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La maire de Canteleu, Mélanie Boulanger, placée en garde à vue dans une affaire de stupéfiants

Mélanie Boulanger, la maire PS de Canteleu (près de Rouen), ainsi que dix-huit autres personnes ont été interpellées dans le cadre d’une affaire de drogue. L’un de ses adjoints serait également impliqué.

Temps de lecture: 4 min

Un coup de filet mené notamment par des policiers du RAID, sur l’agglomération rouennaise ainsi qu’en région parisienne, a conduit vendredi 8 octobre 2021 au matin à l’interpellation de dix-neuf personnes, dont la maire socialiste de Canteleu (Seine-Maritime), Mélanie Boulanger. L’élue a été placée en garde à vue dans le cadre d’une enquête menée plus précisément pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, selon une source policière.

Contacté par Paris-Normandie, le procureur de la République de Rouen, Frédéric Teillet, a confirmé cette vague d’interpellations, précisant que « cette opération est réalisée dans le cadre d’une commission rogatoire d’un magistrat instructeur du tribunal judiciaire de Bobigny », en Seine-Saint-Denis.

Héroïne, cannabis, armes

Outre la maire de Canteleu, l’un de ses adjoints a également été placé en garde-à-vue. Il s’agit d’Hasbi Colak, adjoint au développement économique, des commerces et de l’emploi, a confirmé un membre de sa famille à Paris-Normandie. « On est scié, très surpris, indique ce dernier. Je suis très proche de lui. C’est quelqu’un sans histoire. Il est marié, père de trois enfants. Quand j’ai appris sa garde à vue, j’ai cru à une erreur. Pour le moment on est dans le flou. »

Selon une source proche de l’enquête, le bilan des perquisitions menées dans le cadre de cette affaire fait état de 15 kg d’héroïne, 25 kg de produits de coupe, d’armes de poing, d’armes de guerre (mini pistolets mitrailleurs Uzi), ainsi que de 375.000 euros en espèces… «  Les écoutes téléphoniques montrent que la maire de Canteleu était en contact régulier avec les principaux suspects », d’après une source judiciaire citée par nos confrères de France Bleu.

Tête de liste aux régionales

La mairie de Canteleu (15 000 habitants) est dirigée depuis 2014 par Mélanie Boulanger, 44 ans, qui avait succédé à Christophe Bouillon (dont elle fut aussi la collaboratrice parlementaire lorsque ce dernier était député). La socialiste, née à Neuchâtel-en-Bray, est également vice-présidente de la métropole Rouen-Normandie (présidée par le maire PS de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol). Elle y est en charge des délégations jeunesse et enseignement supérieur.

Relativement discrète sur la scène politique régionale jusqu’alors, Mélanie Boulanger s’est fait connaître des Normands en tant que tête de la liste PS-EELV lors des dernières élections régionales des 20 et 27 juin, remportées par Hervé Morin.

Malgré ce déficit de notoriété et l’échec dans sa tentative de fusionner avec la liste portée par le communiste Sébastien Jumel, l’élue avait réalisé un score très honorable de 25,9 %, la plaçant certes loin derrière Hervé Morin (44,2 %), mais bousculant les pronostics en devançant le Rassemblement national (20,1 %) longtemps annoncé comme seul finaliste face au président sortant centriste.

Prudence

«  Mélanie Boulanger, à l’échelle régionale, vient d’allumer une étincelle pour la social-écologie », commentait Paris-Normandie au lendemain de ces élections régionales, qui asseyaient la maire de Canteleu dans le fauteuil de première opposante à Hervé Morin. « Je serai une opposante combative, offensive et constructive, poursuivait-elle dans Paris-Normandie après le scrutin. Si la Région veut investir dans des vieux schémas comme les EPR ou le contournement est de Rouen, nous nous opposerons. »

Récemment, Mélanie Boulanger faisait partie des responsables socialistes présents à Rouen pour assister – et applaudir – la déclaration de candidature à la présidentielle d’Anne Hidalgo. Dans la famille politique de la maire de Canteleu, le silence et la prudence sont de mise pour l’instant : que ce soit Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la Métropole, Nicolas Rouly, secrétaire du PS en Seine-Maritime, maire du Grand-Quevilly et compagnon de Mélanie Boulanger, ou encore Christophe Bouillon, aujourd’hui conseiller départemental et maire de Barentin.

David Cormand « sidéré »

Le cabinet du maire de Canteleu, quant à lui, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat.

« Je n’ai pas plus d’informations que cela, mais évidemment je tombe des nues », confie pour sa part David Cormand, député européen écologiste, ancien secrétaire national d’EELV et conseiller municipal à Canteleu. « Je connais bien Mélanie, je suis sidéré. Tout cela paraît lunaire… » Toutefois, ajoute ce dernier, « il faut se détendre : garde à vue ne signifie pas mise en examen, et même en cas de mise en examen, la présomption d’innocence prévaut. Cette garde à vue résulte peut-être simplement d’un principe de précaution, dans le cadre de ce coup de filet ».

Rappelons en effet qu’à ce stade de l’enquête, Mélanie Boulanger et Hasbi Colak demeurent présumés innocents.

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