Cancel culture : les Rolling Stones ne chantent plus "Brown Sugar", accusée de racisme

Publié le 14 octobre 2021 à 10h04
Mick Jagger à Saint-Louis, le 30 septembre dernier
Mick Jagger à Saint-Louis, le 30 septembre dernier - Source : AFP

CONTROVERSE – Décriée depuis de nombreuses années pour son portrait d’une jeune esclave noire, la chanson "Brown Sugar" ne figure pas sur la set list de la tournée américaine des Rolling Stones. Un choix à moitié assumée par Mick Jagger & co.

C’est un tube mythique des Rolling Stones. Titre d’ouverture de l’album Sticky Fingers, sorti en 1971, "Brown Sugar" a été joué un nombre incalculable de fois sur scène par le groupe. Mais alors qu’ils viennent de reprendre le volet américain de la tournée No Filter, reporté en raison de la pandémie, de nombreux observateurs ont remarqué que la chanson ne figurait pas sur leur set list.

Ces légendes du rock auraient-ils cédé à la cancel culture ? Depuis de nombreuses années, "Brown Sugar" est décriée pour ses paroles faisant référence à l’esclavage. Et à une toute jeune femme noire, "fouettée à minuit" par son propriétaire, qui attise le désir de Mick Jagger. Dénonciation maladroite ou mauvais goût ? Les avis divergent. "Je n’écrirais plus cette chanson aujourd’hui", concédait le chanteur en 1995 au magazine Rolling Stone. "Je me censurerais sans doute."

Interrogé cette semaine par Los Angeles Times sur l’absence de la chanson des premiers concerts de la tournée américaine, le chanteur semble un brin embarrassé. "Nous avons joué Brown Sugar tous les soirs depuis les années 1970, alors parfois on la retire pour voir ce que ça donne. Peut-être que nous la remettrons", précise-t-il, sans se prononcer sur le fond de l’affaire.

J’espère que nous parviendrons à ressusciter cette beauté un peu plus tard."
Keith Richards

Le guitariste Keith Richards fait, lui, moins de mystère. "J’essaie de comprendre où est le problème avec nos sœurs (noires – ndlr). N’ont-elles pas compris que c’était une chanson sur les horreurs de l’esclavage ? Certaines personnes essaient de l’enterrer", déplore-t-il. "Donc pour le moment je n’ai pas envie d’entrer en conflit avec toutes ces conneries. Mais j’espère que nous parviendrons à ressusciter cette beauté un peu plus tard."

En 2019, le producteur américain Ian Brennan, célèbre pour son travail avec le groupe touareg Tinariwen, avait dénoncé dans un article publié dans le Chicago Tribune une chanson qui, selon lui, fait la promotion de "l’esclavage, du viol, la torture et de pédophilie", demandant aux radios de ne plus la jouer et au groupe de la retirer de ses concerts. Il semble avoir obtenu gain de cause, pour le moment…


Jérôme VERMELIN

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