Un léger mieux. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, ceux qui n’ont pas travaillé dans le mois, a baissé de 0,4 % au premier trimestre pour atteindre les 3,56 millions de personnes sans emploi. "Le chômage est resté relativement stable au premier trimestre malgré le confinement", a réagi ce mardi 27 avril Élisabeth Borne, la ministre du Travail, sur BFMTV. Sur un an, le nombre de demandeurs d'emploi a tout de même grimpé d'environ 5%.
De fait, depuis le début de la crise sanitaire le gouvernement a ouvert en grand les vannes du chômage partiel. Selon la Dares, 2,3 millions salariés ont bénéficié du dispositif en mars dernier (12% des salariés du privé) après 2,2 millions en février et près de 9 millions en janvier. En tout depuis le début de l’année 2021, l’Etat a dépensé plus de 5 milliards d’euros après un record en 2020 à quelque 27 milliards. Challenges a interviewé Louis Anicotte, économiste au sein du cabinet de conseil Asterès.
Challenges - Le chômage augmente depuis un an mais on n’observe pas non plus de flambée. Comment expliquez-vous cette évolution?
Louis Anicotte - Le nombre de demandeurs d’emploi toutes catégories se maintient au même niveau qu’au quatrième trimestre 2020. Mais sur l’année, leur nombre a bien augmenté de 4,9%. C’est important mais ce n’est une explosion. Ceci est dû aux milliards d’euros dépensés par l’Etat via l’activité partielle qui a joué le rôle d’amortisseur social et limité les dégâts.
A quoi peut-on s’attendre dans les prochains mois?
Si l’Etat supprime trop vite les aides aux entreprises et salariés (principalement le prêt garanti par l’Etat et l’activité partielle) on peut craindre une augmentation du nombre de chômeurs dans les prochains mois. Le principal risque est en réalité une très forte augmentation du nombre de faillites d’entreprises. Et cela engendrerait quelque 250.000 destructions de postes selon une étude réalisée par Asterès pour les Administrateurs judiciaires.
Lire aussiEntreprises : entre "zombification" et faillites en série
Quelles sont les conséquences des restrictions sanitaires sur l’emploi ?
Depuis un an, on est dans une sorte de stop-and-go sanitaire qui nuit à la visibilité des entreprises. Conséquence, les embauches sont souvent reportées, voire carrément annulées. Ce qui bien sûr ne contribue pas à faire baisser le nombre de demandeurs d’emploi.
La vaccination est donc la seule solution pour relancer l’emploi…
Oui tout à fait. On voit déjà les résultats de la campagne vaccinale en Angleterre ou en Israël qui a permis de rouvrir les restaurants, bars, salles de sport… En France, plus on sera proche d’une immunité collective, plus on a des chances de faire pareil. Et cela pourrait donner de la visibilité aux patrons de ces établissements pour la saison estivale à venir. Au passage, beaucoup d’emplois sont en jeu.