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Santé

La sylvothérapie : se sentir mieux grâce aux arbres

Pratique naturopathique ancestrale, la sylvothérapie est encore bien mal connue en France. Pourtant, aller prendre une douche forestière peut avoir de grandes vertus pour le corps et pour la tête.

Florence Guérin est sylvothérapeute en Bourgogne. Cette ancienne Maire et chirurgienne-dentiste a découvert cette forme de thérapie il y a plus de vingt ans, et même son esprit cartésien ne l’a pas empêché d’en faire sa profession une fois arrivée la retraite. Rencontre. 

D’où vient la sylvothérapie ? 

Il est usuel d'entendre que la sylvothérapie nous vient du Japon. S’il est vrai que c’est le docteur Qing Li, biologiste reconnu et professeur à l'école de médecine de Tokyo, qui popularise le sujet en publiant ses différentes études scientifiques dans Shinrin Yoku, l'art et la science du bain de forêt (Editions First), la pratique était en fait déjà très répandue chez nos ainés sans même qu’ils le sachent, et pas seulement au Japon. Si là-bas, les problèmes généralisés de burn-out et la place prépondérante de la nature dans la société ont facilité l’acceptation de ce type de thérapie, nous en sommes encore loin en Occident. “Il est évident que la sylvothérapie soit plus facilement banalisée dans un pays qui mets des arbres sur ses écrans publicitaires que chez nous où la forêt est diabolisée dans la culture populaire : le petit Chaperon Rouge, les sorcières et autres druides que l’on brûlait au Moyen-Age et qui trouvaient refuge dans les forêts, et j'en passe !” explique Florence. 

Car oui, dans l'imaginaire collectif européen, la forêt représente la peur. Et pourtant, ce besoin de nature est millénaire. Avec lucidité, nous vivions dans la forêt depuis sept millions d’années avant la sédentarisation il y a 10 000 ans. En devenant agriculteur, l’Homme s’est extrait de son état de nature et a renversé tout l'écosystème. Depuis la Révolution Industrielle, nos corps sont soumis à des rythmes beaucoup trop stressants et développent une “fatigue moderne” provoquant entre autres mal de dos, problème de digestion, mal de tête et anxiété.

“Nous ne sommes pas faits pour vivre en zone urbaine. Quand j’analyse le rythme de vie d’un citadin, c’est tout simplement affolant” continue Florence. La faute notamment aux ions positifs (qui contrairement à leurs noms ont des effets négatifs) que l’on retrouve dans les espaces clos où les ondes électriques électromagnétiques sont omniprésentes. “Plus nous sommes cloisonnés, plus nous sommes cernés. Mon meilleur exemple n’est autre que celui de la voiture, où l’on constate une augmentation de l’agressivité de la plupart des automobilistes lorsqu’ils prennent le volant”. 

Quels sont les bienfaits des arbres sur notre santé ?

La sylvothérapie ou “cure de forêt” est une médecine préventive. “On ne guérit pas, mais ce genre de cure peut être complémentaire : en prévention ou en reconstruction. Je prends souvent l’exemple des corps meurtris après l’expérience de traitements lourds, comme les chimiothérapies. La sylvothérapie présente de nombreux atouts de régénération après ce genre de traitements, qui guérissent certes, mais qui abîment aussi le corps et l’esprit” rappelle Florence. 

Est-ce que cette pratique se développe en France et de quelle manière ?

Sa pratique est encore trop confidentielle, car la confiance du diplôme universitaire et la formation médicale manquent. En France, il n’existe que des organismes de formation plus ou moins rigoureux. Sa formation, Florence l’a suivi en Italie où la discipline est beaucoup plus “sérieuse” qu’en France. “Je n’ai que peu de clients, car les gens ont souvent peur de l'inconnu, et donc diabolisent et ridiculisent. Il est dur de lutter contre nos biais cognitifs qui nous font passer pour des chamans, avec des rituels et autres manipulations humaines. Ici, j’ai le crédit d’être l’ancienne Maire, et surtout d’avoir vingt ans de métier en tant que chirurgien-dentiste, donc les gens ont tendance à me faire confiance” raconte Florence. 

Et pourtant, dans le désert médical qu’est sa petite commune de Recey-sur-Ource, au cœur du nouveau Parc national des forêts, la médecine préventive pourrait avoir toute sa place. Avec sept habitants au kilomètre carré, tout le pouvoir est délégué aux pharmaciens qui traitent le symptôme, mais ne s'attaquent pas à la cause. “C’est le problème avec notre manière de soigner aujourd’hui : on ne pratique que l’allopathie (la médecine conventionnelle) et la prévention est mise de côté”conclut Florence. 

Pourtant, il est de plus en plus courant de voir des naturopathes ou des sophrologues intégrer des équipes pluridisciplinaires dans les processus thérapeutiques, preuve que les lignes commencent à bouger. 

Comment se déroule concrètement une séance ?

Chacun fait ce qu’il veut ! Il est possible de faire une balade de trois heures, une “douche forestière” idéale pour une découverte. En moyenne, les effets secondaires notamment sur le sommeil sont efficaces une semaine. Florence propose aussi des programmes sur deux jours, avec deux balades de trois heures. On parle alors de bains de forêt, pour traiter des problèmes plus profonds. Là, les effets peuvent être “curieux” et durent un mois. 

En principe, une séance commence par de la théorie médicale. Florence s’entretient pendant une trentaine de minutes avec ses baigneurs. Ce test psychologique préparatoire lui permet de mieux comprendre ses patients, de tracer un itinéraire et de penser un programme adapté. Vient ensuite le moment de partir en forêt. Au moment d’y pénétrer, Florence rappelle d’évacuer symboliquement ses peurs et angoisses et de laisser ses problèmes à l’orée. 

Ensuite, la sylvothérapie peut prendre différentes tournures : une partie curative où l’on apprend à réveiller ses cinq sens en se baladant, une partie énergétique où l'on rentre en contact avec les arbres et autres êtres vivants, et une partie récréative où l’on ramasse des choses qui nous plaisent pour libérer sa créativité. Plus qu’une thérapie, c’est une véritable expérience sensorielle dans son ensemble. La forêt dévoile alors tous ses bienfaits qui viennent booster notre système immunitaire. Les molécules contenues sur les feuilles, comme les phytoncides et les terpènes apaisent, les sons de la nature stimulent le système nerveux et les ions négatifs combattent les radicaux libres responsables du vieillissement et de certains cancers. 

La sylvothérapie peut aussi bien se pratiquer à l’occasion d’un team-building qu’avec une famille recomposée, avec des exercices qui renforcent la cohésion du groupe comme des tests à l’aveugle. Elle peut aussi s’adresser aux personnes âgées ayant des soucis de mémoire ou d'orientation.”Les perspectives sont illimitées, c’est à nous de réfléchir” ajoute Florence.  

Comment bien choisir son arbre ?

Les arbres sont comme une grande famille : il y a les parents, les petits-enfants et les aînés. Tout est une question de longueur d’ondes. Pour citer quelques exemples, le chêne est un arbre paternel, plutôt rassurant. En général, il aide surtout les personnes n’ayant pas confiance en eux, ou ayant subi une perte (un divorce ou un deuil). Il est rare qu’un chêne refuse une personne. L’hêtre par contre, est l'insaisissable et caractériel de la forêt, à l’image d’un adolescent. Il a lui le refus facile et peut être utilisé pour calmer des problèmes de comportement. Enfin, le bouleau, un arbre plutôt féminin est utilisé pour tempérer les excès de testostérone. 

Choisir ne suffit pas : il faut aussi que l’arbre vous accepte. Pour le savoir, Florence utilise une technique bien connue : la radiesthésie, qui se pratique à l’aide de baguettes. En signe de respect à l’arbre, elle les appose directement sur le tronc : si l’état de conscience du baigneur est négatif, il se peut que les baguettes se détournent et s’écartent, signe que l’arbre ne souhaite pas entrer en connexion avec celui-ci. “C’est assez bluffant à voir : j’ai moi-même dû faire un stage en radiesthésie pour me convaincre que cela fonctionnait. Une fois le stage fini, mon esprit cartésien s’est rendu à l’évidence : il ne peut pas répondre à tout” confie Florence. 

Une fois que l’arbre accepte le baigneur, il dépose ses mains à son contact. Là, les effets diffèrent : parfois, il ne se produit rien du tout. Parfois, cela peut aller d’un fourmillement à un mal de tête avec le cœur qui bat très vite.”C’est une histoire personnelle entre l’arbre et la personne : on ne sait pas ce que les gens demandent aux arbres, et chaque réaction est différente” précise Florence.

Une chose est sûre, on ne voit plus la forêt de la même façon après une séance ! 

En partenariat avec Treedom. 

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