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Elle trouve le RN trop "gauchiste" : la TikTokeuse Estelle Redpill se lance en politique
Estelle Redpill sur le plateau de Touche pas à mon poste, le 16 mai 2021.
© Capture d'écran

Elle trouve le RN trop "gauchiste" : la TikTokeuse Estelle Redpill se lance en politique

Info Marianne

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Influenceuse « identitaire » de 25 ans que les télévisions s'arrachent, Estelle Redpill se lance en politique et nous fait part de son intention de fonder en 2022 son propre parti en alternative au RN. Découverte après ses vidéos anti-immigration sur TikTok, adoubée par le théoricien Renaud Camus, la jeune femme rassemble d'ores et déjà ses troupes.

Elle est l'un des visages les plus poupins de l'extrême droite, l'un des plus jeunes - elle a tout juste 25 ans - mais sans doute aussi l'un des plus radicaux. Des mois durant, Estelle Redpill, influenceuse identitaire, avait mis ses charmes et son compte TikTok à 116 000 abonnés au service de la « cause patriote ». Sur ses courtes vidéos, cette Toulousaine se trémoussait en alignant un discours anti-immigrés et sécuritaire, assez proche de celui de feu Génération identitaire (GI). Si bien que ses diatribes ont fini par déplaire au réseau social, qui l'a bannie de sa plate-forme le 1er avril dernier dernier.

Depuis janvier 2021, cette admiratrice du polémiste Eric Zemmour et du théoricien Renaud Camus, a été invitée sur les chaînes de diffusion de plusieurs figures de l'extrême droite, dont celle du racialiste Daniel Conversano ou encore celle du chroniqueur de Valeurs actuelles, Grégory Roose.

"Le RN, ça ne marche pas"

Suivie par les caméras de Quotidien sur TMC, invitée deux fois sur le plateau de Touche pas à mon poste ! (TPMP), le talk-show de Cyril Hanouna, devant des millions de télespectateurs, Estelle Redpill est devenue en un temps record la nouvelle passionnaria de toute une frange de l'extrême droite. Mais aujourd'hui, Estelle Rodriguez - de son vrai nom - n'entend plus seulement crever l'écran. Elle s'imagine un destin présidentiel. La jeune femme a confié à Marianne son intention de fonder un parti politique.

« J'ai envie de dépoussiérer les idées d'extrême droite, d'en apporter de nouvelles, et de cibler des personnes qui ne seraient jamais venues à nous », déclare-t-elle. Son parti, qui n'a pas encore de nom, devrait voir le jour en 2022 et se poser en alternative à un Rassemblement national (RN) jugé mou et atone. « Le RN est de plus en plus gauchiste.Les personnes de l’immigration se moquent d’eux. Le discours de Marine Le Pen est de plus en plus mou. Le RN, ça ne marche pas »,​​​​ assure-t-elle, en dépit de sondages qui placent la présidente du RN à 48 % si elle se qualifie au second tour en 2022.

Mégalo, « du peuple » et moderne

Cette jeune femme peut-elle vraiment espérer se lancer en politique, à 25 ans, sans aucune expérience ni base militante ? « Soyons mégalos. Je fais mon Jean Lassalle », réplique-t-elle.Se voit-elle en candidate pour l'Élysée en 2022 ? « Non, pour 2027, évidemment ». Si son programme politique n'est pas encore arrêté - elle a cinq ans pour définir une ligne claire - elle se positionnera comme la candidate « d'une France du peuple ». Une Française qui saurait de quoi elle parle : « J’ai été dans des lycées de banlieue. »

Elle est aussi persuadée que sa jeunesse et sa technophilie feront toute la différence : « J'ai un style influençeuse, qui change des personnes en costard-cravate avec 60 ans de retard. Je suis dans la modernité, je suis équilibrée, je m'habille comme une femme de mon âge. Il manquait des personnes comme ça », selon elle. Mais « Estelle » entend aussi se différencier des « petites blondes »de son camp, dit-elle, en référence à Thaïs d'Escufon de GI ou de Marion Maréchal. Teint mat, cheveux noirs, on ne pourra pas, il est vrai, suspecter Estelle Redpill de célébrer la race aryenne.

« Ni IVe Reich ni tyrannie religieuse catho-tradi »

C'est bien cette « modernité »qui a séduit Alexis Issaurat, l'un des premiers vieux routards de l'extrême droite à s'être d'ores et déjà rangé derrière le projet politique d'Estelle Redpill. « Nous voulons vivre dans un pays sans subir la charia ni les racailles. Nous voulons une Europe aux Européens. Pas d’un IVe Reich ou d’une tyrannie religieuse catho-tradi », explique ce Niçois de 35 ans qui explique avoir « ​vu en elle un avenir ».

Skinhead néonazi à la fin les années 1990, éphémère militant du Front national de la jeunesse (FNJ) et actuel président d'Unité blanche, une confrérie survivaliste, Alexis Issaurat, du fait de son profil un tantinet moins lisse, devrait rester en retrait et n'avoir auprès de l'ex-Tik Tokeuse qu'une seule mission : « Je m'occuperai de sa sécurité », explique celui qui dispense des formations au maniement des armes.

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