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Récit

Angers : tabassés par des militants d’extrême droite pour un autocollant

Elections régionales et départementales 2021dossier
Cinq personnes ont été agressées par une quinzaine de militants d’extrême droite dans la nuit de vendredi à samedi à Angers, pour un motif futile. Des violences qui pourraient peser sur la quête de respectabilité du groupuscule Alvarium dont le leader se présente aux prochaines départementales.
par Pierre Plottu et Maxime Macé
publié le 23 mai 2021 à 16h53

Tabassés pour un autocollant. C’est visiblement pour ce motif futile que cinq personnes ont été agressées dans la nuit de vendredi à ce samedi, à Angers, révèle Ouest-France. Interrogées par le quotidien régional, les victimes assurent avoir été frappées par un groupe sorti des locaux d’une association d’extrême droite locale, l’Alvarium. Bilan : des points de suture, des dents cassées, un plancher orbital fracturé, et une affaire gênante pour le responsable de l’association, Jean-Eudes Gannat, candidat aux prochaines élections départementales dans un canton proche.

Ce serait donc un simple sticker collé sur un volet des locaux de l’association qui aurait déclenché, vendredi soir, la violence des militants d’extrême droite. En réponse, l’un d’eux aurait lancé un projectile d’une fenêtre, touchant une des victimes en pleine tête et provoquant la fuite du petit groupe de colleurs. Ces derniers ont ensuite été rattrapés puis passés à tabac. Coups de poing, coups de pied : «Tout le monde en a pris plein la tronche», relate une victime citée par Ouest-France. Contacté par Libération, Jean-Eudes Gannat «assume» mais réfute toute agression, préférant évoquer une «réaction musclée de l’équipe de militants de garde» contre des «antifas qui harcèlent l’Alvarium et dégradent les locaux».

A la croisée des sphères identitaire, catholique traditionaliste et des héritiers du GUD

Bien qu’il s’en défende, l’affaire n’en reste pas moins gênante pour Jean-Eudes Gannat, candidat dans le canton de Segré-Candé-Pouancé (Maine-et-Loire) aux départementales de juin prochain après un échec aux législatives partielles de la troisième circonscription du département en septembre 2020 (1,4% des voix) où il portait le choix «d’une droite nationale, sociale et populaire». Composé avec Helen Tardiveau, tapissière et collaboratrice du groupe Alliance pour les Pays de la Loire – où siègent les élus d’extrême droite au conseil régional –, le binôme défend notamment la «fin des subventions aux associations pro-immigration et de l’aide aux faux mineurs isolés» ainsi que «la lutte contre la théorie du genre, l’écriture inclusive, les idéologies LGBT et pro-IVG».

Le duo a, entre autres, reçu le soutien de la publication antisémite Jeune nation, site affilié au mouvement pétainiste «les Nationalistes» créé par Yvan Benedetti après la dissolution de l’Œuvre française par les autorités. Un soutien dans la droite ligne de l’idéologie radicale défendue par l’Alvarium, qui s’associe chaque année à la manifestation néo-fasciste du Comité du 9-Mai (C9M) ou qui célèbre, le 6 février 1934, ces émeutes factieuses lors desquelles l’extrême droite a tenté de prendre d’assaut l’Assemblée nationale.

Jean-Eudes Gannat, qui navigue à la croisée des sphères identitaire, catholique traditionaliste et des héritiers du GUD, est le fils de Pascal Gannat, tête de liste du Front national aux régionales de 2015, président du groupe Alliance pour les Pays de la Loire et ex-directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen. Le fiston a été, lui, sur la liste frontiste aux municipales de 2014 à Angers puis candidat FN aux départementales de 2015 avant de prendre lui aussi ses distances avec le parti de Marine Le Pen et fonder l’Alvarium il y a quatre ans. Ce groupe vise à fédérer la jeunesse d’extrême droite locale derrière une bannière proprette, mais ses militants font surtout parler d’eux dans la rubrique faits divers, cumulant violences, agressions racistes et autres incitations à la haine raciale. «Pour la défense de notre local, nous ne craignons ni les attaques organisées ni la prison», a réagi le groupe sur Twitter ce dimanche.

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