Seine-Saint-Denis : jusqu’à dix ans de prison pour les proxénètes bulgares hyperviolents

Le tribunal a condamné lourdement les quinze proxénètes bulgares qui comparaissaient depuis plusieurs semaines devant le tribunal de Bobigny. L’enquête et l’audience ont mis au jour un réseau extrêmement violent.

Seine-Saint-Denis : jusqu’à dix ans de prison pour les proxénètes bulgares hyperviolents

    Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public. Pour certains prévenus, il est même allé au-delà. Il a infligé des peines de prison très lourdes aux quinze prévenus du réseau de prostitution bulgare jugés par le tribunal de Bobigny.

    Les chefs de clans qui forçaient des jeunes femmes bulgares à tapiner aux portes de Paris ont été condamnés à 10 ans de prison avec des peines de sûreté et des amendes de plusieurs centaines de milliers d'euros, des interdictions définitives de territoire et des privations de droit civiques.

    Ces hommes de la communauté rom bulgare étaient poursuivis pour proxénétisme aggravé et traite d'êtres humains. Les prostituées étaient considérées comme des esclaves. Après les avoir recrutées dans des régions déshéritées de la Bulgarie, ils les séduisaient et leur faisaient miroiter un emploi de femme de ménage en France. Une fois sur place, elles étaient battues et reversaient la quasi-totalité de leurs gains à leurs bourreaux.

    Aucune des victimes n'avait porté plainte

    Elles vivaient un véritable enfer, enchaînant les passes pour des sommes dérisoires. Certaines étaient même chronométrées pendant leurs prestations. Elles pouvaient être revendues à d'autres proxénètes comme une simple marchandise pour un millier d'euros. Aucune de ces victimes n'a porté plainte et elles ne recevront pas un euro des lourdes amendes prononcées par le tribunal. Sur un bout de trottoir, le long des routes, elles étaient soumises aux cheffes de rues, des prostituées montées en grade. Celles-ci se montraient tout aussi cruelles que les caïds.

    Dans ce réseau il y avait aussi la mère d'un proxénète. Nikolinka, 60 ans, récoltait l'argent de la prostitution et elle aurait cherché à le réinvestir en Bulgarie dans l'immobilier.

    Une estimation a évalué les gains dégagés par une fille à 9 000 € par mois mais l'enquête n'a pas permis d'en dire plus sur le patrimoine accumulé par les proxénètes et leur famille. Nikolinka qui comparaissait libre, a été, elle, condamnée à 5 ans de prison, dont un an avec sursis avec mandat de dépôt et 500 000 € d'amende.

    Une peine plus lourde que les réquisitions du parquet qui avait réclamé trois ans de détention et 100 000 € d'amende. Me Honegger, son avocat, a décidé de faire appel, tout comme Me Beaufils, qui défendait l'un des principaux chefs de clans condamné à dix ans de prison et à 300 000 amende.