Musée Maillol

Toutes les couleurs du monde dans l’œil de Steve McCurry

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Publié le , mis à jour le
Au musée Maillol, une rétrospective à la scénographie spectaculaire réunit plus de 150 clichés en grand format du photographe américain Steve McCurry (né en 1950), célèbre dans le monde entier pour son portrait de l’Afghane aux yeux verts et autres images iconiques ramenées du Moyen-Orient, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. En voici dix, extraites de ce tour du globe chargé en émotions et en couleurs éclatantes !
Steve McCurry, Nuristan, Afghanistan
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Steve McCurry, Nuristan, Afghanistan, 1979

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Mission décisive

Si Steve McCurry est célèbre pour ses couleurs vives, c’est une série en noir et blanc qui a lancé sa carrière de photographe globe-trotteur, lui ouvrant les portes de magazines comme Time et Life, et de l’agence Magnum. À 29 ans, il est le premier à témoigner pour la presse de l’invasion russe de l’Afghanistan en 1979 en suivant, infiltré dans le pays grâce à un déguisement, un groupe de moudjahidines – des islamistes qui, financés par les Américains, combattent les Soviétiques. L’air grave, les voici guettant un convoi de soldats depuis une corniche rocheuse. Au centre, un jeune garçon inquiet se prépare à tirer…

© Steve McCurry

Steve McCurry, Uttar Pradesh, India
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Steve McCurry, Uttar Pradesh, India, 1983

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L’Inde en mouvement

Steve McCurry a voyagé 80 fois en Inde. En 1983, il sillonne durant cinq mois le réseau ferroviaire indien dans un tourbillon de sons, de couleurs et d’odeurs. Cette photographie reste l’une de ses plus célèbres. Vestige de l’industrialisation coloniale, un vieux train à vapeur rouillé chargé de passagers passe devant le Taj Mahal, dont la silhouette en marbre blanc s’évapore dans un panache de fumée. L’image réunit deux symboles d’une Inde en voie d’extinction, tout en capturant ses différences de classe persistantes : une extrême pauvreté frôlant un luxueux mausolée construit par des milliers d’esclaves…

© Steve McCurry

Steve McCurry, Peshawar, Pakistan
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Steve McCurry, Peshawar, Pakistan, 1984

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Regard iconique

« Je m’intéresse moins aux combats qu’aux conséquences sociales de la guerre sur les innocents, à la détresse des réfugiés qui n’ont rien demandé mais qui ont tout perdu » explique Steve McCurry. Publié en une du magazine National Geographic en juin 1985, ce portrait dit de « l’Afghane aux yeux verts » a fait le tour du monde. Photographiée dans un camp de réfugiés au Pakistan après l’invasion de l’Afghanistan, la jeune fille au voile déchiré fixe le spectateur avec des yeux d’un vert irréel et un regard intense qui en dit long sur son calvaire. Retrouvée en 2002, Sharbat Gula, désormais mère, est rephotographiée par McCurry, le visage transformé par le temps. Illettrée, elle n’a jamais quitté le Pakistan, ni cherché à bénéficier de sa célébrité.

© Steve McCurry

Steve McCurry, Mazar I Sharif, Afghanistan
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Steve McCurry, Mazar I Sharif, Afghanistan, 1991

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Envolée poétique

Image de paix dans un pays en guerre, une nuée féerique de colombes nourries par des pèlerins volent devant l’une des perles de l’Afghanistan : la célèbre mosquée bleue de Mazar-i-Sharif, décorée de milliers de carreaux de faïence aux tons or, bleus et verts. Construit au XVe siècle pour abriter le tombeau de Hazrat Ali (4e calife de l’Islam et premier imam chiite) après son assassinat, le monument, désormais retombé sous la coupe des talibans, aurait été le théâtre de nombreux miracles…

© Steve McCurry

Steve McCurry, Al Ahmadi Oil Field, Kuwait
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Steve McCurry, Al Ahmadi Oil Field, Kuwait, 1991

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Un monde en feu

Embarqué au Koweït avec l’armée américaine en 1991, Steve McCurry découvre un spectacle infernal : des terres ravagées, embrasées par des puits de pétrole en feu. Alors que le liquide polluant se déverse dans le Golfe, des dromadaires fuient la catastrophe et l’air irrespirable. Très préoccupé par le sort de la planète, Steve McCurry cherche à provoquer une prise de conscience avec cette image, devenue un symbole de ce que l’Homme fait subir à la nature…

© Steve McCurry

Steve McCurry, Kaboul, Afghanistan
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Steve McCurry, Kaboul, Afghanistan, 1992

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Choc culturel

Quelle vision incongrue que ces Afghanes en burqa en pleine séance de shopping à Kaboul, alignées sous des grappes de chaussures de sport de marques occidentales ! Pris en 1992, ce cliché révèle les contradictions d’un pays pris entre désir de modernité et traditions liberticides prônées par l’islamisme radical. « La situation en Afghanistan n’a pas changé, commente le photographe qui a visité le pays une trentaine de fois. L’histoire se répète. Il faut faire quelque chose. Je pense surtout aux femmes. » Auxquelles les talibans, qui ont repris le contrôle du pays en août 2021, viennent justement d’interdire de voyager sans la présence d’un homme de leur famille…

© Steve McCurry

Steve McCurry, Srinagar, Kashmir
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Steve McCurry, Srinagar, Kashmir, 1996

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Paradis flotant

Glissant sur une eau vert émeraude, cette barque chargée de fleurs multicolores nous plonge dans la magie de Srinagar, capitale d’été du Cachemire, grande région du nord de l’Inde. Posée sur le lac Dhal, cette « Venise indienne » fait rêver avec ses habitations flottantes, ses temples, ses jardins moghols et sa profusion de fleurs exotiques qui, dès le mois de mars, l’envahissent de mille couleurs ! Un paradis menacé à présent que le Cachemire, qui a perdu son autonomie en 2019, est en proie à la répression politique et à l’effondrement économique…

© Steve McCurry

Steve McCurry, Havana, Cuba
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Steve McCurry, Havana, Cuba, 2010

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Couleurs cubaines

Joyau culturel de Cuba, le cœur historique de La Havane est célèbre pour ses bâtiments colorés et délabrés, vestiges de la splendeur pré-communiste de l’île. Un lieu où le temps s’est arrêté pendant des décennies de repli, d’où la présence de voitures de collection photogéniques, telles que cette vieille Trabant verte. Ce cliché représente bien le style qui a fait la renommée de Steve McCurry : des images soigneusement construites et travaillées (parfois en ajoutant ou supprimant des éléments par ordinateur, ce qui a suscité une polémique en 2016) dont il sature intensément les couleurs. Histoire de sublimer avec gourmandise les cultures éclatantes du monde entier !

© Steve McCurry

Steve McCurry, Papua New Guinea
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Steve McCurry, Papua New Guinea, 2017

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Rituel mystérieux

Depuis 25 ans, Steve McCurry, qui se considère désormais comme un « conteur » et non un photojournaliste, a délaissé les zones de guerre pour explorer les cultures lointaines. En 2017, il rend visite à la tribu Asaro, qui habite des huttes en terre isolées dans l’est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ses membres s’enduisent le corps de boue et enfilent des masques d’argile et de longs doigts de bambou pour exécuter des danses rituelles, dont le photographe capture ici le caractère énigmatique et spectaculaire.

Steve McCurry, Morondava, Madagascar
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Steve McCurry, Morondava, Madagascar, 2019

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Sanctuaire naturel

Occupés à jouer avec des cerceaux, ces enfants semblent être sous la protection spirituelle de ces grands arbres qui s’élancent royalement vers le ciel. Sur la côte sud-ouest de Madagascar, la majestueuse « allée des baobabs » regroupe quelques centaines de baobabs de Grandidier, qui peuvent mesurer jusqu’à 30 mètres de haut et 7,5 mètres de diamètre. Cette image idyllique juxtapose deux fragilités : celle des enfants, qui évoluent dans l’un des pays les plus pauvres de la planète, et celle de ces baobabs endémiques en voie de disparition. Une image pleine de sensibilité, qui appelle à protéger les plus vulnérables, mais aussi la nature qui veille sur nous depuis la nuit des temps !

© Steve McCurry

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Le monde de Steve McCurry

Du 9 décembre 2021 au 29 mai 2022

www.museemaillol.com

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