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Pourquoi autant de personnes vaccinées parmi les nouveaux cas positifs?

S’appuyant sur les chiffres communiqués en Israël et en Angleterre, les vaccino-sceptiques affirment que c’est parce que les vaccins ne sont pas efficaces. Une explication orientée et fausse, puisqu’elle ne prend pas en compte la fréquence de base, soit la population étudiée

Un membre du personnel de santé de la Midtown Medical Clinic photographié le 5 juillet 2021 en train de préparer une injection du vaccin Pfizer, Melbourne, Australie. — © Luis Ascui/Keystone
Un membre du personnel de santé de la Midtown Medical Clinic photographié le 5 juillet 2021 en train de préparer une injection du vaccin Pfizer, Melbourne, Australie. — © Luis Ascui/Keystone

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La chaîne israélienne i24 a annoncé le 21 juin dernier que 40% des nouvelles personnes contaminées sur le territoire étaient vaccinées. Le 25 juin, l’agence de santé anglaise Public Health England constatait dans un rapport que, depuis février, sur les 117 personnes mortes infectées par le variant Delta, 50 avaient reçu leurs deux doses de vaccin et 20 une seule. Il n’en fallait pas plus pour que les vaccino-sceptiques s’emparent sur les réseaux sociaux de ces données et leur tordent le cou pour corroborer leur méfiance: les vaccins sont inutiles, voire dangereux.

Cette conclusion est le résultat d’une lecture trop hâtive. Il faut déjà rappeler que la vaccination contre le Covid-19 n’empêche ni d’être contaminé, ni d’être porteur du virus. D’après une étude prépubliée le 28 juin par l’Institut Pasteur, les personnes non vaccinées ont 12 fois plus de risque de transmettre le virus que les personnes vaccinées. C’est pourquoi le port du masque et le maintien des gestes barrières sont recommandés. La vaccination protège essentiellement contre les formes graves de la maladie. Des résultats d’études cliniques ont aussi montré que la vaccination protégeait à 90% contre une infection asymptomatique.

Lire aussi: Vacciné et contagieux, c’est possible?

Le fait que des personnes vaccinées fassent partie des nouveaux cas de contamination n’est pas surprenant pour les infectiologues, surtout dans des pays où la majorité de la population est vaccinée. Il faudrait plutôt retenir des cas israéliens et anglais (où plus de 60% de la population a reçu ses deux doses) que plus la vaccination progresse dans un pays, plus le nombre de malades risque d’augmenter parmi les vaccinés, c’est purement statistique. Comme le nombre de personnes vaccinées augmente, les cas positifs qui vont apparaître ont de plus en plus de chances de survenir chez des personnes vaccinées. Une lecture qui peut être biaisée par les vaccino-sceptiques. C’est bien l’évolution globale des cas qu’il faut observer.

Et le variant?

Un autre élément est à prendre en considération: le variant incriminé. Le variant Delta est toujours en cours d’étude par la communauté scientifique. Il se propage dans plusieurs pays et inquiète parce qu’il serait 60% plus contagieux que la souche initiale du SARS-Cov-2 et aurait, selon certains, la capacité d’échapper partiellement aux vaccins. Mais là encore, les situations traversées par Israël et l’Angleterre peuvent rassurer. Dans ces pays, où ce variant circule parmi une population majoritairement vaccinée, les cas de contamination au variant Delta n’ont pas conduit à une hausse des cas graves.

Sur ce sujet: Un été dans l’ombre du variant Delta

Comme le souligne sur Twitter le chercheur au Scripps Research Institute aux Etats-Unis, Eric Topol, les pays avec un taux de vaccination faible voient leur nombre de cas et de mortalité augmenter, tandis que les pays disposant d’un taux de vaccination élevé observent une faible augmentation des cas et une mortalité minime, voire nulle.

En résumé, on peut dire ceci: plus la vaccination va progresser, plus le nombre de personnes contaminées bien que vaccinées sera important par rapport à celui des non-vaccinés. Il est logique qu’elles représentent une part croissante des nouveaux cas, étant donné l’étendue de la population vaccinée.