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Parisiens en Bretagne : « On en a marre de se faire insulter »
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Par
Lionel Le Saux
Ce vendredi midi, à l’aire d’Erbrée (35), près de Rennes, nous avons rencontré les Franciliens qui ont choisi de venir en Bretagne pour éviter un nouveau confinement.
Ce vendredi midi, sur l’aire d’Erbrée (35), située juste après le péage de la Gravelle, beaucoup de places de stationnement sont occupées autour de la station-service. Près de la moitié de ces véhicules est immatriculée en Île-de-France. « On ressent un flux un peu plus soutenu que d’habitude. Cela a commencé depuis hier déjà. Ce sont essentiellement des retraités et des couples avec de très jeunes enfants », constate Antoine Perche, directeur du site.
Devant la station, masque à l’effigie du gwenn ha du devant la bouche, Marie-Madeleine range ses petites emplettes dans sa voiture. Cette infirmière à la retraite a anticipé son départ prévu de longue date pour Paimpol. « Dès l’annonce par Jean Castex, on a fait nos valises et on est parti dès ce matin, à 8 h 50. Ça fait du bien de quitter Paris. Je peux rassurer les gens en disant qu’on a été vacciné. Avec mon mari, on a déjà reçu nos deux doses ».
« Je me suis fait rayer ma voiture »
Un peu plus loin, un groupe d’amis d’une soixantaine d’années profite des rayons du soleil avant de reprendre la route. Ces Parisiens, qui préfèrent garder l’anonymat, craignent la réaction de certains Bretons à leur arrivée. « On en a marre de se faire insulter sur les réseaux sociaux par des esprits étroits. Au premier confinement, je me suis fait rayer ma voiture », témoigne cette dame, originaire de Bretagne et qui possède une maison sur le littoral costarmoricain. Elle ne se voyait pas rester enfermée dans son appartement encore un mois. « Nous sommes les uns sur les autres dans nos immeubles. Ici, en Bretagne, je me sens plus en sécurité. Évidemment que l’on ne va pas faire n’importe quoi. On va faire attention aux autres ».
C’était devenu urgent de venir s’oxygéner
Sur un parking situé plus loin, un couple et ses deux enfants mangent leurs sandwichs. Cette famille du 94 vient passer une semaine de vacances à Santec (29). « Nous ne sommes pas sortis depuis le mois d’août. Ma femme pète les plombs. Elle ne va pas bien du tout. C’était devenu urgent de venir s’oxygéner », raconte Roland. Pour lui, si la situation continue, il craint que « les services psychiatriques soient surchargés ».
Un ras-le-bol partagé par Didier. Cet homme, assis seul à une table de pique-nique, a décidé de quitter Paris pour rejoindre des amis à Lorient. « Ils acceptent de m’héberger pendant un mois. Je n’en peux plus à Paris. Et ce confinement me paraît démesuré », témoigne ce chauffeur VTC dont l’activité est quasiment au point mort. « Il n’y a plus de touristes. Tout est fermé. Je n’ai plus de clients. Ce gouvernement prend des décisions désastreuses pour l’économie et sur le plan humain ».
Au même moment, arrive un jeune couple du 95 venu faire le plein d’essence. Eux viennent seulement passer trois jours près de Paimpol. « On resterait bien plus longtemps, mais on n’a pas de pied à terre ici, et puis, lundi, on doit reprendre le travail ». À l’aire d’Erbrée, même si les plaques d’immatriculation se ressemblent, les raisons et la durée des séjours divergent.
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