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Réfugié en Allemagne, l’écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija se dit « libéré »

L’auteur dit avoir été torturé après son arrestation pour insultes envers le président Yoweri Museveni et son fils, le général Muhoozi Kainerugaba.

Le Monde avec AFP

Publié le 23 février 2022 à 17h15, modifié le 24 février 2022 à 11h14

Temps de Lecture 3 min.

L’écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija devant le tribunal à Kampala, le 1er février 2022.

« Je suis libéré des mâchoires du crocodile », s’est réjoui l’écrivain Kakwenza Rukirabashaija, arrivé mercredi 23 février en Allemagne après avoir fui l’Ouganda, où il dit avoir été torturé après son arrestation pour insultes envers le président Yoweri Museveni et son fils. Kakwenza Rukirabashaija avait fui clandestinement l’Ouganda le 9 février, franchissant la frontière avec le Rwanda à pied, avant de gagner un autre pays du continent.

« Je n’étais pas en sécurité en Afrique depuis que les dictateurs collaborent pour expulser les dissidents. Maintenant que je suis en Allemagne, je me sens vraiment protégé », a-t-il déclaré à l’AFP dans des échanges via WhatsApp. « Je vais pouvoir recevoir les soins médicaux dont j’ai besoin puis, après mon rétablissement, décider de la marche à suivre », a-t-il ajouté.

Kakwenza Rukirabashaija avait été arrêté le 28 décembre 2021, puis inculpé de « communication offensante » envers le président Yoweri Museveni et son fils, le général Muhoozi Kainerugaba, dans une série de tweets. Il y qualifiait notamment d’« obèse » et de « rouspéteur » le général, que beaucoup voient comme le successeur de son père, au pouvoir depuis 1986 et âgé de 77 ans.

Libéré sous caution le 26 janvier, l’écrivain de 33 ans a fui son pays deux semaines plus tard, alors que son procès devait débuter le 23 mars. Il affirme avoir fui pour faire soigner les blessures subies en détention, durant laquelle il dit avoir été torturé et peut-être empoisonné.

Mystérieuses injections

« On m’a injecté une substance inconnue six fois toutes les six heures et on m’a fait prendre dix-sept comprimés, racontait-il à l’AFP dans un entretien au lendemain de son départ d’Ouganda. On m’a diagnostiqué des reins endommagés, des côtes contusionnées et un syndrome de stress post-traumatique. J’ai besoin de soins médicaux hors d’Ouganda. »

Lors d’une interview à la télévision ougandaise, il avait montré son dos strié de nombreuses cicatrices, ainsi que d’autres marques sur plusieurs autres parties de son corps. Malgré son exil, l’auteur entend continuer à lutter contre le pouvoir en place en Ouganda.

« Il faut que je rejoigne l’avant-garde et que nous envoyions le dictateur et son fils (…) faire leurs valises. Les Ougandais doivent être libres dans notre pays », a-t-il déclaré dans ses échanges mercredi à l’AFP.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé le 11 février les autorités ougandaises à « abandonner (…) toutes les charges retenues contre l’auteur » et à ce que « tous les membres de la sécurité impliqués dans sa torture et sa disparition forcée soient tenus pour responsables ».

Selon HRW, les poursuites contre Kakwenza Rukirabashaija illustrent la répression menée, au nom de la « Loi sur l’utilisation abusive des ordinateurs », contre les personnes critiquant le gouvernement dans ce pays d’Afrique de l’Est.

« Intimidation »

Pourfendeur affiché du pouvoir, Kakwenza Rukirabashaija a publié en 2020 The Greedy Barbarian (non traduit en français), roman satirique salué par la critique qui décrit un pays imaginaire gangrené par la corruption. Il a reçu en 2021 le prix PEN Pinter, attribué à un auteur persécuté pour avoir exprimé ses convictions.

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Arrêté à plusieurs reprises, il affirme avoir par le passé été torturé lors d’interrogatoires au sujet de son ouvrage. Il a décrit ses séjours en détention comme « inhumains et dégradants » dans son dernier livre Banana Republic : Where Writing is Treasonous (non traduit en français).

Le président de l’organisation PEN en Allemagne, Denis Yücel, s’est félicité de son arrivée dans le pays. « Lorsque des régimes autoritaires persécutent d’éminents critiques, il ne s’agit pas seulement d’individus, mais toujours de l’intimidation de sociétés entières », a-t-il souligné.

Ces dernières années ont été marquées en Ouganda par une répression contre des journalistes, des incarcérations d’avocats ou le musellement de dirigeants de l’opposition. Le 7 février, l’Union européenne (UE) a demandé une « enquête complète » sur les violations des droits humains dans le pays, s’inquiétant de « la hausse importante des informations sur des cas de torture, d’arrestations arbitraires, de disparitions forcées, de harcèlement et d’attaques contre des défenseurs des droits de l’homme, des membres de l’opposition » ou des militants écologistes.

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