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Manifestation à Kaboul réprimée par les Taliban : "Même si vous nous décapitez, nous repousserons"

Plusieurs dizaines de personnes, dont de nombreuses femmes, sont descendues mardi 7 septembre dans les rues de Kaboul pour dénoncer l’ingérence du Pakistan, accusé d'avoir prêté main-forte aux Taliban dans la répression du Panchir, dernier bastion de l’opposition en Afghanistan. Les Taliban ont notamment tiré en l’air pour disperser les manifestants. Deux de nos Observatrices ont participé à cette marche, entre peur et détermination.

Capture d'écran d'une vidéo montrant un membre des Taliban frapper une manifestante à coups de matraque, mardi 7 septembre, à Kaboul.
Capture d'écran d'une vidéo montrant un membre des Taliban frapper une manifestante à coups de matraque, mardi 7 septembre, à Kaboul. © Twitter / @bsarwary
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Les Taliban ont annoncé lundi 6 septembre avoir pris le contrôle de la vallée du Panchir, fief des combattants du Front national de résistance (FNR), dans l’est du pays. Toutefois, le mouvement d’opposition, dirigé par Ahmad Massoud, a affirmé sur Twitter qu’il conservait des "positions stratégiques" dans cette vallée.

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Un groupe de manifestantes se dirigeant vers l’ambassade du Pakistan à Kaboul le 7 septembre. "À bas le Pakistan, à bas les terroristes", scandent les manifestantes. Vidéo transmise par une de nos Observatrices à Kaboul.

 

Le Pakistan voisin, qui entretient des liens étroits avec les Taliban, est accusé par de nombreux Afghans d’avoir bombardé le Panchir pour aider les nouveaux maîtres de Kaboul à neutraliser les combattants de l’opposition.

Mardi, des dizaines de journalistes et militants, femmes et hommes, ont organisé une marche qui s’est terminée en un rassemblement devant l’ambassade du Pakistan à Kaboul.

"Lorsque nous étions ensemble et que nous chantions, nous nous sentions fortes, nous n'avions plus peur"

Notre Observatrice, Shamila (pseudonyme), a participé à cette manifestation :

Un groupe de femmes militantes a planifié cette manifestation hier en soutien au mouvement de résistance nationale dirigé par Ahmad Massoud dans le Panchir, et il y avait aussi des manifestants originaires du Panchir qui dénonçaient les attaques contre leur région.

Alors qu'on se dirigeait vers l'ambassade du Pakistan à Kaboul, plusieurs personnes nous ont rejoints en cours de route.

Les images de la manifestation, diffusées sur les réseaux sociaux, ont poussé les gens à venir plus nombreux. Au départ, on était quelques dizaines à peine, mais au bout d’un moment, environ un millier de femmes et hommes participaient à la marche [il n'est pas possible d'évaluer indépendamment le nombre de participants, NDLR].

On scandait des slogans comme "Vive l'Afghanistan", "À bas le Pakistan" ou "Même si vous nous décapitez, nous repousserons" ou encore "On veut la liberté".

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Des membres des Taliban tirent en l’air pour disperser les manifestants, mardi 7 septembre. Vidéo transmise par une de nos Observatrices à Kaboul.

La réaction des combattants talibans a été violente. Ils nous ont battus avec des matraques en fer. Ils ont tiré en l’air avec leurs fusils pour nous disperser. Mais malgré cette violence, les protestataires ont continué à manifester par petits groupes dans plusieurs zones de Kaboul.

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Un Taliban frappe une manifestante avec une matraque en fer, mardi 7 septembre. Vidéo transmise par une de nos Observatrices à Kaboul.

Nous, les femmes, nous sommes évidemment horrifiées par la réaction des Taliban. Mais lorsque nous étions ensemble et que nous chantions, nous nous sentions fortes, nous n'avions plus peur, alors même qu'ils nous frappaient.

Et il y a autre chose que nous voulons que les pays occidentaux entendent : ils ne devraient pas reconnaître le régime taliban.

"Les femmes afghanes se sont réveillées, ce ne sont plus les mêmes qu'il y a 25 ans"

Baran (pseudonyme) vit également à Kaboul.

Un Taliban m'a battu, moi une Afghane, avec une barre de fer, et pour quoi faire ? Pour défendre les Pakistanais ? Ils ont arrêté des hommes et des femmes – je ne sais pas combien exactement – qui étaient avec nous et nous ne savons pas où ils sont maintenant. Ils ont arrêté certains journalistes et supprimé les photos et les vidéos qu'ils avaient prises. Ils ont confisqué beaucoup de téléphones portables, et même les voitures de certains manifestants.

Le peuple afghan s’est désormais réveillé. Et les femmes afghanes en particulier ne sont plus les mêmes qu'il y a 25 ans. Elles n’acceptent plus de se soumettre et de rester cloîtrées  à la maison. C'est notre pays, et le Pakistan n'a aucun droit ici.  Ils ne peuvent pas proclamer un jihad contre les Panchiris, ce ne sont pas leurs affaires.

La communauté internationale doit savoir que les habitants du Panchir vivent en état de siège et qu'il est difficile de survivre comme ça.

Des manifestations similaires ont lieu dans d’autres villes d’Afghanistan, notamment à Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan.

 

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"À bas le Pakistan, à bas les terroristes", scandent les manifestants, mardi 7 septembre, à Herat. Vidéo transmise par un de nos Observateurs.

Les Taliban ont promis qu'ils laisseraient les Afghans qui le souhaitent quitter librement le pays, a annoncé mardi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, lors de sa visite au Qatar.

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