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Colonies de vacances : des centaines de jeunes dénoncent des violences sexuelles

« J’étais adolescente, il a abusé de moi »: sur les réseaux sociaux, des jeunes dénoncent des violences sexuelles commises par des animateurs encadrant des mineurs en vacances, un mouvement naissant, à l’initiative d’une influenceuse.

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Chaque été, Ana (prénom d’emprunt) fréquentait le centre de loisirs de sa ville, en Normandie. Un nouvel animateur de 24 ans s’est montré très amical envers elle alors qu’elle avait 13 ans. Mais « lors d’une sortie piscine, où j’étais la seule fille, il a abusé de moi dans les vestiaires », décrit Ana. La jeune fille de 17 ans parle de ce viol pour la première fois, encouragée par des témoignages similaires publiés sur les réseaux sociaux, en particulier TikTok, très utilisé par les jeunes.

« Des centaines de témoignages »

Ce mouvement a été initié début mars par Anissa, 21 ans, influenceuse et animatrice en colonies de vacances, qui a reçu « des centaines de témoignages » après avoir réalisé une vidéo sur le sujet sur TikTok, visionnée plus d’1,5 million de fois.

La militante féministe veut montrer le « problème » dans le secteur de l’animation afin qu’il « y ait une évolution ». « J’ai entendu des animateurs sexualiser des adolescentes de 13 ans, flirter, leur demander leur numéro », explique Anissa.

Comme d’autres encadrants, elle estime que le sujet des violences sexuelles est insuffisamment abordé lors de la formation au brevet d’animateur (Bafa) qui permet d’encadrer des mineurs de façon occasionnelle en centres de loisirs ou colonies de vacances.

Bafa « trop court »

« On ne nous apprend pas à repérer des signes de violences », relève Sonia (prénom d’emprunt), 24 ans, qui travaille dans l’animation et a déjà observé des comportements inappropriés chez certains collègues. « Le Bafa c’est très intéressant, mais beaucoup trop court. »

Pour obtenir ce brevet, accessible dès 17 ans, il faut suivre une formation générale théorique de huit jours proposée par différents organismes, réaliser un stage pratique de 14 jours et participer à une session d’approfondissement de six jours.

Certains critiquent les âges proches des mineurs et des encadrants, une configuration pouvant encourager à flirter. Pour Anne-Sophie Chéron, psychologue clinicienne, il faut surtout « bien expliquer aux jeunes moniteurs qu’ils peuvent être l’objet d’intérêt » et qu’ils « ne doivent pas transgresser les limites ».

Libérer la parole

Estelle (prénom d’emprunt) a été « manipulée » à 14 ans par un animateur de 27 ans dans le camping ardéchois où elle passait ses vacances. « Il me disait des mots doux, me donnait de l’affection, j’y croyais, je ne me rendais pas compte que c’était grave », relate la jeune femme qui a subi un attouchement.

Des témoignages anonymes, publiés sur les comptes #MeTooAnimation, dénoncent également des abus sexuels commis sur des enfants.

En janvier, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a indiqué que 10 % des 3 800 premiers témoignages qu’elle avait reçus concernaient des victimes de violences sexuelles au sein d’institutions (école, clubs de sport etc). Sur cet échantillon, 20 % des témoignages concernaient une colonie de vacances.

La Ciivise, qui appelle les personnes victimes de violences sexuelles au sein d’institutions à témoigner (0.805.802.804), va publier jeudi des recommandations pour renforcer la « culture de la protection ».

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