En Iran, une statue de femme jugée insuffisamment voilée retirée par les autorités
C’est la nouvelle cible de la politique du port du voile obligatoire en Iran : une statue installée récemment dans la ville de Gorgan, dans le nord-est du pays. Le 25 mars, les autorités municipales ont retiré la sculpture, car la tenue de la femme laissait entrevoir sa cheville et ses cheveux.
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Cette œuvre avait été baptisée "Seuls ensemble". Elle avait été installée plus tôt dans l'année à Gorgan, une ville du nord-est de l'Iran, et représentait les membres d'une même famille assis ensemble sur un banc, mais chacun les yeux rivés sur son téléphone. Cette installation visait à questionner la place que prennent les réseaux sociaux et les smartphones dans les foyers.
Mais la sculpture a provoqué une controverse qui a éclipsé ce message initial. En cause : le style de robe porté par la femme représentée dans l'œuvre dart.
Plusieurs hommes politiques ultraconservateurs, dont l'adjoint aux Affaires sociales iranien, ont très vite critiqué la ville de Gorgan, avançant que cette statue faisait la promotion d'une robe non conforme à l'islam. En cause : le fait qu'une partie de sa chevelure ainsi que de sa cheville soient visibles.
Néanmoins, la façon dont cette femme est représentée correspond au style de beaucoup d'Iraniennes, qui s'habillent ainsi pour se conformer aux politiques du port du voile obligatoire dans le pays.
Face à la pression croissante des conservateurs, la ville a fini par retirer la statue, provoquant la colère de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux.
طالبان وطنی مجسمه گرگان را برداشت pic.twitter.com/rD9M042dRW
— Nik (@Mnik45Nik) March 26, 2022
مجسمه یک زن در گرگان به دلیل "بدحجابی" برداشته شد!
— ضد آخوند! (@NP0L91LfZGB8S0j) March 26, 2022
شانس آورد اعدام نشد. pic.twitter.com/EN33iweFM6
Safarali Payinmahali, le président du conseil municipal de Gorgan, a déclaré aux médias locaux le 26 mars : "À la lumière des demandes croissantes, nous avons retiré la statue et, après l'avoir modifiée, nous la réinstallerons dans un avenir proche".
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Chaque année, la "police des mœurs" ouvre près de 500 000 enquêtes liées au code vestimentaire.
Des Iraniennes n'ont eu de cesse de s'opposer aux lois concernant le port du voile obligatoire, mises en place après la révolution iranienne de 1979 et l'instauration de la république islamique.
Les officiels iraniens ont, dans le même temps, continué de promouvoir un code vestimentaire islamique à travers des campagnes de propagande financée par l'État ainsi qu'à travers sa "police des mœurs" qui arrête les femmes habillées de façon non-conforme, parfois très violemment.
Rien qu'en 2013, près de 3 670 femmes sont passées devant un tribunal pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur iranien, Hossein Ali Amiri. Depuis cette année-là, les statistiques ne sont plus communiquées. Dans une rare interview, toujours en 2013, le porte-parole a estimé que la police des mœurs ouvrait chaque année plus d'un demi-million d'enquêtes autour des questions de code vestimentaire.
Une femme qui ne respecte pas le code vestimentaire islamique s'expose généralement à une amende pouvant aller jusqu'à 500 000 tomans (environ 20 euros). Elle doit aussi s'engager à suivre la loi sur le port du voile obligatoire et suivre des cours sur le "bon comportement islamique". Mais si elles refusent, certaines se retrouvent au tribunal ou même en prison pour ne pas avoir respecté ce code vestimentaire.