Être né sous Giscard, c’est avoir été conçu, peut-être sur un air disco, dans le monde d’avant le sida, d’avant la mondialisation sauvage, d’avant la déception du rêve européen, d’avant la gauche au pouvoir sous la Ve République et d’avant, donc, la fin de beaucoup d’illusions. Au regard de 2020 et ses crises historiques, des jours heureux même si la parenthèse du «moderne» n’aura duré que les deux premières années de son septennat. Génération nostalgique, surtout de ce qu’elle n’a pas connu. Mais si en 1981, les Français ont remercié Valéry Giscard d'Estaing, élu de justesse en 1974, au profit de François Mitterrand, c’est bien que tout n’allait pas si bien.
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Être né sous Giscard, donc avoir entre 39 et 46 ans aujourd’hui, c'est appartenir à la génération molle. Celle dont bien des grands-parents ont traversé la deuxième guerre mondiale ; celle dont les parents ont connu et parfois vécu Mai-68 et ses grandes conquêtes sociales et sociétales ; celle qui regarde la jeunesse d’aujourd’hui se mobiliser au nom de l’urgence climatique et pointer du doigt leurs aînés qui ont failli ; celle qui au fond ne s’est pas battue pour grand-chose, dans une lente régression sociale enrobée de progrès sociétaux et facilitée par une individualisation progressive des consciences. Générat