Depuis plus d’un mois, Sedat Peker, un chef de la mafia turque, balance sur YouTube les crimes et exactions qui auraient été commis par des membres de l’AKP, le parti au pouvoir. Mais, au-delà des révélations sulfureuses, c’est tout un système opaque que les déclarations du truand youtubeur mettent en lumière.
À en croire Sedat Peker, baron de la pègre turque exilé à Dubaï, le parti « blanc immaculé », tel que Recep Tayyip Erdogan aime à définir l’AKP [en turc, AK signifie « blanc, pur »], aurait besoin d’une bonne lessive. Depuis quelques semaines, cette figure de la mafia, qui s’y connaît en matière de blanchiment, inonde son compte YouTube de déclarations compromettantes pour les proches du « Reïs ». Tout le monde y passe : députés, anciens ministres, et même l’actuel ministre de l’Intérieur, que Peker accuse de trahison pour avoir cessé de lui offrir une protection policière contre d’autres groupes mafieux.
Ces vidéos, qui tombent au compte-gouttes, sont regardées par des millions de Turcs. Au menu de chaque « épisode » ? Sexe, drogue, crimes et trafics d’influence. Un phénomène médiatique dont Recep Tayyip Erdogan a mis un certain temps à mesurer les conséquences en termes d’image. Il a fallu attendre le mercredi 26 mai pour que l’homme fort d’Ankara se décide enfin à prendre la parole, promettant de « mettre en échec une opération sournoise » ainsi que l’extradition de membres du crime organisé turc en exil « pour les livrer à la justice ».