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Brésil: Bolsonaro se félicite d’un raid policier sanglant dans une favela

Vingt-cinq personnes ont été tuées lors d’une opération au nord de Rio de Janeiro le mardi 24 mai. Accusant l’opposition de laxisme, le président brésilien a justifié la brutalité des policiers « guerriers », alors que les cas de violence létale des forces de sécurité sont régulièrement dénoncés dans le pays. 

La police militaire de Rio de Janeiro a signalé que l'opération à Vila Cruzeiro visait à capturer les dirigeants de l'organisation criminelle Comando Vermelho.
La police militaire de Rio de Janeiro a signalé que l'opération à Vila Cruzeiro visait à capturer les dirigeants de l'organisation criminelle Comando Vermelho. AP - Bruna Prado
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La police militaire, qui mène fréquemment ce genre d'opérations matinales dans les favelas de Rio contre les narcotrafiquants, assure avoir été accueillie par des tirs alors qu'elle tentait de « capturer des criminels cachés » à Vila Cruzeiro, ce mardi.

Selon les autorités sanitaires, deux personnes blessées lors de l'opération sont décédées dans la nuit de mardi à mercredi à l'hôpital Getulio Vargas. Un autre, mineur, est décédé dans un dispensaire municipal. Quatre patients restent hospitalisés, dont un en état grave.

« Bravo aux guerriers qui ont neutralisé au moins 20 marginaux liés au trafic de drogue après avoir été attaqués durant une opération contre les chefs d'une faction criminelle », a tweeté le chef de l'État tard mardi soir, en regrettant toutefois qu’une mère de famille ait été tuée par une balle perdue lors de cette opération.

Le président d'extrême droite s'est dit indigné de « l'inversion de valeurs d'une partie des médias », qui « exempte les malfrats de toute responsabilité ». « La gauche ne veut pas que vous vous rendiez compte de la réalité du trafic de drogue au Brésil », a-t-il également tweeté. « Ils diabolisent la police et traitent les criminels comme s'ils étaient des victimes, et non pas des bandits cruels lourdement armés qui méprisent les lois, oppriment, extorquent, menacent et tuent n'importe qui sans la moindre crainte ».

Le discours sécuritaire progresse depuis l’élection du président d’extrême droite, rapporte notre correspondant à Rio, Martin Bernard. Le gouverneur de Rio, Claudio Castro, explique que le rétablissement de l’ordre dans les favelas dominées par les trafiquants de drogue exige « Force et autorité ». « Confrontation, d’un côté. Et Courage de l’autre », dit-il.

Depuis qu’il a pris les rênes de l’État, un groupe d’études lié à l’Université de Rio a recensé 180 morts lors de 39 opérations policières.

La Cour suprême inquiète 

Mercredi, le juge de la Cour suprême Edson Fachin s'est dit « très préoccupé après cette nouvelle opération policière qui a entraîné un nombre si élevé de morts ».

En février dernier, la Cour suprême avait ordonné que l'État de Rio présente sous trois mois un plan pour réduire la létalité policière. Ce plan a été présenté fin mars, mais a été jugé trop vague par les associations de défense des Droits de l'homme.

► À lire aussi : Brésil: la police accusée de faire régner un «apartheid» dans les favelas

Qualifiée de « massacre » par ces mêmes associations, l'opération de mardi à Vila Cruzeiro, qui a duré 12 heures, forçant les écoles et autres services publics à fermer leurs portes, s'est soldée par le deuxième pire bilan de l'histoire de Rio.

Elle a eu lieu un peu plus d'un an après un raid qui avait fait 28 morts, dont un policier, dans la favela de Jacarezinho.

De nombreux agents avaient été accusés d'exécutions sommaires, mais seuls quatre d'entre eux ont fait l'objet de poursuites judiciaires et 10 des 13 dossiers ont été classés sans suite.

Le Parquet fédéral a annoncé mardi soir l'ouverture d'une enquête sur « d'éventuelles violations » des droits de l'Homme perpétrées par des agents à Vila Cruzeiro.

« La situation est extrêmement grave. Les autorités se doivent d'agir immédiatement pour suspendre ces opérations policières et éviter que d'autres personnes soient victimes de cette barbarie », peut-on lire dans un communiqué conjoint signé par une vingtaine d'associations, dont Amnesty International.

(avec AFP)

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