Accéder au contenu principal
EXCLUSIF

"Mes amis ont été tués, j'ai très peur" : un enfant de jihadistes détenu en Syrie témoigne

France 24 a pu se procurer auprès de l'ONG Human Rights Watch le témoignage d'un enfant de jihadiste, détenu dans la prison de Hassaké, au cœur de combats entre les forces kurdes et l'organisation État islamique. La bataille, qui dure depuis plusieurs jours, suscite de vives inquiétudes dues aux centaines de mineurs, dont beaucoup d'étrangers, qui y sont encore détenus.

Un mineur australien, enfant de jihadiste détenu en Syrie, a raconté le chaos à la prison d'Hassaké, le 28 janvier 2022, via un enregistrement fourni à France 24 par l'ONG Human Rights Watch.
Un mineur australien, enfant de jihadiste détenu en Syrie, a raconté le chaos à la prison d'Hassaké, le 28 janvier 2022, via un enregistrement fourni à France 24 par l'ONG Human Rights Watch. © France 24
Publicité

C'est un témoignage rare qu'est parvenu à obtenir France 24. Un mineur australien, enfant de jihadiste détenu dans la prison de Hassaké (nord-est de la Syrie), s'est exprimé, vendredi 28 janvier, dans un enregistrement fourni par l'ONG Human Rights Watch. Il raconte sa peur et le chaos autour de lui après des combats entre les forces démocratiques syriennes (FDS) et les jihadistes souhaitant prendre le contrôle de la prison.

"J'ai 17 ans, j'ai besoin d'aide, on est bombardé de tous les côtés par les Kurdes et les avions", raconte cet adolescent détenu dans la prison syrienne. "J'ai vu beaucoup de corps d'enfants, mes amis ont été tués, j'ai très peur, je suis seul".

Spécialiste des mouvements jihadistes à France 24, Wassim Nasr explique que ce témoignage - qui n'est qu'un extrait de plusieurs enregistrements fournis - décrit une situation que l'on soupçonnait. Témoignant aux premières heures du combat, on ne sait pas, depuis, ce que ce jeune homme est devenu, ni combien d'enfants ont été tués dans cette prison.

>> À lire - En Syrie, auprès des enfants de jihadistes qui attendent d'être rapatriés en France

Environ 700 enfants de jihadistes sont détenus dans la prison de Hassaké, dont 150 de nationalités non arabes, précise Wassim Nasr, qui ajoute que Human Rights Watch a également pu communiquer avec un enfant américain et un enfant britannique.

"Ces mineurs ont été capturés en 2019. Ils n'ont pas fait ce choix et sont dans une situation de vide judiciaire parce qu'ils sont en détention, mais ne sont pas non plus jugés. Ils ne peuvent pas être avec leur mère dans les camps de réfugiés même s'ils sont occidentaux, et leurs pays ne veulent pas d'eux : ils sont donc parqués dans ces prison ad vitam aeternam".

"Des enfants qui grandissent en vase clos"

Quelle politique pour ces enfants de jihadistes ? En France, le traitement se fait au cas par cas. Cependant, lorsqu'il s'agit d'adolescents ou de pré-adolescents, il n'y a pas de rapatriement, explique Wassim Nasr. "Actuellement, on estime entre 220 et 230 Français mineurs en Syrie, dont 75% ont moins de six ans. Ce sont des enfants qui grandissent en vase clos dans ces camps, sans aucune perspective en termes d'éducation ou de santé". 

Un problème majeur alors que les prisons sont fréquemment attaquées par les groupes jihadistes. Selon Wassim Nasr, la prison de Hassaké avait déjà fait l'objet d'une tentative d'attaque par les jihadistes du groupe État islamique le 21 novembre dernier. Une tentative qui avait été déjouée par les forces américaines. " C'est donc une situation chaotique qui n'était pas imprévisible et qui pourrait se répéter", affirme le journaliste de France 24, ajoutant qu'en atteignant leur but à Hassaké, les jihadistes sont parvenus à libérer quelques chefs qui sont aujourd'hui dans la nature. Une situation inquiétante pour tous les mineurs détenus qui se trouvent aujourd'hui entre deux feux.

Inquiétante pour leur vie, mais aussi pour ce qu'ils pourraient devenir s'ils venaient à être libérés par les jihadistes. "Tant qu'ils n'ont pas d'autres perspectives, on peut s'attendre à tout", explique Wassim Nasr. "Un enfant qui a été arrêté par les Kurdes avec ses parents à 12 ans, et qui aujourd'hui, à 15 ans, est encore en prison, sans perspective, si ceux qui le libèrent sont des jihadistes, évidemment qu'il va les rejoindre."

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

Emportez l'actualité internationale partout avec vous ! Téléchargez l'application France 24

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.