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CBD : le Conseil d’État invalide l’interdiction de vendre les fleurs, un soulagement pour les professionnels

Le Conseil d’État a décidé d’invalider la décision d’interdire la vente de fleurs et de feuilles brutes de CBD (produits dérivés du cannabis). Il pointe un « doute sérieux sur la légalité » de la mesure. Les commerçants et exploitants de la région se disent soulagés.

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L’arrêté n’était pas passé depuis 12 heures que Kevin Knut, producteur à Mametz, près de Saint-Omer, avait déjà remis tous ses produits en magasin. Lundi soir, le Conseil d’État a décidé de suspendre la décision du gouvernement d’interdire la vente de fleurs et de feuilles brutes de CBD. Cette plante dérivée du cannabis, appelée aussi cannabidiol, sans effet psychotrope et qui aurait des bénéfices pour la santé, a été interdite à la vente notamment car elle serait trop difficile à distinguer des plants de cannabis. Une décision fortement contestée par les exploitants, mais aussi les commerçants, qui la considéraient contraire à la loi européenne.

« Le juge des référés du Conseil d’État estime qu’il existe un doute sérieux sur la légalité de cette mesure d’interdiction générale et absolue en raison de son caractère disproportionné », est-il expliqué dans le texte. La suspension est un véritable soulagement pour les exploitants et les commerçants.

Kevin Knut a commencé à exploiter le CBD car « [sa] mère était malade, et j’avais lu des études sur les bienfaits que ça avait ». Après deux ans à produire sur Wavrin, il a délocalisé ses 4 000 plants sur un terrain agricole de Mametz, dans l’Audomarois, au printemps. « Nous avons pu ouvrir une boutique dans le même village, avec l’appui de la mairie. »

65 ans de moyenne d’âge

Moyenne d’âge de ses clients ? 65 ans. « Nous nous positionnons vraiment sur le créneau bien-être, bienfaits sur la santé, avec cette touche locale que peu de magasins ont. » En effet, tous les ans, l’entreprise ramasse 600 kg de CBD, qu’il transforme ensuite en tisanes, huiles, et bientôt cookies, dans le laboratoire accolé aux serres d’exploitation.

Kevin Knut peut faire pousser 4000 plants dans ses serres, mais il ne les exploitent pas en hiver. PHOTO PASCAL BONNIERE
Kevin Knut peut faire pousser 4000 plants dans ses serres, mais il ne les exploitent pas en hiver. PHOTO PASCAL BONNIERE - VDNPQR

Pendant plus de trois semaines, il a dû retirer toutes les fleurs brutes qu’il vendait dans sa boutique « CBD du Nord » et sur internet. « Nous n’avons gardé que les fleurs de CBG, car elles ne sont pas mentionnées dans l’arrêté. Nous suivons la loi à la lettre », martèle-t-il. Cet ancien agent de sécurité a remarqué sur cette période une baisse de la clientèle. « On a même des gens qui nous appellaient pour savoir s’ils pouvaient nous en acheter au black », interpelle la vendeuse dans le magasin. Dès l’ouverture de sa boutique, ce matin, une cliente s’est précipitée pour se réapprovisionner en fleurs et feuilles. « On sent qu’ils attendaient l’arrêté », a-t-il remarqué.

Et les commerçants également. « On pouvait continuer de vendre aux professionnels (il vend notamment des huiles à l’industrie pharmaceutique). Mais si ça avait duré longtemps, ça nous aurait mis une épine dans le pied. »

Une partie des huiles est revendue à l’industrie pharmaceutique. PHOTO PASCAL BONNIERE
Une partie des huiles est revendue à l’industrie pharmaceutique. PHOTO PASCAL BONNIERE - VDNPQR

Ce n’est pas la première fois que l’État souhaite limiter la consommation de CBD en France. En novembre 2020, la Cour européenne de justice avait rejeté l’interdiction du cannabidiol en France, en estimant qu’il ne pouvait être considéré comme une drogue.

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