Tchétchénie, 1995. Trois combattants tchétchènes montent à l’assaut sous le feu russe © Patrick Chauvel

L’album RSF 100 photos pour la liberté de la presse revient sur la carrière de Patrick Chauvel

Hommage à 50 ans de carrière de l'un des plus grands reporter photo français

RSF (Reporters Sans Frontières) publie le 3 mars son nouvel album 100 photos pour la liberté de la presse consacré à Patrick Chauvel, légende du reportage de guerre, qui a couvert les conflits les plus marquants des dernières décennies. Une plongée dans la réalité du métier de reporter de guerre au cœur des épisodes tragiques qui ont laissé leur empreinte dans l’Histoire.

Créé en 1985, Reporters sans frontières se mobilise pour l’indépendance et le pluralisme du journalisme. Cette organisation de référence soutient les journalistes sur le terrain par des actions phares, allant des campagnes de mobilisation aux aides et dispositifs de sécurité matérielle. Chaque année, RSF publie le Classement mondial de la liberté de la presse devenu un outil précieux qui permet d’établir un état des lieux de la situation du journalisme à travers le monde.

Patrick Chauvel et l’album RSF 100 photos pour la liberté de la presse

La couverture du tout premier numéro de RSF 100 photos pour la liberté de la presse illustre une scène de guerre : un jeune homme grièvement blessé au Cambodge lors d’un reportage.

Couverture du premier numéro de RSF 100 photos pour la liberté de la presse, sorti en avril 1993

L’homme sur l’image n’est nul autre que… Patrick Chauvel lui-même. 30 ans plus tard, RSF met à l’honneur sa carrière et quelques-unes de ses photos les plus fortes pour un album inédit. Ce magazine est aussi le premier ouvrage photographique de Patrick Chauvel avec une formule imaginée avec le studio de création de Valence.

Ce dernier numéro revisite à travers 100 photos la carrière exceptionnelle de Patrick Chauvel au fil des soubresauts de l’Histoire. En 50 ans de carrière, le reporter a couvert plus de 30 conflits ouverts et réalisé des milliers d’images délivrant autant de fragments d’histoire. Au péril de sa vie, il est parvenu à immortaliser les armées se livrant à un combat sans merci, les visages marqués des populations civiles, les paysages dévastés et transformés en champs de guerre.

Salvador, 1980. Une femme enceinte fuit les tirs avec ses enfants lors des obsèques de l’archevêque Romero © Patrick Chauvel

Des reportages à hauts risques

Photographe, documentariste et écrivain, Patrick Chauvel a capturé les temps forts qui ont marqué la deuxième moitié du XXe siècle et le début du XXIe.

Il fait ses premiers pas de reporter lors de la guerre des six jours en Israël puis au Vietnam en 1968 où il se retrouve dans la jungle avec des patrouilles de reconnaissance. Cette expérience lui permet de vendre ses premières photos aux agences Associated Press et Reuters. En 1975, le reporter entre à l’agence Sygma, couvre des guerres d’indépendance en Erythrée et en Angola avant de partir au Liban. Photographe désormais reconnu, il devient ensuite l’un des collaborateurs de Newsweek. Conflits en Irlande, en Tchétchénie, guerre d’indépendance au Mozambique, guerre contre les Khmers rouges, le photographe est sur tous les fronts. Plus récemment, il a couvert le retour des Talibans en août 2021 en Afghanistan.

Erythrée, 1975. Combattante du Front de libération de l’Erythrée © Patrick Chauvel
Cambodge, 1974. L’infanterie des forces gouvernementales monte à l’assaut sous le feu des Khmers rouges qui encerclent la capitale cambodgienne © Patrick Chauvel

Celui qui se définit comme « un rapporteur de guerre » a révélé la férocité des combats, la vulnérabilité des populations, les pays dévastés. Dans l’une de ses photos, on perçoit la solitude d’une petite fille sur un char russe détruit par les combattants tchétchènes, livrée à elle-même en Tchétchénie. Dans d’autres photos, on peut apercevoir un soldat transporter un enfant blessé ou l’évacuation d’une famille en pleine tempête de sable en 2019 en Syrie.

Reporter de guerre, métier fragile et dangereux

Ses reportages témoignent aussi de la fragilité du métier de reporter. Patrick Chauvel a risqué à plusieurs reprises sa vie pour couvrir les guerres du monde. Accusé d’espionnage, il est emprisonné en 1978 lors d’une offensive à Beyrouth par la Saiqa, un groupe palestinien contrôlé par la Syrie, avant d’être libéré grâce à l’intervention de l’Ambassade de France. Prisonnier des Khmers rouges au début des années 80, il échappe de justesse à une exécution.

Iran, 1979. La garde impériale iranienne, corps d’élite de l’armée du shah d’Iran, lors d’une démonstration de force dans les rues de Téhéran © Patrick Chauvel

En dévoilant les œuvres de Patrick Chauvel, RSF illustre les conditions difficiles d’exercice du métier et les prises de risque continues pour révéler l’information au public. Ce dernier numéro met en évidence la nécessité du métier de reporter et de l’importance cruciale de la liberté de la presse. Comme le reporter l’exprime lui-même : « C’est à nous journalistes, de rechercher la vérité et de la diffuser par tous les moyens. » L’objectif : informer et éveiller la conscience humaine au plus près de la vérité des faits.

C’est à nous, journalistes, de rechercher la vérité et de la diffuser par tous les moyens. Face à la fatalité des événements, notre jugement est soumis à rude épreuve et l’œil du photographe ne transmet que ce qu’il voit : un instantané de guerre. Mais comme il y a toujours plusieurs photographes, plusieurs journalistes sur un même conflit, cette succession de témoignages finira par raconter « l’histoire-bataille », au plus près de la vérité des faits.

Patrick Chauvel
Irlande du Nord, 1972. Affrontement entre les catholiques et l’armé anglaise dans le Bogside à Derry © Patrick Chauvel

Dans les années 90, Patrick Chauvel réalise également des documentaires explorant tour à tour des sujets difficiles : les traumatismes des enfants tchétchènes, les violences faites aux femmes en Algérie, etc.

Revue RSF, pour soutenir la liberté de la presse

Ce numéro de RSF est également accompagné d’éclairages inédits écrits par des amis du photographe et des légendes de la profession : James Nachtwey, Jean-Marc Barr, Rémy Ourdan, un ancien correspondant de guerre nord vietnamien et bien d’autres.

En achetant ce numéro, vous soutenez la liberté de la presse et la liberté d’exercer le métier de reporter de guerre. Le numéro 69 de RSF 100 Photos pour la liberté de la presse est disponible à partir du 3 mars au tarif de 9,99 € sur le site de RSF et à la Fnac. L’ensemble des bénéfices sont reversés à l’ONG RSF.

#AlbumRSF - Patrick Chauvel, légende du reportage de guerre