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Masques, gants, kits de tests… Les déchets médicaux liés au Covid inquiètent l’OMS

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
L’agence des Nations unies pour la santé a comptabilisé les équipements expédiés dans le monde pour répondre à la pandémie. En résulte une pollution supplémentaire, notamment plastique, difficile à contenir.
par LIBERATION et AFP
publié le 1er février 2022 à 11h14

La montagne de déchets médicaux liés au Covid-19 continue à grandir. De quoi susciter l’inquiétude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la santé et l’environnement. Dans un nouveau rapport publié ce mardi, l’institution se penche sur les quelque 87 000 tonnes d’équipements de protections individuelles expédiés entre mars 2020 et novembre 2021 à travers le monde par les Nations unies pour aider les pays, en particulier les plus défavorisés, à faire face à la pandémie.

Résultat : plus de 140 millions de kits de test, susceptibles de générer 2 600 tonnes de déchets non infectieux (principalement du plastique) et 731 000 litres de déchets chimiques (soit l’équivalent du tiers d’une piscine olympique) ont été expédiés. Environ 97% des déchets plastiques issus des tests ont été incinérés.

Quant aux 8 milliards de doses de vaccin administrées dans le monde, elles ont produit 144 000 tonnes de déchets supplémentaires sous forme de seringues, d’aiguilles et de caisses de sécurité.

Des déchets difficiles à gérer

Et encore, les dizaines de milliers de tonnes de déchets médicaux dont parle le rapport de l’OMS ne représentent qu’une petite fraction du volume mondial des déchets, l’étude ne prenant pas en comptant les équipements qui n’ont pas été envoyés via l’ONU.

Selon une récente étude décryptée par Libération, 11 millions de tonnes de déchets supplémentaires ont été produites dans le monde depuis le début de la pandémie, dont 34 000 tonnes directement déversées dans l’océan. Les effets sur la faune marine sont de plus en plus visibles. Des masques ont été retrouvés accrochés à des poissons et des crabes, ou encore dans l’estomac d’un pingouin mort au Brésil. De petits poissons, eux, s’asphyxient en entrant dans les gants en latex.

Ces déchets médicaux supplémentaires, qui résultent de la riposte à la pandémie, mettent à rude épreuve les systèmes de gestion des déchets dans le monde entier.

D’autant que selon le rapport de l’OMS, trois établissements de santé sur dix dans le monde ne disposent pas de systèmes de tri des déchets. Dans les pays les moins développés, moins de un établissement de santé sur trois dispose d’un service de base de gestion des déchets médicaux.

Trop de gants

Pour réduire les déchets, l’Organisation mondiale de la santé suggère plusieurs solutions. Elle propose de créer des emballages plus petits et plus durables et de fabriquer en général des équipements à base de matériaux renouvelables. Envoyer les déchets médicaux dans les décharges devrait être la solution de dernier recours, indique le document.

Le rapport appelle également à développer des masques qui puissent être utilisés plusieurs fois ou qui puissent être mis au compost. En France, le recyclage de ces protections se développe timidement à échelle locale.

Enfin, l’OMS insiste en particulier sur les gants qui, dans le cadre de la lutte contre la pandémie, constituent en termes de volume la plus grande proportion des déchets issus d’équipements de protection individuelle achetés à travers l’ONU. Bien que l’agence onusienne ne les recommande pas pour l’administration des vaccins, «cela semble être une pratique courante», observe le rapport.

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