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Missak Manouchian, apatride mais français par le sang versé

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Un comité s’est constitué pour l’entrée du chef des FTP-MOI au Panthéon, où ne figure aucun représentant de la résistance communiste à l’occupant nazi. Tout un symbole au moment où un polémiste qui en a flétri la mémoire est bien placé dans la course à la présidentielle.
par Eve Szeftel
publié le 21 février 2022 à 6h51

«Vous avez hérité de la nationalité française, nous, nous l’avons méritée.» La scène se passe à l’hôtel Continental à Paris, le 15 février 1944. S’appuyant sur les Brigades spéciales des renseignements généraux de la préfecture de police de Paris, les nazis sont venus à bout du «groupe Manouchian» qui, depuis deux ans, harcèle les troupes d’occupation. Les nouveaux maîtres de l’Europe se croyaient tout-puissants, mais voilà que, recourant à une tactique de guérilla urbaine rudement efficace, une soixantaine de jeunes gens aux noms difficiles à prononcer et mal armés exécutent en deux ans une trentaine de soldats et dignitaires allemands dans la capitale. Ce 15 février, une parodie de procès est organisée dans le Grand Hôtel de la rue Scribe. Face à la presse collaborationniste qui le conspue, Missak Manouchian prononce cette phrase qui résonne jusqu’à aujourd’hui. Quelques jours plus tard, le 21 février 1944, il est fusillé au Mont-Valérien, en même temps que 21 de ses camarades. Il a 37 ans.

Rescapé du génocide arménien, cet ouvrier et poète, qui suit des cours à la Sorbonne en auditeur libre, a immigré en France en 1925, à l’âge de 19 ans. Dans la foulée du 6 février 1934, il s’engage au PCF, puis se porte volontaire pour combattre sur le front, en 1941. Après la rupture du pacte germano-soviétique, le Parti dirigé par Jacques Duclos se lance dans la lutte armée, et les différentes organisations déjà présentes sur le territoire fusionnent bientôt pour donner les FTP.

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