L’association Solidarité Femmes 68 fête cette année son ancrage de 30 ans à Saint-Louis et maintenant dans l’ensemble du département. Aujourd’hui, dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la structure ludovicienne marque l’événement à travers la réalisation d’une vidéo. « Nous n’avons pas de baguette magique mais nous sommes dans une démarche professionnelle et bienveillante », souligne Véronique Laouer, directrice de l’association depuis huit ans.

La responsable et son équipe avaient envisagé de fêter les 30 ans de la structure avec ses partenaires et le grand public lors notamment d’une journée portes ouvertes. Mais en raison des mesures sanitaires, seule la diffusion dans les jours à venir de cette vidéo, sur le site de l’association et les réseaux sociaux , recensera les missions de la structure.

« Quand une femme toque à notre porte, nous devons savoir que faire, comment faire »

Depuis un an et demi, un groupe de travail a réuni les professionnelles du site autour de la production d’un référentiel dédié au traitement de la violence conjugale. Il s’agit d’outils adaptés, sous la forme de fiches identifiées, pour une meilleure approche et un accompagnement spécialisé de qualité.

La violence, ses effets, son impact sur les enfants, le soutien à la parentalité, les démarches juridiques et judiciaires… « Quand une femme toque à notre porte, nous devons savoir que faire, comment faire », précise Véronique Laouer, « nous ne sommes ni juges ni policiers, mais nous faisons de notre mieux. » Elle reconnaît une prise en charge du public par l’État toujours plus appuyée : « Il y a un dialogue et une vraie reconnaissance car l’État nous confie plus d’actions. »

Les financements se concrétisent à travers notamment une enveloppe sur cinq ans au lieu d’un an par le passé. Les clubs service de Saint-Louis et de sa région, Kiwanis, Lions Club, Rotary de Ferrette, Mulhouse et des Vosges, ainsi que la Banque Populaire apportent un soutien financier appréciable quand les subventions des communes tendent à diminuer.

Véronique Laouer, directrice de Solidarité Femmes 68 (à droite) et Laurence Schmitter, cheffe de service de l’association.  Photo DNA /Ghislaine MOUGEL

En 2020, 301 femmes et 527 enfants pris en charge

Cette année, 301 femmes et 527 enfants ont été accueillis en permanence d’écoute par les professionnelles de Solidarité Femmes 68. Pour les victimes de violences conjugales les plus fragilisées, la structure départementale dispose de dix appartements répartis entre le centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), le centre maternel dédié aux femmes enceintes ou mères d’enfant de moins de trois ans et les logements de stabilisation destinés aux femmes sans domicile fixe. S’ajoutent à ces dispositifs d’hébergement quatre accompagnements « hors les murs » du CHRS, c’est-à-dire au domicile des femmes concernées.

Chaque année, trois à quatre femmes, très exposées aux violences de leurs conjoints, sont éloignées et hébergées dans d’autres départements par le biais de la fédération nationale de Solidarité Femmes. Le réseau s’appuie sur 73 structures, dont celle de Saint-Louis, labellisées « cause nationale ». À Saint-Louis, l’équipe en place rassemble 15 salariées : la directrice et sa cheffe de service, deux personnes à l’administratif et à la comptabilité, cinq éducatrices, trois assistantes sociales, une chargée d’intendance et deux psychologues.

« Le summum ne semble jamais atteint en termes de violences »

Le métier évolue vers un accompagnement solide et de qualité. Pour autant, les situations se complexifient, « quelquefois inentendables tant le summum ne semble jamais atteint en termes de violences à l’égard des femmes et des enfants ». Elle évoque l’inceste, les mutilations sexuelles… « Comme pour les policiers et les pompiers, notre métier n’est pas simple ». Même si le silence est brisé, les violences médiatisées, si des formations sont favorisées, « le passage de la théorie à la pratique reste un parcours du combattant notamment pour ce qui concerne l’éviction du domicile d’un conjoint violent ».

Depuis quatre ans, l’association se professionnalise dans la prise en charge des enfants qui vivent des situations catastrophiques d’autant plus exacerbées durant les périodes de confinement. Pourtant, l’équipe de Solidarité Femmes 68 délivre des messages d’espoir sans verser pas dans le pathos. « Venez vers nous pour parler à des professionnelles », insiste Véronique Laouer, « sans honte ni culpabilité car nous sommes hors du circuit familial. »

SE RENSEIGNER Par téléphone au 03.89.70.02.21. Sur Internet : www.solidaritefemme68.fr - assoc@solidaritefemme68.fr - Sur Facebook : « Solidarité femmes 68 »