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En Hongrie, le photographe des vacances de luxe du pouvoir à son tour visé par Pegasus

Les téléphones de Daniel Nemeth ont été ciblés par le logiciel israélien de surveillance déjà utilisé par le gouvernement de Viktor Orban contre des journalistes et des opposants.

Par  (Vienne, correspondant régional)

Publié le 22 septembre 2021 à 11h17

Temps de Lecture 2 min.

Daniel Nemeth, 46 ans, est un photographe hongrois aussi discret qu’intrépide. Ces dernières années, il s’est fait un nom – à défaut d’un visage, puisqu’il fuit les honneurs – en se spécialisant dans les prises de vue du train de vie luxueux de l’entourage du premier ministre nationaliste, Viktor Orban. On lui doit notamment des clichés des vacances, sur un yacht, de son ministre des affaires étrangères, Peter Szijjarto, ou de celles de son ex-camarade de classe, Lorinc Meszaros, devenu l’homme le plus riche de Hongrie.

A chaque fois, ses photos ont déclenché un scandale dans ce pays d’Europe centrale, tant elles confirment que les proches de Viktor Orban se sont mystérieusement enrichis depuis son retour au pouvoir, en 2010. En parallèle, ces clichés semblent avoir aussi fait de lui une cible de choix pour le logiciel israélien de surveillance Pegasus, connu pour pouvoir aspirer le contenu d’un téléphone portable en toute discrétion, et dont le gouvernement Orban n’hésite pas à faire un usage extensif contre les journalistes et les opposants, comme l’ont révélé, mi-juillet, Le Monde et ses partenaires du « Projet Pegasus »

Lire aussi Article réservé à nos abonnés En Hongrie, le pouvoir vise les journalistes et les patrons de presse

Mardi 21 septembre, le site d’investigation hongrois Direkt36, également membre du « Projet Pegasus », a affirmé que les deux téléphones du photojournaliste ont été visés, tout début juillet. M. Nemeth ne figurait pas sur la liste de plus de 50 000 numéros sélectionnés comme cible par Pegasus et consultés par Le Monde et ses partenaires. Mais il a fait analyser ses appareils, après nos révélations, par le Citizen Lab de l’université de Toronto, l’un des principaux centres de recherche sur les logiciels espions, et par le laboratoire d’Amnesty International.

Législation très permissive

Ces deux centres ont confirmé l’infiltration de ses téléphones entre le 1er et le 9 juillet. A ce moment-là, conformément à ses méthodes favorites, le photographe traquait, grâce à Internet, un jet privé et un yacht connus pour être utilisés par Viktor Orban et son entourage. Il avait alors réussi à les localiser à Naples, en Italie, où il s’était immédiatement rendu. Le photographe pensait avoir pris suffisamment de précautions en utilisant une deuxième carte SIM, mais cela n’a pas suffi. Les deux numéros ont été visés, mais uniquement pendant qu’il était sur le territoire hongrois.

Contacté, le gouvernement hongrois n’a pas réagi aux révélations de Direkt36. Mais depuis les divulgations du « Projet Pegasus », il se contente de répéter que toutes les écoutes sont « conformes à la législation », qui est très permissive en Hongrie car elle permet d’écouter n’importe qui pendant trois mois, dès lors qu’il s’agit de « sécurité nationale ». Le ministre de l’intérieur et le secrétaire d’Etat chargé d’approuver les écoutes ont bien été entendus, lundi 20 septembre, par la commission parlementaire chargée de superviser les services secrets. Mais le contenu de leur intervention a été classifié jusqu’en 2050. « Ils n’ont pas nié que des responsables politiques et des journalistes ont été surveillés », a tout juste pu déclarer, en sortant, le député de l’opposition qui préside cette commission.

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