Égypte antique : de nouveaux trésors exceptionnels découverts dans la nécropole de Saqqarah

Égypte antique : de nouveaux trésors exceptionnels découverts dans la nécropole de Saqqarah
Les archéologues ont découvert plus de 50 sarcophages lors des dernières fouilles de la nécropole antique de Saqqarah. ©Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

Samedi et dimanche 16 et 17 janvier, le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités a dévoilé au public de nouveaux « trésors » archéologiques découverts dans la nécropole de Saqqarah. C'est la première fois que des artefacts datant du Nouvel Empire sont trouvés sur le site antique.

Le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités l’avait annoncé en décembre dernier : des nouveaux sarcophages et artefacts datant du Nouvel Empire (1550-1069 avant J.-C.) découverts à Saqqarah seraient présentés au public au début de l’année 2021. Chose promise, chose due. Ce week-end, des « trésors » retrouvés sur le site archéologique situé à une quarantaine de kilomètres au sud du Caire ont été présentés au public et à la presse. Fouillés à proximité de la pyramide du roi Téti (2323/2321 à 2291 avant J.-C.), premier souverain de la VIe dynastie de l’Ancien Empire, les artefacts datent en grande partie du Nouvel Empire (XVIe-XIe siècles avant J.-C.). Cette dernière révélation met en avant l’importance du rôle jusqu’ici méconnu de Saqqarah comme nécropole de Memphis (capitale de l’Égypte ancienne) au cours de cette période.

Des fouilles menées par « l’Indiana Jones égyptien »

Après les trois annonces de découvertes d’une centaine de cercueils antiques inviolés en septembre, octobre et novembre 2020, ce sont maintenant un temple funéraire, des fragments d’un immense papyrus, plus de 50 sarcophages, des statuettes, stèles, jouets, masques funéraires, poteries et autres artefacts qui ont été mis au jour dans la nécropole classée au patrimoine mondial de l’Unesco, au même titre que les vestiges antiques memphites. Ces dernières fouilles ont été menées par une équipe d’archéologues menée par l’universitaire et ancien ministre Zahi Hawass, surnommé « l’Indiana Jones égyptien », du Centre d’Égyptologie de la bibliothèque alexandrine.

Les précieux artefacts découverts montrent à la fois le culte du roi Tétis, avec le temple funéraire de la reine Nearit, épouse du souverain, le rôle majeur de la nécropole de Saqqarah dans l’organisation de Memphis et l’évolution des monuments funéraires au cours Nouvel Empire. Les archéologues ont en effet retrouvé les fragments d’un papyrus de 4 mètres de long représentant le Chapitre 17 du Livre des Morts, aussi appelé « Livre pour Sortir du jour », qui regroupe des formules religieuses et magiques ayant pour but de guider le défunt vers sa deuxième vie, dans l’au-delà, en embarquant avec le dieu soleil Rê et traverser le royaume d’Osiris, dieu des morts. Ce type de manuscrit, fréquent dans les chambres funéraires, est souvent glissé entre les jambes de la momie à partir du Nouvel Empire. Le nom du propriétaire Pw-Kah-Ef a été retrouvé sur les fragments ainsi que sur quatre statuettes Ushabti (statues gardiennes des nécropoles) et sur un cercueil en bois anthropoïde, toute la panoplie égyptienne du voyage vers l’au-delà.

Statue d'Anubis découverte lors des fouilles de Saqqarah. ©Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

Statue d’Anubis découverte lors des fouilles de Saqqarah. ©Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

Des sarcophages datant du Nouvel Empire

S’il n’était pas rare que les archéologues trouvent jusqu’à aujourd’hui des cercueils enfouis de nobles et de rois de la période tardive, c’est la première fois que des sarcophages datant du Nouvel Empire soient découverts sur le site de Saqqarah. Dans 22 puits funéraires, entre 10 et 12 mètres de profondeur, les scientifiques ont eu la surprise de tomber sur 50 cercueils en bois datant de trois millénaires. La plupart des sarcophages sont décorés de nombreuses scènes de représentation divines et des extraits du Livre des Morts. Les momies découvertes ont été étudiées aux rayons X pour déterminer les causes de décès et l’âge des défunts.

Une grande variété d’artefacts du Nouvel Empire accompagnait les momies : des statues de divinités funéraires comme Osiris, Anubis et Ptah-Sokar-Osiris (syncrétisme de trois dieux vénérés à Memphis), des masques funéraires dont un dédié à Anubis, des jouets comme le senet (jeu pratiqué par les nobles égyptiens durant l’Antiquité), une hache de guerre en bronze d’un chef de l’armée ou encore des stèles, dont une en calcaire appartenant à un homme nommé Kha-Ptah et à sa femme Mwt-em-wia. La partie supérieure de l’objet représente le couple en adoration du dieu Osiris tandis que la partie inférieure les montre avec leurs six enfants, dont une des filles pour le nom de Néfertari, épouse royale de Ramsès II, sous la XIXe dynastie. De même, pléthore de poteries de la même époque on été retrouvées et témoignent des échanges commerciaux entre l’Égypte et la Crète, la Syrie et la Palestine.

Photographie de la hache de guerre en bronze d'un chef de l'armée du Nouvel Empire. ©Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

Photographie de la hache de guerre en bronze d’un chef de l’armée du Nouvel Empire. ©Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

« 70% de cette nouvelle découverte reste à explorer »

« Saqqarah n’a pas encore révélé tout ce qu’elle recèle. C’est un trésor », avait déclaré Khaled el-Enani, ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités, lors de la précédente cérémonie de présentation le 14 novembre dernier. C’est peu dire. Alors que les fouilles se poursuivent sur le site, il reste encore « 70% (de cette nouvelle découverte) à explorer », a confié ce week-end Zahi Hawass à l’AFP. Ces dernières révélations complètent ainsi l’histoire de Saqqarah et enrichiront certainement prochainement les collections de plusieurs musées égyptiens, dont le National Museum of Egyptian Civilization, le Musée des antiquités égyptiennes du Caire et le Grand Egyptian Museum, à proximité des pyramides de Gizeh, qui ouvrira ses portes courant 2021. Le pays espère ainsi redynamiser son tourisme qui a chuté depuis la révolution du Printemps arabe en 2011 et qui est fortement menacé par la pandémie de Covid-19.

Pour celles et ceux qui succombent à l’égyptomanie et qui souhaiteraient avoir un aperçu des richesses du site archéologique, en octobre dernier, Netflix a mis en ligne Les Secrets de la tombe de Saqqarah. Le documentaire accompagne les fouilles réalisées à Saqqarah après la découverte d’une première tombe exceptionnelle de 4 400 ans qui gardait la sépulture d’un prêtre de l’Ancien empire du nom de « Wahtye », au service de Neferirkarê Kakaï, troisième roi de la Ve dynastie. L’occasion d’occuper les longues soirées de couvre-feu et de plonger dans les mystères de Saqqarah.

@ newsletters

La sélection expo
Chaque semaine découvrez nos expositions coup de cœur, nos décryptages exclusifs et toutes les infos pratiques.

S'inscrire à la newsletter
newsletters

Retrouvez toute la Connaissance des arts dans vos mails

Découvrir nos newsletters