L’Inrap a annoncé, mercredi 7 avril, qu’une quarantaine de sépultures datant de l’Antiquité tardive (IIIe-VIe siècles) avaient été mises au jour dans le sous-sol de la ville corse de l’Île-Rousse. Des amphores contenant des restes humains ont été découvertes dans la plupart d’entre elles. Ceci permet d’en savoir davantage sur le peuplement de l’île pendant l’Antiquité ainsi que sur les rites funéraires de ces populations, mais également de mieux connaître leur place dans le commerce maritime de l’époque. Les amphores découvertes sont en effet de fabrication carthaginoise et proviennent donc de l’actuelle Tunisie. Cette trouvaille signe le début de nouvelles recherches sur une période très mal connue de l’histoire corse.
Peuplement confirmé
Au printemps 2019, des études préalables à un chantier d’habitations révèlent la présence d’une dizaine de tombes antiques dans le sous-sol de l’Île-Rousse. Les fouilles menées depuis le mois de février dernier dans deux secteurs couvrant 600 m², et s’étendant du centre de la ville aux montagnes avoisinantes, ont porté ce nombre à près de quarante. Cette découverte confirme donc le peuplement de la Haute-Corse durant l’Antiquité. Les preuves documentaires de l’existence de populations dans la zone se résumaient jusque-là à la mention de simples villages de pêcheurs et d’agriculteurs, ce jusqu’à la fondation de la ville au XVIIIe siècle par Pasquale Paoli, l’un des plus éminents généraux ayant combattu lors de la guerre d’indépendance de la Corse (1729-1743).
Creusées à même la roche, ces tombes mises au jour sont parfois renforcées par des éléments de terre cuite, notamment de tuiles. Mais la trouvaille la plus intéressante concerne sans conteste les dizaines d’amphores mortuaires dans lesquelles les défunts ont été inhumés. Provenant de Tunisie, ces dernières servaient au transport maritime de vin, d’huile et de saumure depuis Carthage et indiquent donc que la Corse faisait partie intégrante des routes maritimes antiques.
[✨ #Actu] Dans la commune de @CitaDiLisula, l’Inrap vient de mettre au jour une quarantaine de tombes datées des IIIe-VIe siècles de notre ère. Les défunts sont inhumés majoritairement à l’intérieur de grandes amphores provenant de Tunisie. ? https://t.co/1o4HGiAlmz pic.twitter.com/dWpvaxFjeg
— Inrap (@Inrap) April 7, 2021
Une fonction religieuse ?
Partout en Europe, ces amphores étaient réutilisées pour inhumer les petits enfants. Ici, les archéologues ont découvert que, en plus des jeunes squelettes, des adultes avaient également été inhumés dans ces grandes jarres ; l’imbrication de deux d’entre elles, l’une dans l’autre, permettant de contenir des corps plus volumineux. L’ensemble des tombes présente, par ailleurs, la même orientation, la tête du défunt étant placée à l’ouest. La configuration du site, semblable à ceux de Mariana et Sant’Amanza, eux aussi en Corse, laisse supposer que cette nécropole avait une fonction religieuse précise, bien qu’aucune offrande n’ait été retrouvée dans les sépultures. Les archéologues n’ont, pour l’instant, pas mis au jour de bâtiments pouvant attester de cette fonction, mais estiment qu’il est très probable qu’ils en trouvent prochainement. En attendant, les squelettes des défunts et les amphores, détériorés par les aménagements en surface, seront étudiés en laboratoire, afin d’en tirer des conclusions anthropologiques sur les populations de l’époque.