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Interview

Martine Storti : «Le féminisme doit être universel et ouvert»

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Militante depuis les années 70, l’essayiste craint que l’éclatement du mouvement entre des visions nationalistes, décoloniales ou intersectionnelles ne cache un abandon du combat spécifique pour les droits des femmes. Ne mélangeons pas les causes, plaide-t-elle.
par Sonya Faure
publié le 7 décembre 2020 à 18h56

Quel regard porte une militante du féminisme des années 70 sur sa version 2020 ? Dans Pour un féminisme universel, paru cet automne au Seuil (collection «la République des idées»), Martine Storti se réjouit de la puissance du mouvement #MeToo mais s'alarme des nouvelles «instrumentalisations» du mouvement en cours. Le féminisme «nationaliste» et son adversaire «décolonial» partagent une même dérive selon elle : ils pensent en termes identitaires. Née en 1946, fille d'un ouvrier immigré italien, Martine Storti est rattrapée par Mai 68 quand elle est étudiante en philo à la Sorbonne : «Soixante-huit reste pour moi l'archétype d'un bonheur collectif.» Tour à tour «gauchiste», professeure, journaliste à Libération (1974-1979), conseillère des ministres Laurent Fabius et Alain Decaux, Martine Storti a achevé sa carrière professionnelle en participant à la reconstruction d'écoles, de filles en particulier, au Kosovo ou en Afghanistan.

Comment êtes-vous devenue féministe ?

Le jour où, à la librairie Maspero, grand rendez-vous de la mouvance gauchiste du Quartier latin, je tombe sur un numéro de la revue Partisans : «La libération des femmes : année zéro» (numéro 54-55, 1970). Je prends alors conscience que des questions que je croyais purement personnelles ou subjectives liées à la sexualité, à l'avortement, au rapport aux garçons, à la domination masculine que

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