« Elle ne pourra pas reprendre la main » : le retour d’Anne Hidalgo à Paris s’annonce compliqué
LES CLÉS DE L’ÉLYSÉE. La déroute promise au premier tour de la présidentielle à la maire de Paris, Anne Hidalgo, va compliquer sa tâche dans la capitale.
La question, à Paris, est sur toutes les lèvres. Dans quel état politique reviendra Anne Hidalgo après le premier tour de la présidentielle, quand elle se réinstallera à temps plein dans son fauteuil de maire ? Son cabinet l’assure : ce n’est pas un sujet. « Elle est toujours à la barre, même pendant la campagne », y jure-t-on. Pour preuve, mardi, elle ouvrira le Conseil de Paris avec un débat sur l’Ukraine et fera voter la citoyenneté d’honneur à la ville de Kiev, ainsi qu’une aide d’urgence.
Au sein de sa majorité, pourtant, cela ne fait pas de doute : la socialiste sera « très affaiblie » par son score, les sondages d’intentions de vote lui promettant autour de 2 % des suffrages. « Elle ne pourra pas reprendre la main, redoute un dirigeant de la gauche parisienne. Elle ne se rend pas compte du coup de bambou qu’elle va prendre. » Un de ses adjoints se montre à peine moins alarmiste : « Il va y avoir une question de légitimité, de leadership et d’autorité. »
Chargé du tourisme et de la nuit au sein de l’exécutif parisien, Frédéric Hocquard, soutien de Yannick Jadot, espère que la présidentielle ne laissera pas trop de cicatrices : « Est-ce qu’on met en œuvre notre contrat de mandature autour du climat et de la justice sociale, ou est-ce que les rancœurs et les règlements de comptes domineront ? », s’inquiète-t-il.
« Hidalgo sera une maire démonétisée », estime Nelly Garnier, conseillère LR de Paris
Une crise paralysante : voilà le scénario échafaudé par la droite. « Ce qui se jouera dès le lendemain de la présidentielle, c’est la succession de 2026, assure Nelly Garnier, conseillère Les Républicains de Paris, proche de Rachida Dati. Hidalgo sera une maire démonétisée. Ses alliés vont se sentir pousser des ailes, ils vont se déchirer sur les ruines. » Proche d’Hidalgo et président du groupe Paris en commun, le socialiste Rémi Féraud sait très bien que la droite va « sortir l’artillerie lourde ».
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Il veut néanmoins y croire : « Ça ne divise pas la majorité, ça la ressoude. » Une majorité parisienne très particulière : Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Fabien Roussel, chacun de ces candidats y compte des proches. La situation est donc potentiellement dangereuse. « Je ne crois pas du tout à une explosion de la majorité », balaie Ian Brossat, directeur de campagne de Roussel et adjoint PCF d’Hidalgo chargé du logement.
Le risque d’une fronde
Reste un risque, celui d’une fronde. « Beaucoup de gens me parlent de révolution de palais, confie un dirigeant écologiste parisien. Mais sur quelle base ? Maire, c’est un poste très protégé. » Un pilier de l’attelage parisien s’interroge : « À la présidentielle, elle a emmené tout le monde au naufrage absolu, et tous sont restés à bord du bateau. Est-ce que ça va continuer ou ont-ils préparé les couteaux ? »
Un autre, proche du Parti socialiste, se veut plus rassurant : « Qui ferait un putsch ? Les socialistes ? Elle n’est pas contestée au sein du PS parisien. Les Verts ? Ils ne vont tout de même pas passer dans l’opposition et s’allier avec la droite ! » Son premier adjoint, Emmanuel Grégoire, a de longue date fait savoir qu’il se verrait bien succéder à Hidalgo dans le fauteuil du maire. Mais personne ne l’imagine renverser la table. « Emmanuel n’est pas un baron noir, pointe un bon connaisseur de l’Hôtel de Ville. S’il avait la moindre velléité de le faire, elle lui collerait immédiatement une balle dans la tête. »
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