L'Indonésie change de capitale pour raisons climatiques

Une projection de la nouvelle capitale. ©AFP
Une projection de la nouvelle capitale. ©AFP
Une projection de la nouvelle capitale. ©AFP
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Le Parlement ayant acté, le 18 janvier dernier, le transfert du pouvoir administratif… de l’île de Java à celle de Bornéo.

Située à l'extrémité nord-ouest de l’île de Java, elle est la plus grande métropole de l’Asie du Sud-est. L’une des cités les plus peuplées au monde. Puisqu’elle comptabilise 10 millions d’habitants ; et une conurbation de 30 millions d’âmes. Surtout : depuis 1949, depuis la fin de la guerre d’indépendance, elle jouit du statut envié et mérité de capitale du pays. Un statut jusque-là incontesté.

Et Maintenant ? L’Indonésie change de capitale. Encore plus ambitieux : elle en crée une de toutes pièces ; une ville nouvelle ! Le Parlement ayant acté, le 18 janvier dernier, le transfert du pouvoir administratif… de l’île de Java à celle de Bornéo. A plus de 1.500 kilomètres de distance, dans une ville qui devrait sortir de terre d’ici 2045. Une ville nouvelle située en plein cœur de la jungle tropicale. Son nom ? Nusantara. En français : "Archipel". Un nom à l’image de la géographie du pays. François Gemenne, Spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations, directeur de l’Observatoire Hugo à l’université de Liège, nous trace le récit de ce projet pharaonique, à 33 milliards de dollars …soi-disant intelligent et zéro émission.

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Alors si le déménagement complet pourrait prendre 15 à 20 ans. Si Jakarta restera bel et bien le centre, le poumon économique du pays. Une question reste pendante : pourquoi ? Pourquoi changer de capitale ? Selon François Gemenne, la première raison est environnementale.

Une ville saturée 

Et en effet : présentement, Jakarta est devenue irrespirable, saturée de pollution. Surexposée, aussi, aux catastrophes naturelles. Ainsi les inondations, impressionnantes, s’abattent et s’engouffrent dans la métropole à échéances régulières, engendrées par les pluies diluviennes, par la montée des océans et par l’affaissement de sa zone côtière sous le niveau de la mer. Chaque année, Jakarta perd en effet 18 centimètres d’altitude, du fait notamment du pompage massif des eaux souterraines.

Le résultat : 20 % de la mégalopole se trouve sous le niveau de la mer. Une proportion qui devrait doubler d’ici à 2050. La localisation de Nusantara, elle, est normalement à l’abri des catastrophes naturelles. Alors, est-ce que ce type de déménagements va se multiplier ?

En 1999, la Malaisie a décidé de créer une extension de capitale en fondant Putrajaya à 20 km de Kuala Lumpur, car cette dernière était devenue irrespirable. Plus tôt encore, en 1961, le Belize, alors Honduras britannique, avait aussi créé une capitale nouvelle, Belmopan, pour se tenir à l’écart des ouragans. Mais comme l’explique François Gemenne : l’Indonésie est la toute première à pointer directement le réchauffement climatique.

Preuve que nos cartes, nos territoires, nos frontières humaines et naturelles, notre géographie tout entière sont sur le point d’être redessinés, engloutis, déplacés. La légende d’Ys n’est plus un mythe.

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