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Blanquer concède «une erreur» dans le choix de ses vacances à Ibiza

Jean-Michel Blanquer, lundi soir sur TF1.
Jean-Michel Blanquer, lundi soir sur TF1. © Thomas SAMSON / AFP
Clément Mathieu avec AFP , Mis à jour le

Empêtré depuis 24h dans la polémique autour de ses vacances à Ibiza, juste avant la rentrée de janvier et la confusion autour du protocole sanitaire dans les écoles, Jean-Michel Blanquer a reconnu "peut-être un peu une erreur" au journal de 20H00 de TF1. Le ministre de l'Education semble surtout regretter avoir prêté le flanc aux adversaires du gouvernement en pleine campagne présidentielle. 

"C'était peut-être un peu une erreur", a reconnu Jean-Michel Blanquer, lundi soir sur TF1, au terme d'une journée marquée par la polémique autour de son séjour à Ibiza, juste avant la rentrée de janvier, alors que se décidait le protocole sanitaire dans les écoles. L'annonce de ce nouveau protocole, la veille de la rentrée dans le quotidien Le Parisien, avait provoqué l'exaspération des enseignants, en pleine inquiétude suscitée par la vague Omicron. La désorganisation engendrée dans les écoles, avec des élèves devant multiplier les tests et des directeurs croulant sous les tâches administratives, puis l'allègement de ce protocole à plusieurs reprises, avaient entraîné un sentiment de confusion et de ras-le-bol chez les personnels de l'éducation. Une grève d'ampleur avait suivi le 13 janvier. Mediapart a révélé lundi soir que le ministre se trouvait à Ibiza lorsqu'il a annoncé ce protocole controversé. Ces vacances ont eu lieu quelques jours avant le mariage du ministre samedi en fin de journée à Paris en petit comité, a appris l'AFP de sources politiques.

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"Il se trouve que le lieu que j'ai choisi, j'aurais dû en choisir sans doute un autre. La symbolique, je la regrette", a dit Jean-Michel Blanquer lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale . Il a cependant affirmé qu'il n'aurait pas pris de "décisions différentes" s'il avait "été ailleurs". "C'était peut-être un peu une erreur", a-t-il concédé ensuite au journal de 20H00 de TF1, reconnaissant surtout avoir prêté le flanc aux adversaires du gouvernement en pleine campagne présidentielle, toujours en raison de la charge symbolique du lieu, synonyme de fêtes : "S’il fallait changer le lieu, oui bien sûr, je changerais. Mais sur le fond ça ne changerait rien". Le ministre a toutefois estimé que "si on regarde froidement les choses, on ne doit pas non plus tous les jours battre sa coulpe parce que les adversaires ont envie de vous déstabiliser". "Est-ce que c’est normal ou pas de prendre des vacances pour un membre du gouvernement ? Personne ne peut penser que c’est parfaitement anormal. J’ai pris 4 jours de congé et j’ai travaillé pendant ces 4 jours. Ça fait deux ans que je me donne corps et âme pour garder l’école ouverte. Je me bats pour ça depuis deux ans", a affirmé Jean-Michel Blanquer, avant d'ajouter : "Est-ce que j’ai enfreint des règles ? La réponse est non". 

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Le directeur de cabinet de Castex aurait déconseillé à Blanquer de se rendre aux Baléares

La polémique fragilise un ministre de l'Education déjà mis à mal par une grève très suivie. Pour les syndicats enseignants, ces vacances sont "un symbole terrible". "Ça creuse encore plus le fossé qui existait déjà entre le ministre et ses personnels", a réagi auprès de l'AFP Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. C'est "le symbole d'une grande désinvolture et d'une grande légèreté", renchérit Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges, lycées). Pour Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, "cette révélation est l'illustration de la distance et du décalage du ministre avec la réalité sanitaire". Les révélations de Mediapart interviennent avant une nouvelle journée de mobilisation et de grève dans les établissements scolaires jeudi, à l'appel de plusieurs syndicats, pour demander "des réponses fortes" face au "chaos" engendré par la crise du Covid. "Il y a vraiment une perte de légitimité et de crédibilité de ce ministre", qui "n'est plus digne de sa fonction", estime Guislaine David. "Il va falloir calmer la colère des enseignants".

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Du côté de la classe politique, la gauche réclame à nouveau sa démission. "Trop c'est trop. Jean-Michel Blanquer doit démissionner", a réagi la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, dans un tweet. Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a évoqué un "niveau de mépris et d'irresponsabilité (qui) n'est pas acceptable". "On est en période présidentielle, donc le mot démission sera prononcé par bien des candidats très souvent", a réagi M. Blanquer sur TF1. A droite, Othman Nasrou, vice-président de la région Île-de-France et porte-parole de la candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse, a appelé le ministre à "s'expliquer sur les circonstances et les raisons de ce fiasco".

Jean-Michel Blanquer a toutefois reçu le soutien du Premier ministre . "J'ai donné des instructions claires: ne pas être à plus de deux heures, deux heures trente de Paris et être joignable à tout moment. Est-ce que M. Blanquer a respecté ces instructions? La réponse est oui", a affirmé Jean Castex à des journalistes, en marge d'un déplacement dans une brasserie parisienne. "Est-ce que les ministres pouvaient prendre quelques jours de repos pendant les vacances de Noël? La réponse est évidemment oui, ne serait-ce que pour être d'attaque à la rentrée", a-t-il expliqué, soulignant que le ministre de l'Education était "parti quelques jours en congés à un moment où toutes les écoles, collèges et lycées étaient fermés". Et le chef du gouvernement de conclure : "Est-ce que le fait que M. Blanquer ou certains collègues aient été en vacances nous a empêché de prendre les décisions dès que nous avions le matériau et les éléments nécessaires? La réponse est non, l'appareil d'Etat a fonctionné". Selon une source de l'AFP au sein de l'exécutif confirmant une information de Politico, Nicolas Revel, le directeur de cabinet du Premier ministre Jean Castex, avait déconseillé à M. Blanquer de se rendre aux Baléares au vu du contexte.

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