Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant au lycée Henri-IV »

« Premières fois » : récits de moments charnières autour du passage à l’âge adulte. Cette semaine, Tony évoque sa scolarité au lycée Henri-IV et le choc social qu’il y a vécu en intégrant cet établissement parisien en seconde.

Par 

Publié le 14 mars 2022 à 17h00, modifié le 06 septembre 2022 à 14h49

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

La première fois que j’ai compris qu’il existait des lycées plus réputés que d’autres, c’était en discutant avec ma professeure de français de 3e, au collège Lamartine de Crémieu (Isère). Elle m’incitait à postuler dans un lycée plus prestigieux que celui de mon secteur, expliquant que ma moyenne – entre 18 et 19 – me le permettait.

Ni mes parents ni mon entourage n’avaient eu cette idée. La nuit, il m’arrivait d’aider ma mère dans le cinéma ou dans les écoles où elle travaillait comme femme de ménage. Aîné d’une fratrie de six enfants, je n’avais alors aucune envie de quitter l’Isère.

Par curiosité et aussi pour faire plaisir à ma prof, je cherche quand même quels sont les « meilleurs lycées de France » sur Internet, et décide d’envoyer ma lettre à Henri-IV et Louis-le-Grand, à Paris. « LLG » refuse ma demande mais « H4 » m’autorise à passer la deuxième étape du processus de sélection. Le 1er juillet 2009, j’apprends que je suis pris : je suis tiraillé entre la joie et la panique.

Ma mère est complètement sonnée. Elle se demande comment je pourrais me débrouiller, seul, à Paris, à 15 ans. Surtout : comment payer ? Nous nous rendons aux inscriptions administratives. La ville, le cloître historique qui abrite le lycée, les gens qui nous entourent : nous sommes abasourdis. Ma mère, qui n’avait pas encore pris sa décision, comprend qu’elle doit me laisser cette chance – tout en me décourageant de prendre l’option chinois.

Concentration de « fils et filles de »

Je trouve miraculeusement une chambre à l’Institut Bossuet, qui propose des logements pour les élèves des lycées de la montagne Sainte-Geneviève. Sept cent cinquante euros par mois. Ma mère contracte un crédit à la consommation. C’était la seule solution, car si Henri-IV recrute dans toute la France, il ne propose des chambres d’internat qu’aux élèves de classes préparatoires, pas aux lycéens. Comment peut-on affirmer, dès lors, que la procédure de recrutement sur dossier est ouverte à tous ? Il en va de même pour les élèves de grande banlieue parisienne, recrutés comme moi sur dossier, qui ont jusqu’à deux heures de trajet pour venir en cours.

Septembre 2009 : je commence ma 2de dans ce nouvel environnement. Mes profs ont tous des profils atypiques : celui de français est écrivain ; celle d’histoire est une experte du XIXe siècle, et ainsi de suite. L’excellence de l’établissement, c’est eux ! Nous sommes plus de quarante par classe et pourtant on n’entend pas une mouche voler. On nous rend les copies de la plus mauvaise à la meilleure note. Cela crée une émulation entre les élèves. Je me rends compte que ce n’est pas vraiment un lycée : c’est une prépa aux classes prépa ! On passe des « khôlles » [épreuves orales individuelles pratiquées en classes préparatoires], on apprend tout à base de par cœur, d’écrits très longs, d’examens le samedi.

Il vous reste 60.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.