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Avec Guingamp et Rennes, la Bretagne se réaffirme comme une terre de football

Comme en 2009, Guingamp et Rennes s'affrontent en finale de la Coupe de France, une rencontre 100 % bretonne.

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Publié le 17 avril 2014 à 17h49, modifié le 03 mai 2014 à 14h34

Temps de Lecture 4 min.

Mustapha Yatabare exulte après son but inscrit contre Monaco en demi-finale de la Coupe de France, le 16 avril au Roudourou.

A ce compte-là, ce n'est plus la Coupe de France, mais celle de Bretagne. Epatant vainqueur de l'AS Monaco, dans la soirée du mercredi 16 avril, Guingamp vient de se qualifier pour la finale de la compétition. Après celle de 2009 où ils avaient su créer la surprise, les Costarmoricains retrouveront donc Rennes pour une nouvelle finale 100 % bretonne au stade de France, à Saint-Denis, le 3 mai prochain.

Jamais en mesure de gagner le championnat de France de Ligue 1, les clubs bretons se sont déjà rattrapés à plusieurs reprises grâce à la Coupe de France. D'abord par l'intermédiaire de Rennes (1965 et 1971), puis Lorient (2002) et donc Guingamp (2009), en attendant le match du mois prochain. « Le football reste, avec le cyclisme, le sport des Bretons », estime Georges Cadiou, ancien journaliste à Radio France et auteur de plusieurs livres sur le sport en Bretagne.

La région natale de Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, est celle qui accueille le plus de clubs en Ligue 1 (Rennes, Lorient, Guingamp), sans compter ceux de Ligue 2 (Brest) et National (Vannes). En France, cette surreprésentation se confirme aussi chez les clubs amateurs : « Nous avons même le meilleur ratio de licenciés par habitants », ajoute Jean-Claude Hillion, président de la Ligue de Bretagne de football. Dans l'absolu, avec 142 639 licenciés dans 1 110 clubs, ce territoire se classe cependant derrière l'Ile-de-France, Rhône-Alpes et le Nord-Pas-de-Calais.

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Pour Georges Cadiou, l'ancrage du football en Bretagne relève, plus qu'ailleurs, d'« un contexte politique et religieux » : « Au début du XXe siècle, on a assisté à une forme d'émulation entre les patronages laïques et les patronages catholiques. Dans la région, à l'époque, il y avait une vive opposition entre ces deux camps. Et donc, chacun voulait avoir ses propres clubs », ajoute le spécialiste.

« DEUX FOIS LA POPULATION DE LA VILLE »

Né en 1912, l'En-Avant de Guingamp résulte ainsi d'une initiative d'instituteurs laïques. Parmi ses premiers dirigeants, on retrouve par exemple le dénommé Georges Voisin, un leader départemental de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière). Le Stade rennais, lui, a été créé en 1901 par des étudiants. Là encore, il s'agit d'un club laïque.

A la création de leur club, en réalité, les précurseurs rennais cherchent davantage à rivaliser avec les joueurs britanniques de Saint-Malo qu'à pourfendre le bas-clergé breton. « Dans les années 1890, rappelle Georges Cadiou, les Britanniques ont importé le football en Bretagne auprès des enfants des classes aisées qui étudiaient dans le collège anglais de Saint-Malo. »

Le rugby, en revanche, ne connaît pas le même sort. « Ici, à Guingamp, il n'y a pas beaucoup de rugby, pas beaucoup d'autres sports que le football , constate le milieu de terrain guingampais Thibault Giresse, au club depuis 2009, et remonté en Ligue 1 seulement cette saison. Dans notre ville, l'effervescence autour du club est énorme. Je m'en rends compte les week-ends en jouant à domicile. Au stade il y a quasiment 15 000 spectateurs de moyenne, deux fois la population de la ville. »

Un jeune supporteur du Stade rennais, lors de la demi-finale de la Coupe de France face à Angers, le 15 avril au stade de la Route de Lorient.

Face à ce village costarmoricain, Rennes fait figure de mégapole avec ses 206 000 habitants. Pourtant, l'équipe de la préfecture d'Ille-et-Villaine a parfois du mal à attirer les foules : « Le public rennais est parfois versatile, selon les résultats, reconnaît Claude Loire, historien et mémoire vivante du club. Dans les tribunes, on dit souvent qu'à Rennes il manque toujours un sou pour faire un liard. »

LE CAS NANTAIS

Alors que le Roudourou de Guingamp (18 378 places) affiche un taux de remplissage de plus de 80% les soirs de Ligue 1, le stade de la route de Lorient (29 777 places), l'enceinte du Stade rennais, stagne à 62%. Sous le contrôle du milliardaire François Pinault depuis 1998, Rennes n'a jamais encore connu l'ivresse d'une qualification pour les phases finales de la Ligue des champions. Ni réellement à jouer le rôle de porte-drapeau régional.

« Echaudé par quelques transferts coûteux au début des années 2000, François Pinault est désormais plus réticent à dépenser de l'argent. Aujourd'hui, le club n'a pas le budget [45 millions d'euros] pour rivaliser avec Paris ou Monaco », ajoute Claude Loire. En 2001, Rennes avait par exemple versé 150 millions de francs (21 millions d'euros) pour le Brésilien Severino Lucas, en provenance de l'Atletico Paranaense. Un flop.

Désigné à plusieurs reprises meilleur centre de formation de France, le Stade rennais n'a pas réussi à s'appuyer sur son vivier local pour gagner le moindre trophée chez les seniors depuis la Coupe de France 1971. Entre-temps, le FC Nantes a remporté six championnats de France - ajoutés à ceux de 1965 et 1966 - ainsi que trois Coupes de France.

Mais, malgré sa proximité, ce club n'appartient pas à la Ligue de football de Bretagne depuis 1967. Logique, puisque deux décrets ont séparé le département Loire-Atlantique de la Bretagne : l’un datant de 1941 à l’époque de Vichy et l’autre, toujours en cours aujourd’hui, de 1955. Jean-Claude Hillion considère pourtant que les Canaris appartiennent bien au patrimoine du foot régional : « D'ailleurs, le château d'Anne de Bretagne est bien à Nantes, non ? », ajoute-t-il, dans un souci de précision historique.

Kamil Grosicki, buteur face à Angers lors de la demi-finale de la Coupe de France, le 15 avril.
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