LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Nouvelles images de maltraitances sur des veaux

Veaux
L’élevage de veaux du centre de recherche et d’innovation du groupe Denkavit à Montreuil-Bellay, dans les Pays de la Loire. © L214
Anne-Cécile Beaudoin

Coups de pied et de bâton, projection, injures : l’association L214 dévoile des sévices infligées aux veaux dans l’élevage du centre de recherche et d’innovation du groupe agroalimentaire Denkavit, en Maine-et-Loire.

Ce sont des «veaux de boucherie» cloîtrés dans des cages individuelles minuscules au sol bétonné recouvert de caillebotis. Pas de paille, ni d’eau à disposition. Arrivés là au cours des deux semaines suivant leur naissance pour y être engraissés, ils sont nourris avec une poignée de granulés spécifiques et abreuvés deux fois par jour jusqu’à leurs huit semaines. Ils seront ensuite placés en groupes, toujours dans un bâtiment, sans jamais accéder à un brin d’herbe, jusqu’à l’abattage vers l’âge de six mois. A cette triste vie s’ajoute ici la maltraitance. «Tu vas y aller, tiens dans ta gueule !», hurle un employé en train de frapper un veau à coups de pied parce qu’il n’avance pas assez vite pour la pesée, tandis qu’une femme tabasse avec un bâton la tête d’une pauvre bête bloquée dans sa cage. Malmené puis projeté, un animal s’effondre. «Bien fait pour ta gueule», «elle est morte», «t’es baisé», s’amusent les ouvriers.

Publicité

Dévoilées par l’association L214, ces images révoltantes ont été filmées en février au centre de recherche et d’innovation du groupe alimentaire Denkavit, situé à Montreuil-Bellay (Pays de la Loire). Deuxième acteur de la filière veau en France avec 23% de part de marché, cette société néerlandaise, qui emploie 670 personnes, est spécialisée dans le développement d’aliments pour les jeunes animaux d’élevage. Et «chaque année, Denkavit achète un grand nombre de veaux de boucherie provenant de la filière laitière afin de produire du veau de grande qualité», précise l’entreprise sur son site . A Montreuil-Bellay, 300 veaux sont répartis dans trois bâtiments. «Certains sont affectés par des pathologies respiratoires et digestives, et développent divers symptômes : fièvre, écoulement nasal, diarrhée, toux, affirme l’association L214 dans son communiqué. D’autres souffrent aussi d’otite ou de méningite. Pour combattre ces pathologies liées à la claustration et à la fragilité de ces très jeunes animaux, des antibiotiques leur sont largement administrés : sept antibiotiques ont été relevés sur place par un lanceur d’alerte dont trois appartenant à deux familles classées par l’OMS en priorité majeure dans le cadre de la surveillance des résistances aux antibiotiques.» 

La suite après cette publicité

"Le fruit d’un système d’élevage qui optimise à tout prix sa production sans considérer la sensibilité des animaux"

Contactée, l’entreprise Denkavit de Montreuil-Bellay, à qui nous avons transmis la vidéo, se défend : «Ce contenu vidéo, à charge et obtenu de façon illégale, n'est absolument pas représentatif de notre démarche, répond Cédric de Boulogne, General Manager France de Denkavit. En effet, nous mettons en place un suivi vétérinaire et des plans nutritionnels de qualité visant justement à soutenir un bon développement de l’animal. Nous opérons dans un secteur d’activité où nous sommes parfois soumis à des impondérables tels que la maladie que nous nous attachons à anticiper et à traiter dans le cadre d’un suivi individuel des animaux. Par ailleurs, si des comportements isolés et inappropriés surviennent, nous veillons à ce qu’une analyse précise des circonstances permette de prendre les mesures proportionnées. Nous affirmons que cette vidéo ne reflète en rien le soin et la qualité d'approche de Denkavit au service de la nutrition animale.»

La suite après cette publicité

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de L214, «ces actes condamnables sont le fruit d’un système d’élevage qui optimise à tout prix sa production sans considérer la sensibilité des animaux. C’est ce système de production intensive qu’il faut faire évoluer en priorité, et les autorités ont un rôle majeur à jouer. Aujourd’hui, nous demandons au préfet du Maine-et-Loire de diligenter une inspection vétérinaire d’urgence et d’appliquer des sanctions immédiates contre la société Denkavit.» L214 indique porter plainte pour mauvais traitements et sévices graves auprès du procureur de la République du tribunal judiciaire de Saumur. L’association diffuse également une pétition et un sondage Ifop réalisé en mars auprès des habitants des Pays de la Loire. Il montre, comme partout en France*, un soutien massif à l’interdiction de l’élevage en cage alors que plus de 80% des animaux destinés à la consommation sont toujours maintenus dans ces conditions. 

* Selon un sondage Ifop réalisé en février 2022 par la Fondation Brigitte Bardot, 88% des Français sont favorables à l’interdiction de l’élevage en cage dans un délai de 5 ans. 

Contenus sponsorisés

Publicité