LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Ils immortalisent les glaciers pour le futur

Caroline Audibert , Mis à jour le

Des scientifiques collectent les archives climatiques des glaciers de la planète. Pour mieux en comprendre les bouleversements, notamment l’augmentation du CO2.

Depuis la mission initiale conduite en 2016 sur le massif du Mont-Blanc, l’opération Ice Memory a entrepris d’échantillonner une vingtaine de glaciers représentatifs de l’ensemble du globe. Au prix de forages réalisés dans les profondeurs des glaciers, les équipes scientifiques d’Ice Memory ont prélevé deux longs cylindres de glace de chacun des cinq premiers glaciers de la liste. De la surface au socle rocheux du glacier, chaque carotte dépasse les 100 mètres de long. Elle contient des bulles d’air et des particules déposées, hiver après hiver, pendant des centaines et des milliers d’années. Elle constitue un témoignage unique de l’histoire climatique de la Terre. Dominant la cordillère des Andes, les glaces de l’Illimani peuvent raconter l’histoire de l’Amérique du Sud depuis le dernier âge glaciaire, il y a 20 000 ans. En Sibérie, le glacier du mont Belukha a compilé 15 000 ans d’histoire du climat de cette région continentale tandis que celui du Mont-Blanc n’a enregistré que deux siècles de fluctuations, du fait de sa morphologie et des conditions climatiques différentes.

Publicité

Les "carottes patrimoines" sont destinées à la science du futur

Séparés en tronçons d’un mètre puis descendus en hélicoptère, ou à dos d’homme dans les Andes, pesant parfois plusieurs tonnes, ces échantillons sont entreposés dans des chambres froides. Tandis que les premières carottes de référence sont en cours d’analyse, les « carottes patrimoines » sont gardées intactes : on les destine à la science du futur. D’ici quelques années, ces carottes prendront la direction de l’Antarctique, où elles seront conservées sans risque d’aléas énergétiques. À l’image de la chambre forte de graines creusée dans une île de l’archipel norvégien du Svalbard, la future « carothèque » de la station franco-italienne Concordia les maintiendra dans le froid constant (– 54 °C) de ses caves polaires… Pour que dans cent ans, dans mille ans, les futurs scientifiques puissent rouvrir ces grimoires, relire l’histoire climatique de la Terre et, peut-être, réaliser des découvertes inimaginables aujourd’hui pour le bénéfice de l’humanité de demain.

La suite après cette publicité

Lire aussi. Avant/Après : 6 photos de la Nasa pour se rendre compte de la fonte des glaciers

La suite après cette publicité

Au pavillon de la cryosphère, lors de la Cop26, la Fondation Ice Memory a présenté ses prochaines missions. Car il manque encore à cette collection inédite les échantillons des glaciers emblématiques des régions de l’Himalaya, d’Europe du Nord, ainsi que l’ultime glacier africain, celui du Kilimandjaro, qui contiendrait les traces de l’évolution du climat de cette région sur les 20 000 dernières années. Mais le temps presse, comme l’a montré la mission avortée dans les Alpes suisses : les glaces du Grand Combin avaient déjà coulé vers la vallée, laissant les glaciologues bredouilles et un peu amers.

Contenus sponsorisés

Publicité